La routine dans la presse rigoureuse, déontologique et impartiale
Dans son édition du 18 au 24 juin, Le Nouvel Observateur publie un article de Audrey Salor et Jean-Yves Lacote, « Mélenchon, un chef de famille encombrant ». Sous-titre : « Cécile Duflot a rompu, le PCF se lasse de ses foucades et ses provocations inquiètent jusqu’au sein du Parti de gauche. Et si l’atout de la gauche radicale en 2012 en était devenu le boulet ? »
Le 15 décembre 2014, le journal Les Échos avait titré « Le boulet Mélenchon ». Le 22 novembre 2014, c’est le journaliste Charles de Saint Sauveur qui voyait en Jean-Luc Mélenchon un « boulet » (et fustigeait ses « foucades » – tiens, comme Audrey Salor et Jean-Yves Lacote). Logique : la question d’un sondage du Parisien à 1012 personnes était de savoir si Mélenchon était « un atout ou un handicap », ainsi le journaliste a-t-il pu écrire que « les Français le voient comme un boulet pour son camp (65%) ».
Il faut reconnaître avant tout que la photographie qui illustre l’article n’est pas injurieuse, car c’est très rare. Ne pas choisir une photographie injurieuse de Mélenchon, on appelle ça, chez la jeune génération de journalistes, « servir la soupe ». Voyons donc comment les auteurs servent la soupe dans la suite de leur travail.
Première citation anonyme (et une erreur de date) dans la première phrase de l’article :
« Un cadre du PCF se souvient à quel point la scène l’avait frappé. En septembre dernier, peu après avoir quitté la coprésidence du Parti de Gauche (PG), qu’il a fondé en 2009, Jean-Luc Mélenchon prend la parole […]. « Jean-Luc Mélenchon lui-même a conscience que son personnage peut être un frein ».
Les deux journalistes se servent de la citation pour informer objectivement le lecteur de la raison de l’échec de Mélenchon : « En cause, notamment : son caractère tempétueux, son agressivité et ses prises de positions unilatérales qui inquiètent jusque dans son camp ».
Deuxième citation anonyme :
« C’était pire qu’une réunion d’EELV, raconte un participant. Ce que Mélenchon balançait à la gueule de Laurent, c’était incroyable ! »
Troisième citation anonyme :
« Mais un proche du patron du PCF, Pierre Laurent, tranche : « Jean-Luc est prisonnier de son personnage et commence à devenir un repoussoir ». »
Quatrième et cinquième citation anonyme :
« Un des proches de Pierre Laurent précise : « Leurs relations ne sont pas froides. Le problème est d’abord politique. » Traduction d’un autre : « Les communistes étaient déjà mal à l’aise avec le discours anti-élites, ils le sont encore plus avec la résurgence de la thématique nationale. Ce qu’ils reprochent à Jean-Luc, c’est de les extrémiser, la grande peur du PCF, c’est l’amalgame.«
Sixième citation anonyme :
« Le poids pris par une motion inconnue est un élément de crise », s’inquiète un responsable du Front de gauche.
Septième citation anonyme :
« S’il n’était pas un repoussoir, il serait le candidat naturel », admet-on au PCF. »
Tiens, et que titraient Libération et Le Point les 5 et 8 décembre 2013 ?
Voir aussi :
– « Libération cite des anonymes: Mélenchon = « anti-républicain » »
– « Dix citations anonymes en cinq jours ».
Quand on fait de la musique avec deux doigts, faut pas s’étonner que la partition soit un chouïa répétitive et monotone…