Unes sur Mélenchon et Le Pen : les choix de Libération

     À gauche, la Une de Libération du 7 avril 2013, après que J.-L. Mélenchon a osé dire qu’un coup de balai était nécessaire pour purifier une atmosphère politique insupportable (pendant l’affaire Cahuzac). À droite, la Une de Libération de ce 26 mai, après que M. Le Pen a fait 25% aux élections européennes :

deuxunes

À gauche, une illustration neutre et objective montrant J.-L Mélenchon seul sur une estrade, assis dans l’ombre, sur fond rouge, coupé de l’assemblée et des autres orateurs (qui sont à un mètre de lui). À droite, Marine Le Pen souriante – élevant la France vers les étoiles ? La Une de Libération semble annoncer des lendemains qui chantent. Comme dit l’expression branchée, Le Pen « envoie du rêve ». Mélenchon, lui, envoie du cauchemar. Dans « Libération dévisse« , Clément Sénéchal écrit que, voyant la Une sur Mélenchon, c’est l’épouvante garantie. Le diable en personne : « On songe immédiatement aux clichés du Docteur Folamour, le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick : vous savez, cet ancien nazi en fauteuil roulant (qui commet encore parfois le salut hitlérien par inadvertance) chargé de définir la stratégie nucléaire complètement kamikaze des États-Unis pendant la guerre froide. Le docteur Folamour est un personnage qui aime la bombe nucléaire, la destruction, la guerre de manière presque sexuelle. C’est évidemment un personnage trouble, mi-nazi mi-yankee, dont l’intelligence diabolique penche inévitablement vers le chaos.
Voici donc l’effrayant docteur Folamour réincarné dans le corps de Jean-Luc Mélenchon. Quant au code couleur choisi, il rappelle furieusement les années 1930 : le noir, le rouge et le blanc, assemblage chromatique dont la signification politique n’échappe à personne. Voici le Front de gauche gracieusement repeint par Libé. »

folamour

     Aujourd’hui, Libération se justifie dans « Pourquoi nous avons fait cette une » (sur Le Pen). Mais on y apprend que même « des journalistes de Libé ont critiqué cette manchette. Vue à la fois comme sensationnaliste, racoleuse, fausse, décourageante… ».
Un traitement visuel à comparer avec celui que Libération inflige habituellement à J.-L. Mélenchon… Il y a quelques mois, l’historien André Gunthert écrivait à ce propos :

« Il faut bien comprendre que l’arme visuelle n’a aucun caractère d’objectivité. Quelle que soit l’ampleur de ses crimes, Hitler n’était pas 24h sur 24 un pantin vociférant, la bave aux lèvres. Des photos ou des films le montrent souriant, caressant son chien, ou plaisantant avec ses proches. Qu’il soit un monstre n’est pas quelque chose qui “se voit” à l’œil nu, mais ressort d’un choix iconographique orienté – un processus qu’on peut appliquer à d’autres personnes, le cas échéant de manière injustifiée. »

Cette une du 26 mai serait donc moins problématique si la gauche était traitée de la même manière, si Libération ne choisissait pas contre elle presque systématiquement des photographies dégradantes ou injurieuses. Par exemple, cette illustration impartiale et objective des pages 2 et 3 qui suivent la fameuse Une où Mélenchon fait de l’escalade populiste :

escalade

hannibalobscurPar exemple, ces illustrations très neutres et objectives des 15 et 22 octobre 2013 :

http://i0.wp.com/opiam2012.files.wordpress.com/2013/11/libc3a9-rouge1.jpg?resize=640%2C368

Par exemple, cette illustration déontologique et respectueuse :

libégueulePar exemple,  ces illustrations et titres objectifs des 22 novembre 2010 et 20 juillet 2012 :

http://i0.wp.com/opiam2012.files.wordpress.com/2013/11/show-populisme.jpg?resize=640%2C439

Par exemple, ces deux illustrations du 17 novembre 2013 :

libégrimace

Par exemple, ces illustrations des 10, 14, 20 juin et 24 septembre 2013 :

gorgone

Par exemple, ces deux photomontages des 11 et 25 mai 2012 :

photo2alemagna… à comparer par exemple avec la célèbre série de poses d’Hitler par Heinrich Hoffmann :

http://i1.wp.com/opiam2012.files.wordpress.com/2013/05/libc3a9dc3a9but2012.jpg?w=640
Mais, alors que « le rouge qui clashe » « en route pour Hénin-Beaumont » est un potentiel nouveau Hitler, « Marine le Pen » (qui a un prénom), elle, « vote à Hénin-Beaumont pour « transformer l’essai » » :

socle transofrmer

 (et tant d’autres illustrations de Le Pen, apparaissant le plus souvent soit neutre soit souriante, lumineuse, radieuse…) :

     Le Pen à la Une de Libération : 2002 et 2014

À gauche, la Une de Libération quand Le Pen père s’est retrouvé au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Une photographie peu flatteuse, barrée d’un « NON », engagement clair du journal – désormais beaucoup plus « neutre et objectif » :

20022014

***

Prochainement dans l’OPIAM : Mélenchon = « fasciste » dans… Libération.

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