Le journaliste Rachid Laïreche (Libération) divorce de la pensée

A-t-il seulement déjà été marié avec ?

     Le 30 décembre 2012, la rédaction toute entière de Libération avait choisi ses « couples de l’année ». « Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon » formaient le premier de la liste. Pour les journalistes de Libération, tout est affaire de personnes, et tous les jours ils font des métaphores de la relation conjugale. Ce 23 février 2016, Rachid Laïreche nous apprend donc que « Mélenchon divorce de Pierre Laurent et prouve son amour pour Vladimir Poutine ».

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Rachid Laïreche et Libération appliquent tous les jours le principe qui régit le journalisme depuis une quinzaine d’année : l’information doit être drôle, et si possible obscène. Les journalistes la veulent « décalée », « insolente » et « impertinente ». De cette culture de la coolitude et du jeunisme, ils ont fait un manifeste : « Vive la nouvelle info ! » (voir ci-contre). Ces courageux rebelles refusent de « servir la soupe » à ce qu’ils appellent « les politiques ». Eux s’autorisent une telle généralité mais la généralité « les journalistes » les fait atrocement souffrir. Quand Mélenchon critique certaines de leurs pratiques, c’est une attaque inacceptable contre la liberté de la presse ; quand eux flétrissent en bloc « les politiques », c’est acceptable et c’est exquis. Pour ne pas servir la soupe, on dégueule sur tout le monde, surtout sur Mélenchon, beaucoup moins sur les amis du PS – en toute neutralité, impartialité et déontologie bien entendu. Le 11 février 2016, Rachid Laïreche avait déjà dégueulé son PMU anti-parlementariste (voir « Bernie Sanders, nouvelle idole de Mélenchon »).

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Tous les articles de Rachid Laïreche transpirent le ressentiment contre Jean-Luc Mélenchon. Celui qui a titré le 9 décembre 2015 « Avec Mélenchon, l’égo tique » se garde bien lui-même de jamais évoquer le nombrilisme de sa profession, le sien et celui de ses confrères (par exemple Lilian Alemagna de Libération et Abel Mestre du Monde).

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Comme l’écrit Antoine Léaument, « pour Libération, la politique, c’est comme la Saint-Valentin. Ils sont tellement habitués aux petites combines de leurs amis du PS qu’ils ne comprennent même plus ce que c’est que de se battre pour des idées. Je veux dire au sens fort : ils sont désormais incapables de penser qu’il n’y a pas un coup fourré, ou qu’on ne peut pas en faire un soi-même. »

Dispositif lexical de l’article de Rachid Laïreche :

amour / L’idylle entre Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent / le couple se dispute en public / Une séparation officielle /certains couples se séparent pour mieux se retrouver

4drague-copie1Pour Libération (journal non populiste, non démagogue et non poujadiste) comme pour les autres, un responsable politique ne saurait convaincre et persuader par des arguments, mais seulement « draguer », « séduire », « manipuler »  ou « ratisser » des « fidèles » et des « troupes ».

Libération se situe systématiquement dans les registres de la séduction, de la religion et de l’armée. Son but est toujours le même : propager le poison du « tous pourris, tous manipulateurs, tous menteurs », évacuer les arguments rationnels, détruire toute possibilité de dialogue, donc d’espace public ;  en effet, si tous les mots ne sont que mensonge et volonté de manipuler, alors il n’y a plus de dialogue possible, donc plus d’espace public, donc plus de politique.

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5 réponses à Le journaliste Rachid Laïreche (Libération) divorce de la pensée

  1. Maxime Vivas dit :

    Un autre problème sur lequel il faut réfléchir est la connivence totale, l’esprit de clan, des journalistes qui ne remettent jamais en cause un confrère, quoi qu’il ait fait. C’est une loi non écrite, mais une loi d’airain.
    Pareillement, les journalistes sont serviles envers leurs invités comédiens ou intellectuels (écrivains, philosophes…), surtout s’ils sont déjà médiatisés, donc « de la maison ».
    Finalement, leur impertinence s’exerce essentiellement dans les interviews ou émissions-débats contre l’homme ou femme politique (sur l’air du « tous pourris ») avec des degrés divers qui sont déterminés par les intérêts du banquier, industriel ou marchand d’armes, qui possède l’un des médias où ils s’expriment.
    L’impartialité c’est : un coup de tapettes à mouches sur les doigts de Macron, dix coups de marteau-pilon sur la tête de J-L Mélenchon.

    • dorzedeja dit :

      Mélenchon est dangereux. La preuve, il ne traîne aucune casserole, il dissimule sa vie privée, il lit de vrais livres avec plein de pages et des tas de mots écrits dessus, il ne change jamais d’avis…Il n’est pas humain comme nous les journalistes. Il est élitiste, nous sommes démocrates.

    • Rosa dit :

      Impartialité proclamée, désir de séduire qui les a séduits …jeu du miroir …instant qui brille en surface…papillon qui parfois, hélas! nuit…

      • Rosa dit :

        Suite (trop vite parti!) : article qui donne dans le sensationnel, avec les mots/instruments violents de pouvoir journalistique, pour faire sensation : ah! le pouvoir des mots/flèches punitives, rage dont le scripteur voudrait évacuer le poison qui le ronge sur le dos du sujet de son courroux, évacuant par là- même et en toute inconscience, tout de sentiment de culpabilité…

  2. valentini dit :

    « les massacres des uns sont l’exact complément du bonheur des autres »

    Dolf Oehler, Juin 1848, le spleen contre l’oubli, éditions la fabrique, p.330

    courte citation, tirée d’une étude consacrée au Flaubert de « l’Éducation Sentimentale » où il est justement question de ce cocktail éro-psy-pol qui fait pschit ! comme un pétard mouillé. Après les pétarades de la coolitude, son cloaque sang sperme et excréments. Mais eux les journalistes tous nourris repus gavés allez savoir pourquoi, tout à coup, ils se souviennent qu’ils sont humains, et alors ils vont sur la grande platitude universelle et générale où bondir et rebondir comme au paradis dans le temps privé de vie.

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