« Mélenchon = Le Pen » dans la presse en janvier 2012

Le grand mouton médiatique

     Après le Plantu d’or décerné à Courrier international pour le nombre et la violence de ses insultes à la fin de la campagne électorale présidentielle, le prix de l’ignominie revient au journal Libération, pour avoir sali Mélenchon, ses électeurs et ses sympathisants avec la plus grande réactivité, dès le meeting du 14 janvier à Nantes.
Ce meeting, ainsi que le succès de Mélenchon lors de l’émission « Des paroles et des actes » le 12 janvier, coïncidaient avec son passage de 4 à 7% d’intentions de vote dans les sondages. Ces deux évènements marquèrent le début de la campagne. Ils mirent la meute en mouvement, de la même façon qu’avaient décuplées les calomnies dans les quinze derniers jours de campagne, après que Mélenchon eut réuni plus de 100 000 personnes à la Bastille, plus de 100 000 à Marseille, 70 000 à Toulouse et fut monté jusqu’à 14 et même 18% selon plusieurs sondages. Le 16 janvier fut un jour de déchaînement de violence inouïe dans toute la presse.

 1. Le 14 d’abord, Libération, outre l’habituelle affirmation que Mélenchon trouve un intérêt personnel dans les malheurs du pays, mettait une fois de plus un signe égal entre Mélenchon et Le Pen, dans son article « C’est le sarkozysme qui est dégradé » – dont l’un des trois auteurs est Lilian Alemagna :

« Pour Marine Le Pen, cette dégradation devrait ouvrir un boulevard, lui permettant de se démarquer de tous ses adversaires. […] Il y aurait d’un côté les candidats du «mondialisme», et de l’autre ceux de la Nation, c’est-à-dire elle.
Jean-Luc Mélenchon espère, lui aussi, tirer parti de la dégradation française. »

2. Le 16, l’abject Libération écrivait dans son éditorial intitulé « Intrusion » :

« Cette affaire donne aussi du vent dans les voiles des candidats autoproclamés «antisystème», même si chacun d’entre eux confère à ce qualificatif qui claque comme un slogan, une définition singulière : François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen défendent, chacun à leur manière, l’idée qu’il faut «renverser la table», changer radicalement la politique et l’art de gouverner.« 

3. Toujours le 16, dans la même édition de l’immonde poubelle Libération qui écrivait dans « Après la perte du AAA Les gagnants de la mauvaise note » :

« Et si, demain, le trio improbable Bayrou-Le Pen-Mélenchon allait profiter de la perte du AAA ? […] Ou au contraire si cela va encourager les électeurs à voter pour les candidats qui se définissent eux-mêmes en opposition avec le système (Jean-Luc Mélenchon, François Bayou ou Marine Le Pen) pour tenter autre chose. Par protestation ou conviction.
[…] Restent «les candidats antisystème». […] Il y a une contradiction majeure dont vont se nourrir les candidats antisystème de gouvernement, comme François Bayrou, ou protestataires, comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. »

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Quelques jours plus tôt

4. Du 8 au 12 janvier, six grands journaux ont recopié une dépêche de l’Agence France-Presse publiée le 7, qui a elle-même recopié un article du Progrès publié le 2, « La crise s’est invitée dans la campagne » :

« Marine Le Pen est bien plus haute (entre 16 et 20 %), guettant l’ouverture pour accéder à la finale. Un candidat du Front national n’a jamais été à ce niveau dans les sondages en début de campagne.
Classé comme elle dans le camp « protestataire », Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) suit son bonhomme de chemin (7 % environ), tandis que Eva Joly (EELV, 4 à 5 %) et Dominique de Villepin restent dans de basses eaux (1 à 3,5 %). »

« Classé » ? Classé par qui ? Par « nous, journalistes incultes, stupides et paresseux qui ne sommes pas foutus de comprendre l’impossibilité d’une telle catégorie » ? Voici le recopiage de l’ A.F.P., celui du Nouvel Observateur, celui du Point, du Parisien, de 20 minutes, de La Voix du Nord et de L’Express.

5. Le 6 janvier, le journal Le Berry Républicain, dans son article « Bayrou à l’extrême centre » écrivait à propos du thème de campagne de Bayrou (« Produire en France ! »), que :

« Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sans oublier Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Pierre Chevènement ont dû s’en étrangler ! La lutte contre la désindustrialisation de la France et pour une certaine forme (au moins) de protectionnisme, c’était jusque-là leur chasse gardée. »

 6. Le 9, le journal La Tribune, dans son article « Pour les électeurs, la présidentielle est en panne » posait cette pertinente question :

« Et les extrêmes ? Où en sont-ils ? Déplaçons-nous à droite et à gauche sur l’espace politique. Même Marine Le Pen patine dans un contexte qui pourrait, devrait lui être favorable. Tout comme il devrait l’être à Jean-Luc Mélenchon ou à Eva Joly sans parler de la candidate de Lutte ouvrière. »

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Retour à la journée du 16 janvier

7. Le Point qui  – outre l’habituelle affirmation que Mélenchon « entend tirer bénéfice » des malheurs du pays – dans un article sur Bayrou (Baromètre Ipsos-Le Point : François Bayrou poursuit son envolée), conclut un paragraphe intitulé « Mélenchon gagne 7 points », par l’habituel Mélenchon = Le Pen :

« Enfin, les candidats des extrêmes sont en forte hausse. En gagnant 4 points, Marine Le Pen obtient 32 % de jugements positifs et égale ainsi son record de mars 2011. La candidate du FN progresse notamment chez les sympathisants UMP (34 %, + 9 points). Quant à Jean-Luc Mélenchon, il sort dopé de son passage sur France 2, jeudi, lors de l’émission Des paroles et des actes pendant laquelle il a réuni 3,2 millions de téléspectateurs. Le candidat soutenu par le PCF gagne 7 points et recueille 37 % d’avis favorables. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon n’ont pas dit leur dernier mot. Tous deux entendent bien, chacun de leur côté, tirer bénéfice de la dégradation de la note de la France. »

8. Le 16 encore, c’est le journal Ouest France, dans son article « Mélenchon entend résister à la finance » qui écrit :

« Jean-Luc Mélenchon dans la posture du seul contre tous, qui a tant profité au FN, a pilonné le Modem, l’UMP et le FN, particulièrement visé. »

9. Toujours le 16, une dépêche de l’ A.F.P., recopiée un peu partout comme d’habitude, écrit dans  « « Triple A »: les candidats à la présidentielle française intègrent la donne » :

« Outre le représentant du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen, espère profiter de la situation. »

10. Le 16 encore, le journal Les Échos expliquait lui aussi, dans « La France perd son triple A – Débat dégradé » que Mélenchon « exploite » les malheurs du pays et qu’il est égal à Le Pen :

« Car l’inconvénient premier, sur le plan politique, de cette dégradation, est qu’elle intervient au moment où Marine Le Pen d’un côté et Jean-Luc Mélenchon de l’autre enregistrent un frémissement significatif dans les sondages. Les opposants les plus tonitruants à la mondialisation et à la rigueur libérales sont les mieux placés pour exploiter le sentiment d’échec des politiques européennes et pour invoquer, avec un redoutable talent oratoire, la « révolte du peuple » contre les élites et les marchés. A eux deux, ils pèsent déjà plus d’un quart de l’électorat. Et demain ? »

10. Et encore le 16, le journal La Charente Libre, dans son éditorial « Du sang, de la sueur et des larmes… » écrivait que :

« D’un bord à l’autre du spectre politique, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen se déclarent prêts à transformer la France en une île fortifiée à l’abri des vautours de la finance, voire à saborder purement et simplement l’euro et la construction européenne. Nul doute que ces voix extrémistes pèseront désormais davantage dans la campagne électorale. »

11. Le 17 janvier, Le Parisien, très original, publie « Un triple A pas perdu pour tout le monde » :

« C’est une mauvaise nouvelle, mais qui tombe plutôt bien pour certains. A trois mois de la présidentielle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou, qui se posent en candidats anti-système, espèrent bien tirer profit de la perte du triple A.
Des candidats revigorés… Si leur positionnement est très différent, les candidats du FN, du MoDem et du Front de gauche voient dans cette dégradation la validation de leur propre discours. »

12. Le 20, on trouve encore l’assimilation à la page 14 du journal Les Échos, qui en est coutumier, dans « Les éclopés de la notation » :

« La prime va pour l’heure à ceux qui s’affranchissent ouvertement des agences, et même de l’arithmétique, tels Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. »

13. Le 26, un abruti du journal Les Échos, en plus de faire croire que Le Pen est vraiment favorable à la retraite à 60 ans, à taux plein après 40 ans de cotisation – ce qui bien entendu est totalement faux, et qu’il ne prend même pas la peine de vérifier, de calculer, ni surtout d’expliquer à ses lecteurs – écrit que :

« Marine Le Pen double Jean-Luc Mélenchon par la gauche. Comme le leader du Front de gauche, la candidate du Front national à l’Elysée s’est prononcée hier sur France Inter en faveur d’un retour de l’âge légal de la retraite à 60 ans, un « âge correct », selon elle. »

14. Courrier international a produit deux « Mélenchon = Le Pen » au mois de janvier (le 26 et le 30) ; neuf au mois d’avril, leur violence s’accroissant jusqu’au dernier jour. Ils sont déjà recensés dans « « Mélenchon = Le Pen » dans la presse étrangère ».

Le zapping « Mélenchon = Le Pen » :

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Une réponse à « Mélenchon = Le Pen » dans la presse en janvier 2012

  1. ZapPow dit :

    Apparemment, Libération met Bayrou dans le même sac.

    C’est vrai que c’est agaçant de voir sans cesse accolés les deux noms de MLP et JLM, mais je ne crois pas que cela relève toujours de la même volonté que celle démontrée par le dessin de Plantu, ou exprimée par clairement exprimée par certains qui disent franchement que l’un égale l’autre. Le plus souvent, pour un analyste qui se situe entre ces deux pôles opposés, il s’agit d’une simplification, la même qui fait classer l’un et l’autre dans des partis protestataires. Après tout, certains extraits cités disent bien que MLP et JLM ne sont pas du même côté.

    • O.P.I.A.M. dit :

      En effet, certains journalistes précisent que Mélenchon et Le Pen ne sont pas du même côté, mais mettent quand même leurs noms côte à côte alors que cela n’est pas nécessaire. Il s’agit donc d’un sous-entendu : quand le journaliste ne range pas explicitement Mélenchon et Le Pen dans le fourre-tout « protestaires », il le suggère. C’est tout aussi abject.

  2. Morssi dit :

    Il y a eu hier 30 octobre 2012 un bel exemple de manipulation idéologique chez le toujours inénarrable Calvi sur le lynchage médiatique de mélenchon ! Lui donnant la prole en la hachant dans un mini reportage vidéo et lacher par la suite la meute médiatique !

    http://www.france5.fr/c-dans-l-air/politique-interieure/cordon-sanitaire-autour-du-premier-ministre-37467

    ça commence vers les 45 minutes !!

    Bon appétie

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