Le vocabulaire de Lilian Alemagna semble quelque peu limité quand il s’agit de parler de Jean-Luc Mélenchon. Ce 9 mai 2015, le journaliste titre : « Allemagne, la voie d’excès de Mélenchon ». Sous-titre : « En voulant dénoncer le modèle économique de Berlin, l’eurodéputé tombe dans la caricature ».
Excessif
Il y a exactement un an, les 4, 6 et 11 mai 2014, Lilian Alemagna dénonçait trois fois en huit jours « les excès » de J.-L. Mélenchon¹. Le 11 avril 2014, il fustigeait encore « les excès de Mélenchon ». Le 20 octobre 2010, il fustigeait aussi son « verbe haut, fourni, toujours excessif » ².
Caricatural
Le 30 décembre 2013, il reprochait à Mélenchon³ de « se laisser enfermer dans sa propre caricature ». Et que lui reprochait-il le 23 août 2014 ? « De se laisser enfermer dans cette caricature d’homme (politique) en colère. ».
Une astuce de journaliste « neutre et objectif » : dire « on » au lieu de « je ».
Ce 9 mai 2015, le journaliste a employé sa petite astuce. Il conclut son article ainsi : « On l’invite à y passer ses vacances. » (en Allemagne). Le 23 août, le journaliste écrivait : « l’eurodéputé devenait de plus en plus inaudible. On n’entendait plus que ses rancœurs et attaques contre François Hollande, Manuel Valls ou les journalistes. »(4)
Heureusement, tous les journalistes ne sont pas des Lilian Alemagna. Certains assument leur subjectivité. Ils ne disent pas « On n’entendait plus que… blablabla », mais « Je n’entendais plus… ». En fait, ils ne prennent pas leur cas pour une généralité.
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1.
– 4 mai 2014 – « Le Front de gauche veut réoccuper le pavé », Libération.
– 6 mai 2014 – « Idée fixe, griller les « solfériniens » aux européennes », Libération.
– 11 mai 2014– « « Delap », le Mélenchon à sang froid » , Libération.
2.
– 11 avril 2014 – « Les écologistes et le Front de gauche se tournent autour »
– 20 octobre 2010 – « Jean-Luc Mélenchon, la vox populiste »
3. « Le parler cru de Mélenchon », Libération.
4. « A la manœuvre, Mélenchon passe la VIe », Libération.
En accusant Mélenchon de découvrir seulement maintenant le « problème allemand » (il passe sous silence 10 ans de critique soutenue et argumentée), de ne jamais faire allusion aux « résistants » sur place (il oublie les liens génétiques avec les frères de Die Linke) et de noyer son propos dans de la haine démagogique (il n’a visiblement rien compris à son analyse des imaginaires et de leur expression), Alemagna, qui est pourtant son biographe, démontre d’abord avec cet article que c’est lui qui ne connaît pas Mélenchon.
On trouve qu’Alemagna incarne au mieux la tranquille médiocrité du journalisme français. On se réjouit de la prochaine disparition du torchon qui l’emploie.