Au mois de juin¹, l’O.P.I.A.M. démontrait que, « au fil de la campagne électorale de 2012, les journalistes ayant épuisé l’équation “Mélenchon = Le Pen” ont tenté par tous les moyens de la faire revivre sous une autre forme, c’est pourquoi depuis quelques mois ils ont trouvé une astuce : dire que Le Pen et Mélenchon s’opposent en tout point, mais qu’ils ont tout de même des points communs », et citait comme exemple la brillante conclusion d’un article paru dans L’Express, « Le Pen et Mélenchon, différents mais semblables » :
“Que Le Pen et Mélenchon aient des idées différentes ne fait aucun doute. Que l’objet de leur mépris et de leurs invectives soit différents non plus. Mais au fond, cela importe peu, car ils représentent l’un et l’autre une menace pour la démocratie. Puissions-nous ne jamais avoir à le vérifier.”
Le journal quotidien régional La Voix du Nord, lui aussi, s’applique à cultiver l’abjecte équation. Le lendemain du scrutin du premier tour des élections présidentielles, il titrait un article « Sarkozy fléchit, Bayrou s’écroule, les extrêmes progressent à droite comme à gauche » (jetant ainsi le Front de gauche dans la même poubelle que le Front national). Le lendemain de celui des élections législatives, il titrait « La chute des extrêmes ». Hormis leur titres, ces articles ne contiennent rien d’affligeant. Mais entre ces deux élections, La Voix du Nord a publié une « chronique » intitulée « La politique au front de taureau ».
Lisant le premier paragraphe, on pouvait se dire : enfin un journaliste qui ne crée pas la confusion, enfin un journaliste qui dit que Mélenchon et Le Pen n’ont strictement rien de semblable – rappelant que l’un est républicain, et que l’autre « est reliée à une tradition longtemps ennemie de la Révolution française » ; que la gauche (« radicale », selon l’auteur) et la droite extrême « n’ont pas la même vision de l’homme et pas la même morale » ; que « beaucoup les sépare », et allant même jusqu’à dire : « On n’en profitera pas pour les renvoyer dos à dos ». C’est pourtant exactement le contraire qu’a fait le journaliste dans le paragraphe suivant :
« Ce qu’ils offrent tous les deux, c’est un discours, surtout un discours. Ils éructent et admonestent ; ils sermonnent et ils dénoncent ; ils sont plus à l’aise dans l’imprécation que dans la précision ; ils peuvent se livrer tout entiers au plus échevelé des lyrismes et promettre des lendemains qui chantent puisque, de toute façon, ils n’arriveront pas de sitôt au pouvoir. Ils ne disent pas les mêmes choses, ne promeuvent pas les mêmes idéaux mais ils fabriquent tous les deux un monde irréel, où il fera bon vivre parce que les causes supposées de tous nos maux seront évacuées. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon font de la politique un puissant jet d’eau à la main. La première refoule les immigrés et l’euro. Le second les riches et le marché. La patronne du Front national pose ensuite des herses aux frontières en rêvant d’une France des années cinquante et soixante souriant à la paix retrouvée et à la reconstruction. Le patron du Front de gauche fait comme si la mondialisation était réversible et réinvente l’illusion de l’avenir radieux qui avait précipité le socialisme des origines dans le communisme totalitaire. Ils sont deux formes différentes de la nostalgie, cette maladie sénile des sociétés qui refusent de changer. Ils n’ont pas la même vision du monde, mais croient tous les deux qu’il est scindé entre le bien et le mal. Ils partagent peu de choses mais ressuscitent une politique « au front de taureau » (comme le disait Baudelaire à propos de la bêtise). Celle qu’ils vont servir à une population de la 11e circonscription du Pas-de-Calais, estimant sans doute que sa détresse la rend sourde à un discours nuancé, réaliste, rationnel, équilibré, que la complexité de la crise impose pourtant. »
Note de la rédaction :
1. Voir « Mélenchon = Le Pen ? L’Express « a envie de répondre oui »”
Il faut qu’il y ait une démocratie locale plus active, plus participative au sein du Fdg et du PG, pour démonter par l’exemple ces idées. Cela veut dire enlever du pouvoir décisionnel aux apparatchiks alors, seulement, les lecteurs seront distinguer tout seul ces calomnies médiatiques.
ban article…merci je partage!