Dans son article du 6 juillet – « Après la victoire du non au référendum en Grèce, François Hollande communique sur la crise plutôt que sur le résultat » – le journaliste d’Europe1 Sébastien Tronche informe :
« Dans la classe politique les réactions se sont multipliées. Jean-Luc Mélenchon, co-fondateur du Parti de gauche et fervent soutien du d’Alexis Tsipras, appelait même à un rassemblement dimanche soir place de République pour célébrer le « non » à un projet, selon lui sournois et calamiteux ». La gauche de la gauche et les « frondeurs » du PS ont sur la même longueur d’onde salué le refus du peuple grec face aux exigences de ses créanciers, de même que le FN, à l’autre bout de l’échiquier politique. »
De même. La routine dans le monde d’absence de pensée qu’est le Parti Médiatique. Pour lui, peu importe que le Front national soit obligé de brouiller les pistes pour prospérer, comme tout parti fasciste, qu’il soit obligé de prétendre saluer la gauche grecque antiraciste et de produire dans le même temps un communiqué titré « Grèce : Le Front National, pour le principe du remboursement de la dette ! ». Tout journaliste un minimum cultivé en histoire sait pourtant qu’il est absurde de chercher une ligne politique claire et stable chez les mouvements fascistes. Les journalistes qui font mine de le faire sont dans leur rôle de dédiabolisateurs, puisqu’ils cherchent à aligner le FN sur les autres partis, donc le racisme sur les « autres idées ». De même que le FN est capable de copier-coller des paragraphes entiers d’un discours de Mélenchon – ne serait-ce que pour encourager la plantufication des médias –, de même les fascistes peuvent faire mine de soutenir des idées sociales pour vampiriser l’électorat de gauche et faire régner la confusion avec l’aide zélée des journalistes. Sébastien Tronche n’explique pas pourquoi le FN, parti fasciste, prétend soutenir Syriza. Il n’explique pas que c’est une stratégie cohérente pour créer la confusion. Il prétend livrer un « fait » brut, de même que son collègue d’Europe1 Sylvain Chazot jubilait d’écrire (très innocemment) deux fois dans un article que « Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont d’accord ». Livrer ce genre de « fait » brut, sans aucun commentaire, n’est pas un acte de malveillance de leur part. C’est un jeu. Ils s’amusent. Tout est drôle, tout est futile, tous pourris, tous menteurs, tous manipulateurs. C’est la ligne poujadiste, nihiliste, cynique au sens non philosophique des jeunes journalistes mal payés du « Lab » d’Europe1 – mal payés mais si fiers d’appartenir à ce qu’ils croient être une élite, alors qu’ils ne sont ni artistes, ni penseurs, ni législateurs. Ils sont journalistes. Or le journalisme accomplit sa tâche, écrit Nietzsche, « conformément à sa nature, c’est-à-dire, comme son nom l’indique, comme une tâche de journalier ».