Le Monde prouve sa neutralité en validant une thèse de Le Pen

     En couverture du journal Le Monde du 28 novembre, à gauche : l’extrême droite chrétienne ; à droite, l’extrême droite musulmane. Juste en dessous, le rêve de Plantu : « Merkel s’allie avec la gauche ». Ça c’est de la « gauche » réaliste et raisonnable ! Attention aux extrêmes ! Votez bien entre les deux ! Maîtres et esclaves de tous les pays, unissez-vous dans le dépassement des clivages archaïques et des tabous !

Mais à la page 3, Le Monde publie, dans la ligne de ces journalistes et ces solfériniens qui parlent comme Le Pen : « Dans la banlieue de Londres, les services publics cèdent sous le poids des immigrés » :

lemondepopulisteVoyant ce titre, le lecteur qui a espoir dans l’intelligence du journaliste se dit que ce n’est qu’un titre « d’accroche », volontairement provocateur, dont le préjugé sera ensuite déconstruit par le contenu de l’article. Mais non. Aucun questionnement vraiment critique. Pas d’identification du mal qui pèse réellement sur les services publics : la politique de droite qui les laisse volontairement se dégrader pour pouvoir ensuite justifier leur privatisation. Le journaliste Éric Albert est resté à la surface du problème, n’est pas allé à sa racine. Il n’a pas fait son travail d’information, d’enquête, d’explication. Pire, en se contentant de citer des faibles d’esprit, il a validé une thèse lepéniste selon laquelle il y aurait un lien entre destruction des services publics et immigration. Extraits :

« L’IMMIGRATION, DEUXIÈME SOURCE D’INQUIÉTUDE »
« […] D’après les sondages, l’immigration est désormais la deuxième source d’inquiétude des Britanniques, derrière l’économie. […] »
« Le problème de cette vague d’immigration se trouve ailleurs : les services publics et les infrastructures sont débordés. La directrice de la mairie, Ruth Bagley, fait la liste de ses besoins abyssaux. « Nous avons 6 500 logements sociaux, tous occupés, et une liste d’attente de 7 500 personnes. Nous avons onze écoles secondaires, mais les projections indiquent qu’il faut en construire six et demi de plus. Dans les frontières administratives de la ville, c’est impossible à réaliser. Slough a toujours été une ville très accueillante, mais la pression est telle que les limites physiques sont atteintes. »« 
« NOUS SOMMES ALLÉS TROP LOIN »

Traduction : Nous avons été trop antiracistes, trop humanistes. Il y a une limite à l’antiracisme, à l’humanisme, on ne peut quand même pas accueillir toute la misère du monde…

Pourtant, d’un point de vue purement utilitariste – c’est-à-dire antihumaniste – l’immigration est bonne pour l’économie : elle stimule les besoins sociaux, les besoins de services, les besoins de construction de logements (voir le rapport de Xavier Chojnicki : « Impact budgétaire de l’immigration en France », 2011). Or l’ennemi numéro 1 du capitalisme et du productivisme est l’absence de besoins. Plus de besoins, c’est la mort. C’est pourquoi l’idéologie capitaliste et productiviste crée sans cesse de nouveaux besoins.

« Il n’y a pas que les autorités publiques qui se plaignent. A Slough, le YMCA sert de logement d’urgence pour personnes en difficulté. Ses dirigeants estiment eux aussi que la pression démographique devient insoutenable. « Les travailleurs sociaux n’ont plus le temps de s’occuper comme il le faut de leurs dossiers, explique son directeur, Colin Young. Pour moi qui suis né à Slough, je suis content qu’il y ait de l’immigration : ça rend l’endroit beaucoup plus intéressant. Mais nous sommes allés trop loin, et nous n’arrivons plus à faire face. »« 

C’est l’argument typique de droite, celui de Malthus prévoyant l’appauvrissement de la population, contre Marx : plus on donne aux pauvres, plus ils se reproduisent, plus il y a de pauvres. Le meilleur service qu’on puisse rendre aux pauvres, c’est de leur foutre la paix (Milton Friedman). La pensée des intellectuels de droite, qui est celle du « supplément d’âme », voudrait que les pauvres crèvent à cinquante ans. Mais ils ne peuvent pas le dire : ils ont quand même une morale chrétienne. Ils voudraient bien pouvoir dire « on emmerde les pauvres ! ». Mais ils sont quand même des intellectuels : ils ne peuvent pas.

« […] Pour Edward Reiss, le président du YMCA local, « il faut être beaucoup plus restrictif pour réduire le nombre d’arrivants ». Désormais, même les travailleurs sociaux appellent à un durcissement des frontières…« 

C’est la conclusion de l’article. Si même les travailleurs sociaux appellent à un durcissement des frontières, alors ça y est, c’est la fête ! Le Pen n’est donc pas si excessive et extrémiste que ne le disent ses adversaires ! Son racisme n’est finalement pas si extrémiste que ça. Slogan pour une extrême droite moderne :

« Pour un racisme humain, raisonnable et modéré ! »

C’est la pensée plantuienne : on a raison d’être antiraciste mais il y a quand  même un seuil à ne pas dépasser. Or quelqu’un comme J.-L. Mélenchon a dépassé ce seuil ; dans son discours de Marseille, il est allé trop loin ! Plutôt que des débats popugogues-démalistes entre M. Le Pen et J.-L. Mélenchon, réclamons des débats entre Hollande et Bayrou !

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Une réponse à Le Monde prouve sa neutralité en validant une thèse de Le Pen

  1. mimi24 dit :

    -« Le Monde prouve sa neutralité… »
    Combien de temps vous faudra-t–il,OPIAM,pour savoir et comprendre que les journalistes n’ont plus la liberté d’informer correctement(exemple Hervé Kempf) depuis que leurs employeurs sont des hommes d’affaires qui ont acheté la quasi-totalité des médias pour le pouvoir sur l’opinion que cela leur donne.
    Depuis 2010,le Monde appartient au trio Bergé-Pigasse-Niel
    Libération est la propriété de Rotschild etc, etc…
    Fustiger les journalistes comme vous le faites conduit à l’impasse alors qu’il est urgent que les gens comprennent la situation de la presse et le grand danger que cela représente.

    • O.P.I.A.M. dit :

      Ben voyons. Seuls les propriétaires des journaux sont responsables, et pas leurs laquais ? Et les laquais ne sont jamais pires que leurs maîtres ?

      • mimi24 dit :

        La finance est notre seule ennemie,
        Les journalistes(sauf les rares indépendants)sont des salariés comme vous, comme moi, comme Kerviel…
        Si votre but est de conscientiser les gens ne pouvez-vous le faire autrement d’une manière plus objective,plus documentée?
        L’époque est au totalitarisme
        Est-ce le moment d’alimenter la haine?

  2. dorzédéja dit :

    Une petite pointe de haine – ne pas en abuser, comme le sel dans la soupe- c’est quand même bien pratique pour secouer la dictamolle.

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