Trois journalistes de Libération, Le Monde et Valeurs Actuelles ne font aucune différence entre « les Grecs » et le gouvernement grec. Bien sûr Mélenchon est « germanophobe » mais eux ne sont pas hellénophobes.
Le 4 février, Marine Le Pen a produit un communiqué de presse titré « Grèce : Le Front National, pour le principe du remboursement de la dette ! ». Extrait :
« Si le Front National, qui ne partage pas le programme politique de Syriza, est favorable à un éventuel moratoire sur la dette avec un rééchelonnement de la durée et des intérêts pour permettre un nouveau départ à la Grèce et ainsi éviter une crise humanitaire, en revanche une dette est une dette. Ne pas rembourser le principal de sa dette est un risque de réputation inacceptable et rembourser est un devoir éthique pour un « Etat de droit ». La dette grecque devient alors une question de politique étrangère. »
Et voici un article du 6 février titré « Les Grecs ne rembourseront jamais » paru dans journal Valeurs actuelles :
« Au lieu que la Grèce danse au rythme imposé par les marchés, avec nous, c’est l’inverse qui va se produire : Alexis Tsipras, le Mélenchon grec, est un sacré roublard. Après avoir empoché les milliards des contribuables italiens, espagnols, français et allemands, l’ancien militant des jeunesses communistes prend des postures de Che Guevara et refuse de rembourser. Facile ! Et pas très fair-play pour les millions de contribuables européens qui ont volé au secours de son pays voici quelques années.
À Paris, dans un unisson confondant, politiques de gauche et de droite ont salué le “courage” de l’extrême gauche grecque, offrant ainsi à ce poujadisme démago et régressif, un magnifique blanc-seing. Car l’élection de Tsipras est un bras d’honneur à l’Union européenne. Un de plus. Depuis des décennies, Athènes ne se prive pas d’humilier ouvertement Bruxelles. On s’en souvient, la Grèce avait truqué ses comptes pour entrer dans la zone euro, avec l’aide de Goldman Sachs. Dans les années 2000, malgré les mises en garde de la Commission européenne, l’État grec avait augmenté les salaires de ses fonctionnaires… trois fois plus que dans la moyenne des États européens ! En 2009, en pleine crise, le socialiste Papandréou faisait le choix de rehausser le montant des retraites et de diminuer le prix des transports publics.
Depuis des années, l’Europe est bonne fille. Elle avale des couleuvres, se contentant de réclamer un peu plus de rigueur budgétaire à un peuple qui ne dispose même pas d’une administration appropriée pour recouvrer l’impôt. Via notamment le Fonds européen de stabilité financière (FESF), l’Europe a prêté 60 % des 320 milliards d’euros qui constituent la dette grecque. Les Hellènes doivent donc 56 milliards aux contribuables allemands, 42 aux Français, 37 aux Italiens, 24 aux Espagnols…
Alors qu’aujourd’hui Tsipras veut renégocier la dette de son pays, l’Europe, décidément peu rancunière, « cherche des solutions » pour l’agréer. À cette minute, de braves technocrates bruxellois planchent sur l’allongement de la durée du remboursement et sur l’abaissement des taux d’intérêt, pourtant stabilisés à environ 2 %.
Soyons lucides : le contribuable européen n’est pas près d’être remboursé… Voici ce que chaque habitant, bébés inclus, perdrait si la dette grecque était effacée : l’Allemand, 691 euros ; le Français, 636 euros ; l’Italien, 616 euros ; l’Espagnol, 510 euros.Les Grecs doivent donc 636 euros à chaque Français. Soit environ 1 166 euros par foyer fiscal…
Il va sans dire que les contribuables des pays de la zone euro sont les premiers concernés par les discussions en cours. Si la dette grecque était rééchelonnée ou — qui sait ? — effacée, ce sont eux qui paieraient, au sens propre. Mais ça, les Grecs s’en moquent. »
Encore un journal, donc, qui parle comme Marine Le Pen. Tiens, et puis encore deux :
Voir aussi ces trente et un cas de journalistes qui parlent comme Le Pen.
Rappelons que le FN soutint en leur temps Thatcher et Reagan, c’est-à-dire les thèses de l’actuelle UMP, talonnée par le PS. D’une manière générale, on a toujours tort de chercher une ligne politique claire et stable chez les mouvements fascistes. Les journalistes qui font mine de le faire sont dans leur rôle de dédiabolisateurs, puisqu’ils cherchent à aligner le FN sur les autres partis, donc le racisme sur les » autres idées ». De même que le FN est capable de copier-coller des paragraphes entiers d’un discours de Mélenchon – ne serait-ce que pour encourager la plantufication des médias-, de même les fascistes peuvent faire mine de soutenir des idées sociales pour vampiriser l’électorat de gauche et faire régner la confusion avec l’aide zélée des journaleux.