Faille spatio-temporelle au journal Libération

Un journaliste n’assimile pas Mélenchon à Le Pen, ne l’attaque pas déloyalement, n’insulte pas ses sympathisants, traite du fond et non de la forme, ne donne pas de leçon de politesse, ne fait pas de nombrilisme corporatiste. L’illustration de l’article n’est pas injurieuse, pas destinée à diaboliser ou à ridiculiser.

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    Cela fait des mois que Rachid Laïreche arrose Jean-Luc Mélenchon de son fiel poujadiste. Or subitement, ce 26 février, le voilà qui produit un article sur lui qui non seulement n’est ni déloyal ni même hostile, mais qui traite du fond et non de la forme : « Mélenchon : la loi El Khomri “nous renvoie au siècle dernier” ». C’est si rare venant de Libération, qu’il faut le mentionner.
Seule la phrase de conclusion vient pimenter la bonne foi d’une attaque non argumentée. En effet, un article entièrement positif sur Mélenchon reviendrait, dans la langue mi-paranoïaque mi-poujadiste de la nouvelle génération de journalistes, à lui « servir la soupe ».

Dans cet article, Mélenchon ne « surfe » pas sur la crise. Il n’« escalade » ni le « populisme« , ni la « démagogie ».

Le journaliste n’écrit pas que Mélenchon « ratisse », « drague », « séduit » des « fans » ou des « fidèles », comme on peut le lire partout dans la presse en général et dans Libération en particulier. Il n’écrit pas non plus que Mélenchon « manipule » son auditoire, ni qu’il est « irréaliste », « extrémiste », « extrême », « d’extrême gauche », égal à Le Pen ou à Hitler.

Ensuite, accrochez-vous car de tels mots imprimés dans Libération sont tout simplement incroyables :

« Jean-Luc Mélenchon prévient à voix basse […] »

Avez-vous bien lu ? Il prévient à voix basse. Le journaliste n’écrit ni que Mélenchon « assène », ni qu’il « aboie », ni qu’il « éructe » ou « gerbe » des « petites phrases ». Il ne « fustige », ni ne « vitupère », ni ne « tempête », ni ne « tonne », ni ne « tonitrue » ; il ne fait pas non plus un « show » ou un « mélenshow ». Les salariés et syndicalistes venus discuter avec lui ne sont pas des « groupies » « qui pourraient aisément écrire une hagiographie » sur leur « idole », leur « rock star », leur « gourou » ou leur « dieu ».

Dans l’article de Libération, il n’y a ni le mot « buzz », ni le mot « clash », ni le mot « excès », ni « outrance » ni « surenchère » ni « posture » ni « sortie » (sortie dans son acception dépréciative).

Contrairement à ce qu’on pourrait lire dans Libération tout le reste de l’année, par exemple, J.-L. Mélenchon ne chante pas un « refrain » pour « capitaliser », ni « pour exister », ni pour « tirer des bénéfices » ni pour « profiter », ni pour faire une « OPA » (Offre Publique d’Achat) sur le Parti communiste ; il ne « feint » pas ; il ne « brosse pas son nouveau costume de postulant » ; il ne « menace » pas ; il ne « s’emporte » pas – ni plusieurs fois ni même une seule fois.

Enfin, la photographie qui illustre l’article n’est pas injurieuse, contrairement à d’habitude.

Mais que s’est-il passé chez Libération aujourd’hui ? Le journaliste a-t-il « servi la soupe ou bien a-t-il tout simplement produit un travail de journaliste et non de militant déloyal ?

***

Le 4 mai 2014, une faille spatio-temporelle s’était déjà produite au journal Le Midi Libre dans des circonstances semblables, à cause d’une journaliste « serveuse de soupe ».

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Une réponse à Faille spatio-temporelle au journal Libération

  1. Christine dit :

    excellent

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