Mélenchon et les médias

     Après l’entretien très éclairant de Mélenchon avec des blogueurs sur la question des médias, et la leçon donnée à de jeunes apprentis journalistes incultes, cools, prétentieux et déjà blasés (2010), deux journalistes de Politis, D. Sieffert et M. Soudais, ont publié un livre le 5 novembre : Mélenchon et les médias.
En attendant un compte-rendu de l’O.P.I.A.M., voici l’extrait d’un article de l’Humanité¹ à propos de ce livre :

« Un fait édifiant sert d’introduction à Denis Sieffert et Michel Soudais. Il est éloquent. Le 30 septembre dernier, 80 000 personnes manifestaient à Paris contre le traité budgétaire européen. France 2 y consacra un sujet dans son journal télévisé du soir. Que vit-on ? Qu’entendit-on ? « On y voit évidemment des images colorées du défilé. Il fait beau et le rouge est triomphant. » La caméra se porte en tête du cortège sur Mélenchon. Les auteurs racontent : « Le commentaire off, comme l’on dit, n’évoque pas directement le rassemblement. Il nous parle de Mélenchon “sur tous les fronts”, “tête d’affiche de la manifestation”. Mélenchon, nous dit le journaliste, est remonté sur son cheval. Dans une brève interview, celui-ci estime que François Hollande “ne pourra plus considérer que le traité européen est une formalité à expédier”. On le voit ensuite allant d’usine en usine. Résumé haletant de la semaine d’un activiste. Fin du reportage. » Mais pas la fin du sujet. Brice Teinturier, directeur général de l’institut Ipsos, en plateau, a cette formule : « Pour retrouver sa popularité, il fallait que Mélenchon essaye d’incarner cette nouvelle opposition critique à l’égard du gouvernement. » « Fermez le ban », ponctuent les auteurs.

Vision manipulatoire

Et Sieffert-Soudais de commenter : « L’exemple est édifiant à plus d’un titre. D’abord parce que nous n’avons pas affaire ici à l’un des reportages venimeux comme nous en avons tant vu à propos du Front de gauche. Dans l’esprit des journalistes en tout cas, il n’est pas acrimonieux. » Alors qu’est-ce qui cloche ? Et c’est là qu’il faut chausser les bonnes lunettes chères à Bourdieu. Que peut retenir le téléspectateur de ce mode de traitement ? Que Mélenchon a mis 80 000 personnes dans la rue pour soigner sa seule popularité. Une starisation qui oublie au passage les autres composantes de la manifestation ce qui, pour Sieffert et Soudais, est «une vision manipulatoire de l’histoire qui occulte la dimension sociale et engendre la dépolitisation». On imagine aisément les réactions des trois publics qui auront regardé cette séquence, chacun avec sa paire de lunettes, expliquent-ils. Les journalistes auront trouvé le sujet réussi, les militants auront éprouvé, comme souvent, de la frustration, et le grand public aura pu penser que « les politiques sont tous les mêmes, qui ne pensent qu’à leur cote de popularité ».

Interrogée par quatre blogueurs à la suite de l’affaire du « pauvre petit étudiant », voilà à quoi peut ressembler la réflexion de Mélenchon sur les médias, quand on lui donne le temps de la développer :

Enfin voici l’extraordinaire leçon aux apprentis journalistes :

Note :

1. « Mélenchon et les médias : et si, comme Bourdieu, on chaussait les bonnes lunettes »

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Une réponse à Mélenchon et les médias

  1. ZapPow dit :

    Dans la dernière intervention de Mélenchon sur France Info, où il était interrogé, entre autres, sur ce qu’il pensait du rapport Gallois, il a fallu, une fois de plus, qu’il rappelle le journaliste à plus de rigueur. Édifiant.

  2. Partageux dit :

    Le coup de gueule de Mélenchon face à un apprenti journaliste a été traité un an plus tard par le gars lui-même. Mélenchon l’avait rudement bien analysé : il est bien aussi inapte à faire fonctionner son cerveau. Il le montre tranquillement avec son propre exposé des faits :
    https://peremckenzie.wordpress.com/2011/09/16/le-syndrome-du-singe-de-zoo/

  3. mimi24 dit :

    Depuis Chomsky,Bourdieu,Halimi,et mème P.Carles la situation des journalistes a évolué,la liberté de la presse a dégringolé à la 38ème place au niveau mondial,les médias marchands ont été concentrés dans les mains d’une poignée de milliardaires du CAC40,l’audiovisuelle publique controlée comme jamais par le pouvoir;
    voir vidéo:reportage censuré sur sarkozy.
    Ainsi,il serait plus productif de s’en prendre aux propriétaires des organes de presse(les médias sont plus pour eux un moyen de propager la pensée ultralibérale que de faire de l’argent) et aux politiques qui bafouent la démocratie en s’ingérant dans les lignes éditorialistes qu’aux salariés de ses médias y compris ceux qui sont dans la lumière et gagnent de ce fait beaucoup d’argent.
    Savoir que progressivement,les formats des sujets jité sont passé de 7′ à 1’30 maximum (impossible de développer en si peu de temps),que les documentaires ou magazines sont de moins en moins nombreux et que cette situation n’est pas le choix de la profession.
    Il est probable que, si rien ne change,quand la génération des Mermet and co aura disparu,celle qui a connu une relative liberté(Mittérand a fait rentré des journalistes communistes à la télé,et pour respecter le pluralisme il y avait aussi un journaliste prètre )les jeunes fraichement sortis de l’école trouveront normal de courber l’échine.Malgré les apparences,ce n’est pas tout-à-fait le cas.
    37000 cartes de presse +les techniciens qui travaillent directement avec eux+les proches des uns et des autres=un gros paquet d’électeurs qui ont pu ètre blessés par les attaques incessantes de notre candidat.
    Nous voulons rassembler,non?
    Par contre ,recadrer un journaliste pendant une émission est nécessaire.

  4. mimi24 dit :


    ci-dessus lien vers reportage censuré sur Sarko(télévision suisse)

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