C’est bien le problème
Dans son article paru le 3 novembre dans le journal L’Opinion, « La France ultra-libérale ? Un fantasme », le journaliste Olivier Auguste se plaint que « jamais la France n’a été autant socialisée ». Il ajoute que « c’est bien le problème ». L’illustration de son article assimile Mélenchon à Le Pen, grimés en couple de Thénardier, en toute nuance, déontologie et rigueur historique et journalistique. En effet, De Gaulle et Pétain, c’est la même chose ; l’antifascisme et le fascisme, c’est la même chose, le bourreau et la victime, c’est la même chose. Victor Hugo, créateur des personnages des Thénardier, criminels esclavagisant une enfant dans Les Misérables, était républicain socialiste. Il était aussi la même chose que les royalistes esclavagistes qu’il combattait.
Le problème est pourtant précisément le contraire : les journalistes militants tels que Olivier Auguste font leur propagande pour tuer le service public et le modèle social français. Ce sont eux les Thénardier. Pour se délester de leur culpabilité, ils doivent rejeter la faute sur l’innocent. Le problème, c’est aussi la sur-stimulation médiatique qui promeut l’absence de pensée, les pulsions plutôt que la raison, les flash-news plutôt que la lente rigueur du journalisme d’investigation, le mélange de grave et de futile. Là est bien le problème. Ce journalisme tue non seulement le modèle social français, mais plus : étant lui-même absence de pensée, il s’étend partout et, comme le disait le philosophe Nietzsche en 1872, il se substitue à la culture :
« Le journalisme est le confluent de deux directions : élargissement et réduction se donnent ici la main ; le journal se substitue à la culture, et qui a encore, fût-ce à titre de savant, des prétentions à la culture s’appuie d’habitude sur cette couche de colle visqueuse qui cimente les joints entre toutes les formes de vie, toutes les classes sociales, tous les arts, toutes les sciences. C’est dans le journal que culmine le dessein particulier que notre temps a sur la culture : le journaliste, maître de l’instant, a pris la place du grand génie, du guide établi pour toujours, de celui qui délivre de l’instant. » (Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement, Première conférence, Nietzsche.)
Les journalistes qui ne pensent pas mais journalisent : voilà bien le problème
Les journalistes qui n’ont qu’une « culture » journalistique, mais aucune culture philosophique, ni historique, ni politique : voilà bien le problème. Ce journalisme est avec l’extrême droite le plus grand danger pour la culture. Illustration logique : le journaliste Olivier Auguste et la fasciste Marine Le Pen, c’est bien la même chose :
Olivier Auguste a été auparavant rédacteur en chef au Figaro, au Figaro économie, chez BFM radio, et chez Europe1 (voir à ce sujet le traitement de J.-L. Mélenchon par six journalistes d’Europe1).
Ci-dessous, un autre célèbre dessin assimilant Mélenchon à Le Pen, paru dans L’Express en janvier 2011. Mélenchon y apparaît même pire que Le Pen puisque celle-ci est souriante.
Voir aussi ces plus de cent billets répertoriant les assimilations de Mélenchon à l’extrême droite dans la presse (certains billets répertorient eux-mêmes parfois jusqu’à quatorze ou quinze assimilations).
C’est vrai que ces deux-là, quand on les scrute, présentent la même profondeur dans la mièvrerie, la même authenticité niaise: Olivier Auguste et Marine Loyal.
Il est important, pour tout journaleux comme Olivier Auguste, d’exhiber fièrement les gages de sa soumission à l’ordre idéologique établi.
Par curiosité, quel est le parcours scolaire/universitaire de ce M. Auguste ?