Antisémitisme refoulé chez deux journalistes
Deux autres journalistes associent « finance internationale » et judéité. Charles de Saint Sauveur et Henri Vernet, dans leur article « Pourquoi la parole raciste gagne du terrain » paru le 6 novembre dans Le Parisien, accusent Jean-Luc Mélenchon d’antisémitisme, sans l’assumer, lâchement, par une allusion. Le 7 avril, Henri Vernet avait assimilé J.-L. Mélenchon à un neonazi¹. Le 7 juin, le même journaliste avait aussi assimilé des antifascistes à des neonazis². Le 8 novembre, c’est le journal Libération qui a assimilé J.-L. Mélenchon à Hitler³, encore sans l’assumer franchement, par une allusion, pour avoir dit que les travailleurs qui manifestent avec leurs patrons sont comme des « esclaves qui manifestent avec leurs maîtres ».
Dans leur paragraphe titré « 59% des Français estiment que le racisme a progressé », Charles de Saint Sauveur et Henri Vernet écrivent :
« Liste loin d’être exhaustive, à laquelle pourraient s’ajouter les innombrables sorties sur les musulmans, les Roms ou les juifs, émanant parfois de ténors censés maîtriser leur parole publique, de Copé avec ses pains au chocolat à Mélenchon s’en prenant en termes ambigus à Moscovici, en passant par Valls et ses polémiques à répétition… »
Les « termes ambigus », ce sont les fameux mots de J.-L. Mélenchon attaquant P. Moscovici sur son rôle en tant que président de l’Eurogroupe en mars 2013 : « un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français, qui pense dans la langue de la finance internationale ». Après les innombrables accusations d’antisémitisme par de très nombreux journalistes (par exemple Quatremer) du début de l’année, Charles de Saint Sauveur et Henri Vernet en rajoutent. Peut-être associent-ils inconsciemment « finance internationale » à la religion de Moscovici ? Dans ce cas ils seraient des antisémites refoulés. C’est très banal. C’est comme tous ces gens qui ne sont pas racistes mais pensent que les-Noirs-ont-le-rythme-dans-la peau. Le tort de Mélenchon a été de reprocher à Moscovici de sacrifier les intérêts et la souveraineté du peuple français aux financiers. Mélenchon a pourtant expliqué qu’il ne savait pas la religion de Moscovici, qu’il s’en moquait, et que si un jour celui-ci – tout répugnant qu’il soit pour sa participation à l’enterrement du socialisme – venait à être insulté, offensé ou menacé, alors il trouverait toute la gauche à ses côtés, comme un seul corps, un seul bloc. N’était-ce pas assez clair ? Et Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas été bien seul à défendre nos concitoyens juifs quand Marine Le Pen déclara qu’elle voulait interdire le port de la kippa dans l’espace public, et que « la République est en droit d’exiger des choses de ceux qu’elle vient d’accueillir » ? Invité de l’émission « C à vous » sur France 5 le 14 septembre 2012, Jean-Luc Mélenchon déclara à ce sujet :
« Je voudrais faire remarquer qu’elle [Marine Le Pen] a dit quelque chose de spécialement grave ce week-end (et le journal Le Monde lui a bien servi la soupe). Elle met sur le même plan quelque chose qui a été rejeté par la loi parce que c’est un mauvais traitement pour les femmes – ça n’a rien à voir avec la religion, c’est la question de la burqa […] – avec le port de la kippa. Et quand on la met en cause elle répond : « La République est en droit d’exiger des choses de ceux qu’elle vient d’accueillir. » Il lui reste à apprendre que la République n’a pas « accueilli » les juifs pour la raison qu’ils étaient là depuis l’an mil, qu’ils ont été persécutés depuis l’an mil et que depuis la grande révolution de 1793 ils sont citoyens français. Cette manière de parler est incroyable, c’est une manière de stigmatiser les musulmans, qui revient à toujours stigmatiser derrière, les juifs. Je voulais que ce soit dit. »
Le 2 décembre 2012, invité sur BFMTV chez Mazerolles : « Pour la première fois depuis la guerre, quelqu’un a osé dire dans notre pays que c’était un problème d’avoir une kippa sur la tête. Et personne n’a rien dit. Et on a continué à dédiaboliser cette femme qui est dangereuse comme aucune autre formation politique ».
Et Mélenchon a été peut-être le seul responsable politique à dénoncer avec tant d’énergie le fait que, en février 2012, la fille Le Pen était dans la salle lorsque le père Le Pen a cité un poème de Brasillach, l’antisémite collaborationniste qui disait « Il faut se séparer des juifs en bloc et ne pas garder les petits. » Ce poème qui était un testament politique, comme l’a expliqué Mélenchon sur son blog.
Donc messieurs les journalistes, pour pouvoir accuser J.-L. Mélenchon d’antisémitisme, il eut fallu qu’il tienne plus d’une fois des propos « ambigus », il eut fallu que vous ayez plus à lui reprocher.
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1. « L’affaire Cahuzac profite aux populistes« , Henri Vernet, Le Parisien, 07/04/13.
2. « En France, la haine politique a tué », Henri Vernet, Le Parisien, 07/06/13.
3. « Bonnet brun, bonnet rouge et blanc bonnet », Jean Viard, Libération, 08/11/13.
Congrès du PG à Bordeaux. Mélenchon vient d’être accusé d’antisémitisme. À table la conversation arrive là-dessus. Je découvre qu’un bon copain assis à côté de moi est né de parents juifs. Comme le camarade qui est en face de nous. Ils se mettent à causer en hébreu et c’est un festival de blagues sur la carpe farcie, la psychanalyse, les askénases si différents des séfarades et ce pauvre Quatremer. Dommage que Quatremer ne soit pas là à entendre les camarades nés de l’autre côté de la Méditerranée : il continuera à dire qu’ils sont antisémites !
On patauge encore dans le fameux dessin de Plantu. Le Pen est antisémite, elle est populiste comme Mélenchon, donc Mélenchon doit être antisémite aussi, sinon ça colle pas. Décidément, Plantu ( qui à ma connaissance ne s’est toujours pas excusé) incarne à la perfection à la fois son public de beaufs semi-cultivés, et sa triste corporation médiacratique qui prend de plus en plus crûment les allures d’une entreprise de décervelage.