Selon le Syndicat National des Journalistes, Mélenchon est d’extrême droite
« défendre la déontologie »
(extrait de la devise du SNJ)
Le 6 mai, à la suite des attaques acceptables de Libération et du Monde contre Mélenchon, le Syndicat National des Journalistes a produit un communiqué titré « Des critiques, oui, des menaces, non, camarade Mélenchon ! »
Ce communiqué prouve une fois de plus que l’autocritique, la nuance et le pluralisme ne sont pas des valeurs largement partagées dans cette profession. Le titre évoque « des menaces » parce que les interactions entre journalistes et Front de gauche pourraient être filmées. Cela donne la mesure de la « déontologie » des auteurs du communiqué. La partie du titre – pas méprisante ni condescendante – « camarade Mélenchon » annonce le ton : ce communiqué sera très respectueux et non partisan. On y trouve tous les éléments de langage habituels de la « pensée » médiatique :
« La démocratie n’a pas besoin des insultes et des excès qui font le lit des extrêmes. »
« Les extrêmes ». Expression qui ne signifie absolument rien, sauf pour les faibles d’esprit qui mettent dans le même sac le racisme et son contraire, la victime et son bourreau – ce que les auteurs du communiqué font trois fois en tout :
« […] le camarade Mélenchon prend la responsabilité de raviver le climat délétère à l’encontre des journalistes, qui avait déjà pris des proportions inquiétantes lors de la campagne présidentielle de 2012, puis lors des manifestations contre le mariage pour tous. »
Ce faisant, le camarade Mélenchon utilise les armes du camp qu’il affirme combattre, en désignant à la vindicte populaire des boucs émissaires. Ce faisant, Mélenchon alimente en permanence le cirque médiatique qu’il prétend dénoncer. »
Passons sur les trois utilisations (très respectueuses et impartiales) du terme « camarade » pour s’adresser à J.-L. Mélenchon. Ce communiqué met sur le même plan la critique républicaine et sociale que Mélenchon fait des médias, et la critique fasciste des manifestants contre le mariage pour tous (royalistes, antisémites, anti-homosexuels, etc.). Il met sur le même plan le bouc-émissaire du raciste (qui est haï pour son être) et la cible de Mélenchon (certaines pratiques journalistiques). Mélenchon ne s’en prend pas à l’être de minorités, mais à certaines pratiques – qui pourraient être autres. Laurence Parisot, ancienne présidente du MEDEF, avait parlé, elle, de « racisme anti-patrons« .
Venons à l’introduction :
« S’en prendre aux journalistes, responsables de tous les maux de la terre, c’est devenu une habitude chez lui. Jamais avare d’une invective contre un photographe, ou d’une humiliation publique infligée à un stagiaire, Jean-Luc Mélenchon est allé encore plus loin, ce dimanche 4 mai sur son blog, dans une diatribe publiée contre les quotidiens Le Monde et Libération, en incitant ses militants à « surveiller de façon étroite et vigilante » les journalistes de ces deux quotidiens, jusqu’à « filmer leurs agissements, si possible ». »
Pourquoi filmer les filmeurs ?
« On est venus filmer les moches ; rien à foutre du discours »
un membre du Petit Journal – émission (classée dans la rubrique Divertissement de CANAL+) qui a perdu au moins six cartes de presse en août 2012
Donnons donc aux journalistes « investigateurs » et « de terrain », auteurs de ce communiqué, l’information qu’ils ne sont pas allés chercher : l’incitation à surveiller et à filmer les agissements des militants politiques de Libération et du Monde (qui se trouvent par ailleurs être journalistes) est une réaction à leurs pratiques illégales, déloyales, violentes et profondément irrespectueuses.
Exemples : filmer Mélenchon ou d’autres militants en cachette, pour « faire le buzz » avec quelques phrases volées, puis découpées et sorties de leur contexte ; harceler ; provoquer pour fabriquer de l’information ; chercher systématiquement à filmer ce qui dysfonctionne plutôt que ce qui fonctionne (pendant une manifestation, un meeting, un mouvement de foule, et ne sélectionner que les dysfonctionnements – sélection bien sûr neutre et objective), etc.
Si Mélenchon a incité à surveiller et filmer les surveilleurs et les filmeurs, c’est aussi pour être capable de répliquer aux marchands de « buzz » et de « clash » que sont – à l’image du Petit Journal – Le Monde et Libération. La première phrase de cet article mentionne, comme cela a été fait des milliers de fois avant déjà dans toute la presse, le fameux épisode buzzant du « pauvre petit étudiant » en journalisme, longtemps repeint en « journaliste ». Ce « buzz » se fondait sur une altercation de plus de six minutes entre Mélenchon et un petit provocateur faible d’esprit. La corporation médiatique avait victimisé le pauvre petit étudiant avec son bout de deux minutes, transformé en bout de 10 à 15 secondes, qui tourna en boucle. Un an plus tard, une version de 6 minutes est apparue. Hélas, le format long – qui est celui du fond, de la pensée – est rarement celui du journalisme et des marchands de « buzz ».
Enfin, le SNJ écrit sans second degré, après avoir hurlé avec la meute (qui s’intéresse uniquement aux « dérapages » et aux « excès » de Mélenchon mais beaucoup moins à ses propres « excès » et « dérapages ») :
« Le SNJ n’entend pas cautionner pour autant les politiques éditoriales à sens unique de certains grands médias, le sensationnalisme, la quête effrénée du buzz et de l’audience à tout prix, qui sont autant de freins à la production d’une information honnête et de qualité. »
Non bien sûr, le SNJ ne cautionne pas les politiques éditoriales à sens uniques. Il n’y a qu’à voir le dispositif lexical de son communiqué, à sens pas unique du tout :
camarade Mélenchon ! / c’est devenu une habitude chez lui /Jamais avare d’une invective / Jean-Luc Mélenchon est allé encore plus loin / diatribe / contre / Le co-président du Parti de gauche n’a pas à / ses humeurs du moment / dérapage / relents de chasse aux sorcières/ le camarade Mélenchon / le camarade Mélenchon / Mélenchon alimente en permanence le cirque médiatique qu’il prétend dénoncer/ N’a-t-il trouvé que ça, pour rendre audibles ses idées ?/ ces écarts /insultes / des excès / extrêmes
Et bien sûr, pas un mot du SNJ pour s’offusquer des photos truquées du journal Le Monde contre Mélenchon ! Déontologie, indépendance, éthique, neutralité, objectivité, impartialité. Etc.
Est-il permis de surveiller les surveillants ?
Un excellent article du magazine Causeur – qu’on ne peut suspecter de mélenchonisme :
« Mélenchon veut surveiller les surveillants. Scandale!
A-t-on le droit d’enquêter sur les journalistes ? »
L’auteur conclut :
« En attendant, cet épisode tordant a une morale. Espionner, dénoncer, fliquer, fouiner, pour un quidam c’est très mal et ça rappelle les heures les plus sombres de notre histoire, pour un journaliste, c’est un acte de résistance. Alors, moi, quand je serai grande, j’aimerais bien avoir une carte de presse. »
A reblogué ceci sur JOURNAL LE COMMUN'ART.
je ne sais pas d’où te vient cette haine des journalistes, le gars du blog, mais là, tu vas trop loin… Et cela me devient de plus en plus suspect. j’aurais rêvé d’être journliste, et donc devrais je me sentir coupable ? Tout ce qui vient de Mélenchon n’est pas parole d’évangile et là tu es en train de passer la ligne… Ne t’est-il jamais venu à l’idée que les journalistes étaient des salariés comme les autres, soumis aux mêmes contraintes hiérarchiques que les fonctionnaires ou les ouvriers. Quand on comprend cela, on ne s’égare pas dans les mêmes fonds de rue…. Et donc, je confirme ; quand Mélenchon appelle à surveiller et à signaler les moindres faits et gestes des journalistes, il est en plein délire. Et toi, sous emprise. Point barre.
Allez, tous les clichés enfilés comme des perles. Tu fais le perroquet là : « haine des journalistes », ce qui vient de Mélenchon = « parole d’évangile », blablabla. Tu peux pas concevoir une seule seconde qu’on puisse penser comme Mélenchon sans forcément boire ses paroles ? Tu ne critiques pas le fond : le fait que ce communiqué assimile Mélenchon aux fachos des manifestation contre le mariage pour tous. Il n’y a aucune haine des journalistes ni dans l’OPIAM ni chez Mélenchon. Mais une haine de l’inculture et de la paresse intellectuelle très répandues dans les médias. Tu captes la différence ? Ou tu la captes pas ? Tu rêves de ce que tu veux camarade. C’est ta vie privée.
« Haine des journalistes » ? Sans doute ceci t’a-t-il échappé, camarade : http://opiam2012.wordpress.com/2014/05/04/faille-spatio-temporelle-au-journal-le-midi-libre/
Mélenchon n’a jamais appelé à surveiller ni à signaler « les moindres faits et gestes des journalistes ». Qui délire ?
« Ne t’est-il jamais venu à l’idée que les journalistes étaient des salariés comme les autres, soumis aux mêmes contraintes hiérarchiques que les fonctionnaires ou les ouvriers. Quand on comprend cela, on ne s’égare pas dans les mêmes fonds de rue… »
Mais c’est justement eux que défend Mélenchon, pour en avoir été lui-même témoin et victime (en tant que pigiste dans sa jeunesse) !
Mélenchon défend les pigistes, mais toi tu viens à la rescousse de la hiérarchie qui les étouffe !
Tu la vois la contradiction de ton discours ?