Comme le fait justement remarquer un lecteur de l’Observatoire de la propagande et des inepties anti-Mélenchon, il est assez amusant que, « alors que des voix s’élèvent régulièrement pour dire qu’il ne faut pas traiter des électeurs du FN de cons, et encore moins de gros cons, […] c’est le grand silence lorsque les électeurs du FdG sont affublés du même qualificatif.
Il faut dire qu’il y a tout de même une différence entre les deux. L’électeur du FN est un pauvre petit être en souffrance, qui est égaré dans un monde qui change, et il faut entendre sa plainte et sa complainte afin de soulager sa douleur, tandis que l’électeur du FdG est juste un énervé, un frappadingue irrécupérable qui n’enlève son couteau d’entre ses dents que pour hurler des slogans insanes et éructer des théories fumeuses tirées d’un programme de malade. Un vrai C…, majuscule.”
Réponse de Sébastien Fontenelle aux insultes de Serge Raffy, parue le 5 avril dans Politis :
Tu serais pas de droite, à être si de gauche ?
Je lisais l’autre jour, sur le site du Nouvel Observateur, un vif billet d’humeur du raffiné Serge Raffy [1], transfugé là de chez l'(autre) hebdomadaire progressiste Elle, qui suggérait un peu nettement – puisque c’était le titre de son enlevé papier – que « Mélenchon » était « piège à c…« .
Vu depuis le surplomb où Raffy te nouvelobserve, tu es un peu con si tu votes Mélenchon.
N’étant pas (hélas) doué d’une imagination spécialement fertile, j’ai supposé que ce « c… » voulait dire : cons. Et non, par exemple : coquelicots.
Car en effet, si tu regardes bien, la phrase « Mélenchon piège à coquelicots » ne voudrait strictement rien dire.
Alors que la phrase « Mélenchon piège à cons » fait du moins une rime un peu riche [2], et prend incontestablement du sens, quand elle est dite par une éminence d’un magazine que son patron – l’excellentissime Laurent Joffrin – voit comme « un Gala pour les riches« . (Et comme il a raison.)
Si vraiment les mots ont un sens – comme nous sommes en droit de le supposer – et si vraiment les mots sont importants, comme le soutiennent couramment d’aussi variées personnalités que Pierre Tevanian et Sylvie Tissot, dont je serais bien tenté, quant à moi, de partager l’avis, cette saillie de Raffy [3] signifie que, si tu planifies de voter dans trois semaines pour le Front de gauche, tu es, vu depuis le surplomb d’où il te nouvelobserve et te sermonne, un peu con. Et ce n’est certes pas très gentil, mais la vérité oblige à reconnaître que Raff [4] n’est pas (du tout) seul à porter sur l’électorat de Mélenchon ce roide jugement, et que c’est toute la presse dite « de gauche », mais comme il faut, qui, depuis qu’icelui s’est hissé dans le quarteron des candidats qui font en tête la course vers l’Élysée, n’en finit plus d’hurler que celles et ceux qui votent pour lui sont les « idiots utiles » du président sortant – dont leur champion serait même, ai-je lu dans le Monde, l’ « allié objectif« .
Cela confirme que les hauts journaleux de la presse dominante ne souhaitent décidément pas du tout qu’advienne une gauche qui se montrerait un peu ferme dans la remise au pas des financiers qui leur assurent de (plus) confortables émoluments (que les tiens, misérable smicard) – et dont ils savent que les « socialistes », sitôt qu’élus, leur feraient, comme ils ont toujours fait dans ces cas depuis 1983, moult amabilités : c’est pour cette raison même que depuis trente années de merde ils brament, sitôt que tu t’écartes du chemin libéral où ils veulent te contenir, que tu dois être un peu de droite, à être si nettement de gauche.
En cela, ils sont tout à la fois les alliés de fait et les utiles tambourineurs des marchés : je ne jurerais pas que c’est une découverte, mais ça me faisait plaisir de le rappeler ici.
Notes :
1. Je te signale, au passage, que tu peux faire avec ces trois derniers mots une désopilante contrepèterie.
2. Moins, j’en conviens, que n’eût fait « Mélenchon piège à cornichons », mais jamais Serge Raffy n’a prétendu non plus, qu’on sache, qu’il était Pierre de Ronsard.
3. Moi aussi, je peux faire des rimes, si je veux. Non mais sans déconner…
4. Je l’appelle comme ça pour gagner du signe, sans quoi, je le crains, je vais dépasser mon feuilletage.
C’est assez amusant en un sens : alors que des voix s’élèvent régulièrement pour dire qu’il ne faut pas traiter des électeurs du FN de cons, et encore moins de gros cons (il semble qu’il n’y ait pas d’opinion à propos de « petits cons ») c’est le grand silence lorsque les électeurs de FdG sont affublés du même qualificatif.
Il faut dire qu’il y a tout de même une différence entre les deux. L’électeur du FN est un pauvre petit être en souffrance*, qui est égaré dans un monde qui change, et il faut entendre sa plainte et sa complainte afin de soulager sa douleur, tandis que l’électeur du FdG est juste un énervé, un frappadingue irrécupérable qui n’enlève son couteau d’entre ses dents que pour hurler des slogans insanes et éructer des théories fumeuses tirés d’un programme de malade. Un vrai C…, majuscule.
* Je recommande à ce sujet l’article de Pierre Tevanian, « La souffrance du lepéniste », ici :
http://lmsi.net/La-souffrance-du-lepeniste