L’assimilation du Front de Gauche et de Mélenchon à l’extrême gauche, généralement présentée comme risible, fait partie des cinq techniques pour discréditer le Front de Gauche sans avoir à argumenter. Dans son article paru le 26 août dans Le Monde – « La comparaison hasardeuse de Montebourg à Cincinnatus » –, Charlotte Chabas écrit que Jean-Luc Mélenchon est d’extrême gauche. Le 12 avril, un journaliste anonyme du Monde titrait un article « « Hollande ça suffit » : l’extrême-gauche manifeste à Paris« … illustré par une photographie de Mélenchon et de Liêm Hoang-Ngoc, membre du PS :
Le journal Le Monde s’étant tellement droitisé et extrême droitisé, cela n’est plus étonnant. Un journal qui classe Mélenchon à l’extrême gauche, qui dédiabolise et glamourise Le Pen, qui vend une page entière de tract contre les homosexuels pour 138 000 euros, voilà ce qu’est devenu ce qui était autrefois un journal de référence. Il est amusant de noter qu’il y a deux ans, Le Pen a qualifié Mélenchon d’ « hurluberlu d’extrême gauche »¹.
Ce que propose Mélenchon est tout ce qu’il y a de plus banalement de gauche : retraite à 60 ans, semaine de 35h, écarts de salaire ne dépassant pas une échelle de 1 à 20, revenu maximum de 30 000 euros par mois, soit 1000 euros par jour. Par jour. C’est extrême. C’est violent, cruel et barbare.
Madame la journaliste, donnez donc votre définition de l’extrême gauche
Venons à la définition de l’extrême gauche. L’extrême gauche, qu’est-ce que c’est ? L’extrême gauche rejette par principe la République en tant que régime représentatif avec lequel elle veut rompre radicalement et immédiatement par la révolution, par la violence. Ce n’est pas le cas de Mélenchon, républicain socialiste et écologiste, qui souhaite passer par les urnes pour prendre le pouvoir, démocratiquement, pacifiquement, tranquillement, sans violence. Mélenchon n’est donc pas d’extrême gauche. Ce qui peut rendre la chose confuse pour les gens mal informés ou pour des journalistes un peu faibles ou paresseux d’esprit, c’est qu’il veut une révolution citoyenne. Ne tombez surtout pas dans le piège de plancher uniquement sur le mot révolution, sinon vous serez hors-sujet ! Il s’agit bien d’une « révolution citoyenne », c’est-à-dire, pour Mélenchon et tous les partis du Front de gauche, d’un changement radical des institutions, mais par les urnes, menant à la convocation d’une assemblée constituante, pour aller vers une VIe République parlementaire, sociale et écologiste. L’assimilation de Mélenchon à l’extrême-gauche est donc irrationnelle. Vous affirmez qu’il est d’extrême gauche ? Très bien, démontrez.
L’Histoire – mais pas que- nous enseigne la complexité humaine. Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. La grisaille est notre quotidien. Les Robespierre qui prônent la vertu seront donc toujours des « extrémistes ». Inversement, leurs adversaires paraîtront toujours plus » humains » ( trop humains), tant il est vrai que rien n’est plus humain que la médiocrité, dont les médias nous offrent, par exemple au » Monde », chaque jour des signes plus probants.
vous caricaturez, à votre tour, l’extrème gauche pour mieux en démarquer JLM.
Qui a parlé de Staline ?
Jean a raison : vous avez le mérite de donner votre définition de l’extrême-gauche, mais elle fausse, ou du moins caricaturale. A mon sens oui l’extrême-gauche, dans ses différentes composantes, pense qu’il est vain de réformer le régime actuel et qu’il faut remplacer radicalement. Et à mon avis beaucoup de militants du Front de gauche sont d’accord avec ça et pourraient être qualifié d’extrême-gauche, ce qui n’est d’ailleurs pas nécessairement infamant. mais surtout, vous écrivez qu’elle veut le faire par la violence. C’est peut-être vrai d’une minorité. Mais beaucoup de révolutionnaires n’aspirent pas à la violence. Et si souvent il y a de la violence dans les révolutions, c’est aussi dans bien des cas du fait du pouvoir en place (d’ailleurs n’avons-nous jamais vu de manifestations pacifiques réprimées par la violence dans notre société actuelle ?).
Vous avez raison. Mais il n’y a écrit nulle part que l’usage d’une violence légitime, de légitime défense, est infamant.
le capitalisme financier est issu du capitalisme industriel, de même la gauche social-libérale est issue du la gauche social démocrate. Il n’y a pas différence de nature. Mélenchon n’est pas d’extrême gauche, dont acte! C’est effectivement un social-démocrate classique, un « Jaurès » pour le meilleur, donc un réformiste. L’échec de la révolution russe et du stalinisme ont masqué l’essentiel, l’échec du réformisme social-démocrate. La différence entre réformisme et révolution tient dans l’attitude vis à vis de la politique partidaire. Mélenchon est toujours dans la recherche d’ alliances électorales. Ce qui distingue le réformiste du révolutionnaire c’est que pour ce dernier, sans l’intervention active du peuple, il n’y a pas possibilité de changement politique (du moins en faveur des exploités). J’ai enregistré que JLM parlait maintenant non plus de rassembler la gauche mais de rassembler le peuple. Très bien ! mais pour quel programme ? JLM encourage-t-il l’expression autonome du peuple, l’intervention active du peuple dans tout ce qui le concerne, les assemblées, l’entreprise, la rue ? Ce qui distingue le révolutionnaire du réformiste ce n’est pas l’appel à la violence mais l’appel à l’autonomie. Dans les périodes révolutionnaires, la violence est toujours une réaction à la violence des possédants. La 6ème, oui si elle est l’aboutissement d’un vaste mouvement du peuple pour ressaisir son avenir, non si elle est issue de combinaisons partisanes. L’Etat tel qu’il est aujourd’hui est un parfait instrument de domination au service des possédants. JLM pense-t-il qu’un changement de gouvernement suffira à changer la nature de cet état ? JLM n’ a jamais rien dit à ce propos.