« Mélenchon = Le Pen » dans la presse étrangère

Un « best-of » des articles publiés par Courrier international
Qui va gagner le Plantu d’or ?

     L’habile technique dont use Courrier international pour propager son bêlement « Mélenchon = Le Pen » est à ajouter désormais au répertoire¹ des techniques sournoises d’assimilation de la gauche antilibérale à l’extrême droite : elle consiste dans la fonction même de ce journal, qui est – étant donnée sa ligne politique – de sélectionner certains articles de la presse étrangère plutôt que d’autres, ainsi que ses éditeurs le déclarent eux-mêmes :

« Scrutant chaque jour toute la presse mondiale pour en sélectionner et traduire le meilleur, [Courrier international] offre à l’internaute un point de vue local sur l’actualité et permet ainsi une meilleure anticipation des évènements.²”

Et la sélection qu’a fait Courrier international des articles traitant de Mélenchon et de son programme politique au cours de la campagne électorale de 2012 a été presque exclusivement une sélection d’articles le calomniant, l’insultant, salissant ses sympathisants, ses électeurs – et plus largement toute la gauche autre que le Parti socialiste. Courrier international n’a sélectionné qu’un seul article favorable³ à son égard.  Les rédacteurs auraient pourtant pu rendre compte, par exemple, des deux articles4 du Guardian parus les 10 et 15 avril. Or en avril, ils n’ont accordé à Mélenchon qu’un flot d’injures. La quasi-absence d’articles ne serait-ce que non insultants, définit l’orientation de ce journal. Les deux seuls éditoriaux mentionnant Mélenchon le salissent en l’assimilant à Le Pen.

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n°15 « L’Europe, grande perdante », éditorial de Éric Chol, directeur de la rédaction et co-président de Courrier international (a notamment travaillé à L’Express…), paru le 26 avril 2012 :

« L’Europe ne fait plus rêver les Français, et les dix candidats du premier tour n’ont rien fait pour raviver la flamme de Bruxelles. Au contraire. Au petit jeu de “on ne veut plus de cette Europe-là”, les anti ont largement tenu leur rôle. Avec, à la cymbale, Marine Le Pen et, à la grosse caisse, Jean-Luc Mélenchon. »

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n°14 « La tentation du populisme », éditorial du 26 janvier 2012, par Philippe Thureau-Dangin, à l’époque président du Directoire de Courrier international :

« En France, nous avions deux voix populistes, l’une à gauche
(Jean-Luc Mélenchon), l’autre à l’extrême droite (Marine Le Pen). »

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n°13 « La tentation du nombrilisme, le 6 janvier 2011, par Jacques Pilet, « chroniqueur » au magazine suisse L’HebdoPrésentation de la « chronique », en gras, par Courrier international : « En panne d’idées, la gauche hexagonale gagnerait à s’inspirer de ses consœurs étrangères. Mais elle est loin d’en prendre le chemin, constate Jacques Pilet, chroniqueur au magazine suisse L’Hebdo. »

« Les sarcasmes du député européen Jean-Luc Mélenchon sur “l’Europe libérale totalitaire” résonnent parfois, sur ce point, comme ceux du Front national. »

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n°12 « La TVA antisociale de Sarkozy », le 30 janvier 2012, par Benito Perez, journaliste pour Le Courrier, journal suisse se définissant comme « humaniste, progressiste et altermondialiste » :

« Si la débandade de la finance libéralisée et les crises alimentaires pouvaient paraître lointaines ou abstraites, la désindustrialisation accélérée touche directement les salariés. Qui commencent à voir d’autres pays réagir, comme ceux d’Amérique latine et certains Etats d’Asie, qui n’hésitent plus à imposer des droits de douane ciblés à certaines importations. Ce sera, à n’en pas douter, l’un des thèmes clés de la présidentielle – en témoigne la popularité de Jean-Luc Mélenchon, d’Arnaud Montebourg ou de Marine Le Pen. »

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n°11 « Sous la pression des extrêmes », le  23 avril 2012, par Albrecht Meier, journaliste allemand au Der Tagesspiegel :

« On peut avancer que le vote protestataire est une tradition en France avant un second tour décisif. Se rebeller d’abord, puis choisir le monarque de substitution – les Français en ont l’habitude. On ne saurait pour autant glisser sous le tapis la réussite des candidats extrémistes. De même que Marine Le Pen a fait croire à ses électeurs que la France pourrait très bien se débrouiller sans l’euro et sans l’espace Schengen, comme un Etat à l’ancienne, le tribun populaire Jean-Luc Mélenchon a fulminé à gauche contre le traité européen de Lisbonne. Si on fait la somme des scores de ces deux candidats, on constate que près d’un électeur sur trois est opposé aux partis dominants, les partis socialiste et conservateur.
Pour le second tour, Hollande et Sarkozy vont devoir s’adresser à ce réservoir d’insatisfaits – ils sont sous la pression des extrêmes. »

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n°10 « Une semaine de campagne vue par les correspondants étrangers », le 20 avril 2012, par Courrier international – Présentation d’en entretien (entre autres) avec Philip Turle, directeur adjoint de la rédaction anglaise de RFI, sur le site Internet de Courrier international : « Chaque vendredi, trois correspondants étrangers en France nous livrent leurs impressions sur une semaine de campagne présidentielle, depuis les coulisses de l’émission « Elysée 2012 : vu d’ailleurs » diffusée sur LCI en partenariat avec Courrier international. »

« Ce n’est pas seulement cette semaine qui m’a marqué. C’est toute la campagne électorale qui touche à sa fin, cette fois-ci marquée par des partis plus protestataires, des candidats plus protestataires que des candidats qui proposent du neuf. On a plus de de candidats qui sont plutôt là pour voter contre le système – que ce soit Marine Le Pen, que ce soit Philippe Poutou, que ce soit Jean-Luc Mélenchon ou encore Nathalie Arthaud –, que de vrais candidats comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande. »

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n°9 « Mélenchon, le « bulldog » qui fait trembler les socialistes », le 6 avril 2012, par Massimo Nava, journaliste italien au Corriere della SeraPrésentation de l’article, en gras, par Courrier international : « Le quotidien italien est impressionné par l’ascension du candidat du Front de gauche et salue le style du « candidat des indignés ». Mais il le met en garde : Mélenchon pourrait contribuer à favoriser la réalisation de son pire cauchemar, à savoir la réélection de Nicolas Sarkozy. »

« Comme l’a synthétisé Nicolas Baverez, un des plus fins politologues français : entre ceux qui veulent expulser les immigrés et ceux qui veulent envoyer les entrepreneurs en exil, la démagogie a supplanté l’idéologie en France. Les Fronts recueillent à eux deux près de 30 % des intentions de vote. Un tiers des Français ne vote pas. Ces chiffres font réfléchir sur l’état de santé d’un système considéré comme un modèle de stabilité et d’efficacité institutionnelles. Mélenchon n’entrera pas à l’Elysée, mais risque (avec le concours du Front national) de faire le jeu de son pire ennemi, Nicolas Sarkozy. »

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n°8 « Hollande, un président en noir et blanc », est  une « brève » publiée le 6 avril 2012 par Courrier international :

« Dans une campagne présidentielle française haute en couleur, le côté  « noir et blanc » de François Hollande fait recette, remarque le quotidien d’information québécois Le Devoir. Ce dernier, comparant le succès inattendu du socialiste à celui du film The Artist,  estime que les électeurs français sont lassés des « effets spéciaux toujours hauts en couleur d’un Nicolas Sarkozy, du rouge pétant des drapeaux d’un Jean-Luc Mélenchon à la place de la Bastille et des envolées tonitruantes contre l’islam d’une Marine Le Pen ».

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n°7 « La débandade permanente, le 6 janvier 2011, par Antonio Morales Riveira, éditorialiste colombien – Présentation de l’article, en gras, par Courrier international : « Impuissante, stérile et sans imagination… A moins de cinq cents jours de la présidentielle, la gauche est en panne. Elle se cherche en vain un leader pour redresser la situation, constate l’éditorialiste colombien Antonio Morales Riveira. »

« Ah ! voici Mélenchon et son Parti de gauche qui, sans cette appellation, ne serait sans doute pas de gauche. C’est comme si Marine Le Pen, pour obtenir l’investiture des fachos, baptisait le Front national le Parti d’extrême droite. »

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n°6 « Les entreprises sont parties, l’espoir aussi », le 12 avril 2012, par Miguel journaliste à El PaísPrésentation de l’article, en gras, par Courrier international : « À Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, la crise et le chômage ont fait bondir les résultats électoraux des extrêmes. »

« Aujourd’hui, il n’y a que deux sièges officiels de partis politiques à Hénin-Beaumont : celui du FN et celui du Front de gauche ; faut-il en déduire que les extrêmes se rejoignent ? Depuis que Marine Le Pen a donné un vernis social et républicain au parti de son père, il est effectivement difficile de faire la distinction entre les deux programmes. Tous deux réclament davantage de protectionnisme, moins de mondialisation, plus de made in France. […]
Les deux partis ne recrutent pas seulement des nostalgiques du fascisme et du communisme, ils fédèrent également le vote des indignés et des anti-système. »

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n°5 « Jean-Luc Mélenchon, le populiste salutaire », le  23 juin 2011, par Jean-Noël Cuénod, journaliste suisse à la Tribune de Genève :

« L’extrême gauche sera donc représentée par un seul candidat sérieux en 2012, qui développe dans sa propagande les thèmes du populisme sur une musique marxiste. Excellent orateur, Jean-Luc Mélenchon n’a pas son pareil pour ironiser sur les « belles personnes » et stigmatiser la connivence politico-médiatique. Son slogan préféré : « Qu’ils s’en aillent tous » doit sonner comme du Rouget de Lisle aux oreilles des électeurs du Front national (FN). C’est d’ailleurs en cela que la candidature de Mélenchon est une bonne nouvelle pour la démocratie. Cela ne signifie certes pas que le patron du Parti de gauche soit devenu un grand démocrate. Il sacrifierait volontiers la démocratie sur l’autel de la lutte anticapitaliste, répétant ainsi la tragique erreur de Lénine. »

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n°4 « Ce qui se joue vraiment à Hénin-Beaumont », le 8 juin 2012 par Cesare Martinetti, journaliste italien à La Stampa :

« Les amateurs du genre observent de près le duel entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, « le rouge et la noire », l’extrême droite contre l’extrême gauche, finalement l’un contre l’autre, sans masque ni intermédiaire. C’est ce qui fait toute la beauté du système français, brutal et radical, mais aussi paradoxal. En effet, Le Pen et Mélenchon représentent les deux extrêmes d’un système considéré comme vertueux parce que capable d’annihiler les extrémismes de tout bord.  […]
Mais faut-il vraiment un extrémiste de gauche pour battre l’extrémisme de droite ? Transposé en Italie, cela donne Sel [parti Gauche, écologie et liberté] contre [Beppe] Grillo (lequel n’est pas vraiment classé à « droite », mais cela nous aide à mieux comprendre les choses) ? En France, le modèle qui apparaît si parfait et qui jusqu’à présent a affaibli les extrêmes en permettant au pays d’être gouvernable, résistera-t-il à l’assaut de l’extrémisme et du populisme, qui constitue la véritable nouveauté, en pleine ascension, dans une Europe qui a perdu confiance en elle-même ? C’est là le défi de Hénin-Beaumont. »

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n°3 « Détester les riches, c’est tellement chic ! », le 18 avril 2012, par Emma-Kate Symons, journaliste australienne à The Autralian Financial Review Présentation en gras par Courrier international : « Ils veulent taxer les plus riches, déclarer la guerre à la finance… mais les candidats ne sont-ils pas eux-mêmes des notables qui ont réussi ? »

« Quand les candidats ne détournent pas l’attention des électeurs avec des polémiques idiotes sur la viande halal, ils suivent le démagogue Jean-Luc Mélenchon, qui, à la Bastille, réclame la tête des riches et appelle à récupérer leur « sale » argent. « La France des révolutions est de retour ! » peut ainsi s’exclamer le leader du Front de gauche [le 3 avril, en meeting dans le Cher], tout en sachant fort bien que lui-même, ancien cadre du Parti socialiste et ancien sénateur aux prétentions intellectuelles, propriétaire d’un appartement à Paris et d’une maison de campagne, est l’incarnation de l’élite républicaine française. Seul Daniel Cohn-Bendit, héros du soulèvement étudiant de 1968, parle vrai lorsqu’il souligne : « La vie, ce n’est pas aussi simple qu’un discours de Mélenchon. » »

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n°2 « Les Français sont désespérés”, le 23 avril 2012, par Alfredo Abián, journaliste espagnol à La VanguardiaPrésentation de l’article par Courrier international, en gras : « Mais que s’est-il passé dans la tête des Français pour qu’ils cèdent aux extrêmes et à leurs projets irréalistes ? s’interroge le quotidien catalan. »

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     And the winner is… le journal américain International Herald Tribune, pour son flot de vomi ininterrompu (avec morceaux) de plus de 50 lignes : « Sarkozy et Hollande ont ouvert un boulevard aux extrêmes !”, éructé le 20 avril 2012, par John Vinocur et présenté par Courrier international : « Les scores de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen dans les sondages illustrent l’écart qui sépare les Français de la réalité. Il est temps d’élever le niveau, estime l’éditorialiste John Vinocur. »

     L’International Herald Tribune, qui reçoit ce prix avec gratitude et émotion, tient à remercier chaleureusement le travail indispensable des journalistes français qui ont présenté leurs œuvres d’une façon absolument éthique-et-indépendante, se contentant d’un bref résumé – impartial bien entendu, etc. Sans leur contribution, le travail de mélenchonégalelepénisation eût été incomplet. C’est pourquoi l’International Herald Tribune dédie ce Plantu d’or à Courrier international.

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     Les Plantu d’or sont aussi l’occasion de remettre une récompense – certes moins prestigieuse selon les puristes – aux vainqueurs dans la catégorie parente de « Mélenchon = Le Pen ». Il s’agit de la catégorie « Mélenchon = démagogue & Mélenchon recherche son intérêt personnel ». Arrivent ex-æquo deux journaux suisses et un journal allemand : la Tribune de Genève, L’Hebdo et la Süddeutsche Zeitung :

« Oskar et Méluche, le nouveau couple franco-allemand », le 1er décembre 2008, un « edito » (sans accent et sans auteur) paru dans la Süddeutsche Zeitung :

« Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste frustré […]”
« […] le sénateur français affiche le même goût pour la démagogie que le dirigeant allemand […]”

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« Jean-Luc Mélenchon, l’opposition lui va si bien », le 17 novembre 2011, par Jean-Noël Cuénod, journaliste suisse à la Tribune de Genève :

« Avec son « pédalo hollandais », Mélenchon prend le risque de participer au naufrage de la gauche à l’élection présidentielle. Mais peu lui importe l’intérêt général de son camp, seul compte celui de sa petite épicerie. »

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« Dans le Mélenchon, tout est bon », le 15 mars 2012, par Antoine Menusier, journaliste suisse à L’Hebdo – Présentation de l’article, en gras, par Courrier international : « Révolutionnaire au verbe haut et défenseur autoproclamé du peuple, le candidat du Front de gauche impressionne ses auditoires. Mais est-il crédible pour autant ? Le magazine suisse L’Hebdo brosse un portrait tout en ironie de l’ancien socialiste. »

« […] professeur dans un lycée technique, titulaire d’une licence de philosophie, Mélenchon fonde en 2008 – après trente ans passés au Parti socialiste (PS) et un poste de ministre délégué à l’Enseignement professionnel dans le gouvernement Jospin – le Parti de gauche. Ex-sénateur, il est député européen depuis 2009. Il faut bien manger. […] Jean-Luc Mélenchon défend l’idée d’une VIe République, d’une réorganisation des pouvoirs où perce, contre la modestie des intentions affichées, l’envie d’y trôner tout en haut. »

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     Toutefois, il faut bien reconnaître que ces journalistes ne sont que des amateurs, comparés à Christophe Barbier qui a écrit en mars : “[Mélenchon], un candidat du système nourri au fromage de tous les mandats et au gâteau du carriérisme politicard”.

Notes de la rédaction :

1. Voir le milieu de cet article : « Mélenchon = Le Pen ? L’Express « a envie de répondre oui »

2. http://www.courrierinternational.com/page/qui-sommes-nous

3. Un seul durant toute la durée de la campagne présidentielle, le 26 mars : « Enfin un candidat qui parle clair sur l’Afrique »

4. « Jean-Luc Mélenchon has what France needs. Sarkozy and Hollande do not”, par Mark Weisbrot, et « Jean-Luc Mélenchon’s policies are no far-left fantasy”, par Philippe Marlière

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3 réponses à « Mélenchon = Le Pen » dans la presse étrangère

  1. La presse française ne vaut pas mieux…

  2. O.P.I.A.M. dit :

    Courrier international est un journal français…

  3. Justy dit :

    Mélenchon et Le Pen.Rien à voir.
    On peut être sûr qu’à l’instar de ce qui s’est passé dans les années 30 entre Mélenchon et Le Pen le choix du patronat se porterait sur Marine Le Pen.

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