À la Une de Libération ce 1er septembre, le leader de la gauche Jeremy Corbyn est innocemment associé à Freddy Krueger, violeur et tueur d’enfants dans le film Freddy : les griffes de la nuit. Le même jour, la rubrique « opinion » du Times caricature Jeremy Corbyn en Freddy Krueger.
En page 3, Libération ajoute que le violeur d’enfants est aussi un « candidat gauchiste » et « irréaliste » qui « fait miroiter une réforme similaire à celle de l’après-guerre, mise en place par le Parti travailliste de Clement Attlee et démantelée par Margaret Thatcher ».
Définition de « faire miroiter » dans le Robert : Proposer comme avantageux (afin d’appâter quelqu’un). V. Promettre. Il lui a fait miroiter les avantages qu’il pourrait en tirer.
Bref, le candidat-violeur appâte les électeurs-enfants.
Le 29 novembre 2013, dans sa rubrique de cinéma, Libération avait aussi par un malencontreux hasard associé Mélenchon à un film d’horreur ultra-violent avec « crucifixion » et « terreur absolue » (voir « beurre un autre jour », Guillaume Tion).
Plus récemment, c’est encore très fortuitement que J.-L. Mélenchon a été associé :
1 – à un tueur de femme (« Belgique, le « Mélenchon wallon » inculpé du meurtre de son épouse », journal gratuit Metro, 3 nov. 2013)
2 – à un homme agressant une femme (« Les détournements de Walter Lewino : Mélenchon interdisant à Le Pen d’approcher la classe ouvrière », Le Point, 23 nov. 2013)
3 – à un tueur de femme (« Aux législatives, vous avez le permis de tuer ! », Le Point, 8 juin 2012). Et là encore, qui est le bourreau et qui est la victime sur ce photomontage ?
4 – à un cannibale, (« Nice : il dépèce le corps de sa grand-mère et en mange un morceau », Le Point, 23 mai 2013)
5 – à un tueur (« 4 janvier 1903. Topsy, l’éléphante tueuse d’hommes, est électrocutée par Thomas Edison », Le Point, 4 janv. 2013 – ici, « C’est une brave bête, mais il ne faut pas lui marcher sur les pieds, un peu comme Mélenchon. À deux reprises, elle tue des soigneurs qui lui manquent de respect »).
6 – à un « tireur fou » (« Mélenchon ou la stratégie du tireur fou », Benjamin Sportouch, France Inter, 8 oct. 2013) :
7 – à un « tueur » et à un « assassin » (« Mélenchon, l’homme qui veut assassiner Hollande ! », Benoît Rayski, Atlantico, 21 fev. 2016) :
Concernant une autre Une de Libération sur Mélenchon, du 7 avril 2013, Clément Sénéchal écrit qu’elle évoque le Docteur Folamour, ancien nazi dans un film de Kubrick (voir son analyse « Libération dévisse » :
Cette Une où Mélenchon fait de l’escalade (populiste) est suivie de cette illustration impartiale et objective des pages 2 et 3 :
« Purification » : un mot que Mélenchon n’a jamais prononcé – il a dit pendant l’affaire Cahuzac qu’il fallait « purifier cette atmosphère politique absolument insupportable » – mais qui lui est attribué par Lilian Alemagna, journaliste déontologique, rigoureux et friand de jeux de mots rigolos.
Mélenchon dans l’ombre, Mélenchon lui-même ombre : un genre neutre et non partisan qu’aime beaucoup Libération. Trois autres articles de Libération illustrés par l’ombre de Mélenchon :
Là, c’est le regard de Libération sur la victoire de la gauche grecque irréaliste au referendum du 6 juillet 2015.
Quelques jours plus tard, Tsipras s’est montré peu combattif, c’est-à-dire « réaliste » ; Libération n’a donc plus besoin de le représenter comme une ombre :
Revenons à la Une sur le Mélenchon anglais. « La gauche sort ses griffes et Freddy range les siennes ». Un violeur et tueur d’enfants arrête son activité en même temps que la gauche commence la sienne.