Lilian Alemagna a encore essayé de penser
Dans un article du 4 mai intitulé « Le Front de gauche veut réoccuper le pavé« , dans un article du 6 mai – « Idée fixe, griller les « solfériniens » aux européennes » – et dans un autre du 11 – « « Delap », le Mélenchon à sang froid » -, le journaliste de Libération assène son vocabulaire sournoisement dépréciatif et ses nouvelles leçons de bienséance. Extraits :
Article du 4 mai :
« A Mélenchon la fonction tribunicienne et ses excès. Aux communistes, la culture de la discussion et du compromis. »
Article du 11 mai :
« Calme d’apparence, « Delap » n’a pas (toujours) les excès de son mentor. »
Article du 6 mai :
« Il ne les appelle plus « socialistes ». Pour Jean-Luc Mélenchon, ses anciens camarades du PS sont des « solfériniens ». Néologisme de son choix, asséné sur son blog, dans les médias et repris par ses partisans pour discréditer une formation politique dont il a été membre durant trente-deux ans. […]
Cette astuce étymologique doit aussi servir à centraliser le Front de gauche sur l’échiquier politique, déporter le PS à droite et éviter, avec son Parti de gauche et ses excès, le piège de se trouver enfermé dans ce coin laissé vacant par l’effondrement de l’extrême gauche et dont aucun dirigeant ne peut espérer sortir majoritaire… […]
En cas de première place à gauche le 25 mai, Mélenchon réclamera un changement de gouvernement et la place de Premier ministre. Avec un hic : la dissolution de l’Assemblée nationale ne sera pas revendiquée. Dans ses plans, Mélenchon demanderait à la majorité socialiste au Palais Bourbon de soutenir sa politique, alors qu’il n’y a que dix députés Front de gauche et aucun du Parti de gauche. Irréaliste. […]
D’un côté, Mélenchon assène qu’on ne peut rien attendre des « solfériniens ». De l’autre, le gouvernement ne fait plus attention à cette frange de la gauche qui l’a aussi porté au pouvoir. A camper sur ces positions, chaque camp renforce l’autre. Or, à creuser des fossés et monter des digues de ce côté-ci du champ politique, l’histoire enseigne qu’à la fin c’est la droite qui gagne.«
Morale : la sagesse n’est ni du côté du Parti solférinien, ni du côté du Parti de gauche ; elle est incarnée par Sa Sainteté le Journaliste. Le réalisme et la modération sont incarnés par Lilian Alemagna. C’est lui qui sait ce qui est bon ou mal. Mais il se garde bien de dire en quoi consistent les « excès » de Jean-Luc Mélenchon… Argumenter ? Et puis quoi encore ? Éric Decouty, un de ses confrères, pour conclure un article dans Libération, encore le 11 mai (« L’homo politicus dévoré des yeux« ), dénonce « les déclarations à l’emporte-pièce, souvent violentes ou outrancières du leader du Front de gauche ».
Rappel – Le vocabulaire utilisé par Lilian Alemagna dans un article du 24 janvier :
« Dans ce numéro d’autosatisfaction, Mélenchon est allé jusqu’à qualifier ce débat de « grand moment de politique en France » »
« Après sa rentrée médiatique tonitruante, Mélenchon poursuit sa campagne permanente contre « l’austérité » du gouvernement. »
« Je dois aller à la bataille tout le temps, insiste Mélenchon. Je l’ai fait à Hénin-Beaumont avec un grand succès. » Et ce même s’ il s’est fait sortir dès le 1er tour de scrutin dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. »
Voici celui utilisé par Lilian Alemagna dans un article du 22 février :
« profite » / « se paye Manuel Valls… » (notez les points de suspension) / « s’agace » / « attaque » / « menace » / « s’agace » à nouveau / « s’emporte » / « lance »
Voici celui utilisé par Lilian Alemagna dans un article du 3 octobre 2012 :
« pour exister, le leader du Front de gauche attise les clivages européens » / « occasion à l’ancien socialiste de recliver la gauche sur l’Europe. Et d’en tirer les bénéfices » / « Mélenchon veut profiter de la séquence pour continuer d’agréger des forces. » / Mélenchon n’a ni arguments, ni propositions : il a un « refrain« .
Voici celui utilisé dans un article du 20 juin 2011 :
« sort d’un préfabriqué tagué d’un Che Guevara » / « débarque » / « s’engouffre » / « [tire] profit » / « feint » / a joué au « jeu des petites phrases visant ses anciens camarades socialistes pour exister par la polémique », « brosse son nouveau costume de postulant à l’Élysée », et « ancien trotskiste », « agrège à son vocabulaire des accents républicains » [faut-il comprendre que Mélenchon est faussement républicain ?]
***
Sur la dénonciation de l' »irréalisme » de Mélenchon par des journalistes objectifs/neutres/impartiaux/éthiques etc., voir aussi ces articles de Maël Thierry, Sylvain Courage, Thierry Philippon et deux autres journalistes au Nouvel Observateur :
Ce titre a été par la suite modifié en « Le programme économique de Mélenchon : détonnant… et déconnant« .
Et aussi, de Maël Thierry et Sylvain Courage : « Présidentielle : les mesures les plus irréalistes, les plus dangereuses« . Tiens, dedans il n’y a pas François Hollande. Bizarre.
Et aussi (toujours Maël Thierry et Sylvain Courage) : « Présidentielle : les mesures les plus coûteuses, les plus contradictoires« .
***
Prochainement : « Mélenchon = nazi » par le journaliste de Libération Alain Duhamel