Le 30 mars 2016, le journal Le Monde a publié un article traitant de « l’examen de conscience des médias américains face à Donald Trump ». Il évoque la contribution des médias au succès du Le Pen américain, mais conduit-il Le Monde à s’interroger sur son propre trumpisme ? Sur le lepénisme médiatique en France ? Non évidemment. Il l’avait fait une fois, le 27 mai 2014, subitement inquiet d’une « banalisation médiatique » de Le Pen¹, mais bien entendu sans s’inclure parmi les responsables.
Puis la normalité médiatique reprend son cours. On appelle Le Pen par son mignon petit prénom. On écrit que « la rébellion ne se niche plus dans le vote rouge mais bleu marine », propageant bénévolement le slogan du FN « la vague bleue marine ». On produit des publi-reportages où l’on fait des titres gras avec des citations de lepénistes décomplexés, sans aucune analyse de leurs propos, conduisant ainsi les lecteurs lepénisés à être davantage décomplexés :
- « Le FN sait parler aux ouvriers, à ceux qui n’ont pas beaucoup de sous »
- « À Tergnier, on vote FN « pour leur faire peur là-haut » » (titre d’un article du 04.06.14)
- « Le père, j’aurais pas pu. Mais la fille, elle s’adresse à nous. », etc.
Le travers que Le Monde pointe chez les médias américains est aussi le sien, c’est celui de toute la corporation médiatique française, mais non, on ne parlera que du trumpisme médiatique, et uniquement de celui qui a lieu chez les autres.
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- « Une inquiétante banalisation médiatique », François Jost (Professeur à la Sorbonne-Nouvelle-Paris-III et directeur de la revue «Télévision» (CNRS Editions)