Germanophobie au journal Libération ?

     « […] le Conseil des ministres et la Commission sont noyautés par des haut-fonctionnaires allemands […] » (Jean Quatremer, journaliste à Libération)

     Ce 9 mai, le journaliste de Libération Lilian Alemagna accuse Jean-Luc Mélenchon de « jouer avec la flamme du nationalisme et les mauvais instincts anti-germains » (voir « Allemagne, la voie d’excès de Mélenchon »). Le 6 avril 2013, il titrait la double page 2-3 « Affaire Cahuzac : Mélenchon pour la « purification » éthique » (mot qu’il n’a jamais prononcé), illustrée par une énorme photographie de Mélenchon le faisant apparaître tel un criminel. Son confrère de Libération Jean Quatremer a déjà assimilé Jean-Luc Mélenchon à un antisémite et à un nazi.

     Il est amusant de voir un Alemagna choqué par les propos « germanophobes » de Mélenchon, mais pas par ceux d’un Quatremer qui, mal contrôlés, sont à la limite de la germanophobie (dirons-nous pour ne pas recevoir de nouveau des menaces de procès). En effet, le 3 mars 2015, Jean Quatremer éructait dans Libération (« Allemagne, la mal-aimée de l’Europe ») :

« […] le Conseil des ministres et la Commission sont noyautés par des haut-fonctionnaires allemands faute pour Paris d’avoir su y placer ses hommes. Un exemple ? Selon notre comptabilité, les Allemands comptent 9 chefs et adjoints de cabinet chez les 28 commissaires européens, contre 3 Français. »

Les Allemands « noyauteraient » donc ! « Le mot est grave », écrit Mélenchon dans son livre Le hareng de Bismarck paru le 7 mai, « il veut dire infiltration organisée en vue d’un but connu des seuls participants. Un complot ? Un peu de mesure tout de même. »

Les propos de Jean Quatremer n’ont pas choqué Lilian Alemagna ni le Parti Médiatique en général. Pourtant Quatremer dit ici la même chose que Mélenchon. Dans Le hareng de Bismarck, Mélenchon note à la page 159 que « l’Union européenne est confisquée par les Allemands. C’est spécialement vrai pour les postes discrets mais très influents. » En effet, c’est un Allemand, Werner Hoyer, membre du parti libéral allemand FDP, qui préside la Banque européenne d’investissement depuis janvier 2012. C’est un Allemand, Klaus Regling, qui est le directeur général du Mécanisme européen de stabilité depuis octobre 2012. C’est un Allemand, Uwe Corsepius, qui est le secrétaire général du Conseil, c’est-à-dire de la réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne. C’est un Allemand, Martin Selmayr, membre de la CDU, le parti de Merkel, qui dirige le cabinet de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.

     Aux pages 163-164, Mélenchon rappelle  à l’attention des eurolâtres que « si l’Europe a bien commencé réellement sous le signe de la réconciliation franco-allemande à partir du moment où de Gaulle l’a mise en scène, l’égalité qui en était selon lui la seule règle possible a vécu dorénavant. C’est la fin d’un principe fondateur de la construction européenne : l’égalité absolue entre la France et l’Allemagne dans les institutions européennes. Or, depuis 1994, un symbole non négligeable affiche le contraire. Depuis cette date en effet l’Allemagne compte plus de députés que la France au Parlement européen. Les naïfs diront que c’est normal puisque sa population est plus nombreuse. Erreur. C’est un choix politique. Entre 1979, première élection du Parlement, et 1994, la France et l’Allemagne avaient le même nombre de députés. Ce nombre est toujours resté identique pour nos deux pays quand bien même a-t-il varié au gré des élargissements de l’Union européenne. L’argument de la population ne tient donc pas. Il n’a jamais compté avant cette date. Car, déjà en 1979, la RFA était plus peuplée que la France. Il y avait 62 millions d’Allemands de l’Ouest et seulement 55 millions de Français. Dorénavant, on fait le contraire. On donne une prime aux Allemands. En effet l’écart entre le nombre de députés est plus grand que l’écart de population ! En 2014, l’Allemagne comptait 23% d’habitants de plus que la France. Mais elle a élu 30% de députés de plus que nous. »

     Encore une fois donc, Lilian Alemagna a l’indignation bien sélective. Toujours à donner des leçons aux soi-disant « germanophobes », toujours silencieux quand ses collègues journalistes dégueulent sur les Grecs. Les propos racistes tenus régulièrement par son confrère du Monde Arnaud Leparmentier contre le peuple grec (il ne s’en prend pas aux anciens et nouveaux dirigeants grecs, mais bien aux Grecs ), par exemple, n’ont jamais ému la courageuse vigie Lilian Alemagna.

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