Mimétisme, poujadisme et « Mélenchon = Le Pen » à la pelle
Le 3 décembre 2013, l’éditocrate Jacques Camus a recyclé son titre neutre et objectif déjà paru le 16 mars 2012 (« Le « Mélenshow »« ) – dans lequel il assimilait J.-L. Mélenchon à M. Le Pen, dans sa conclusion. Non seulement un grand nombre de journalistes se recopient les uns les autres, mais ils se recopient aussi eux-mêmes. La fonction du jeu de mots « mélenshow » est typiquement poujadiste. L’idée, c’est : « tous comédiens, tous menteurs, tous pourris ! ». Sauf le Journaliste bien entendu, ce saint, ce dieu¹.
Dernière phrase de l’article du 16/03/12 (soit deux jours avant le rassemblement à la Bastille – rassemblement qui était selon le journaliste modéré et objectif Jacques Julliard, de Marianne, ne l’oublions jamais, la même chose que “les enthousiasmes collectifs organisés, tels qu’on les pratiquait dans l’Allemagne nazie et la Russie soviétique”²) :
« Devenu le champion apprécié des « nonistes », Mélenchon est devenu à François Hollande ce que Marine Le Pen est à Nicolas Sarkozy.«
On peut se faire une idée du nombre de journalistes qui emploient le jeu de mots « mélenshow » en cherchant tout simplement « mélenshow » dans Google… Faut-t-il rire ou pleurer du fait que ces journalistes croient être originaux et malins ?
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Ne parler que de la forme et occulter le fond, ne voir dans la parole que le mal n’est pas une « idée » modérée. C’est le propre de l’extrémisme et du populisme, celui qui flatte les bas instincts du peuple (bien plus de droite que de gauche, car certes il existe aussi des gens simplistes de gauche, qui pensent que toute parole est un mensonge). Dès lors que l’on met en cause systématiquement la parole politique elle-même, il n’y a plus aucune parole politique possible, donc plus de débat, plus de démocratie. Il faudrait laisser les experts et les journalistes débattre entre eux, eux les seuls vrais démocrates.
Quatre exemples d’idées réduites à néant par des journalistes objectifs :
1. En avril 2012, voici « Ce qu’il fallait retenir de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon dans l’émission « Des paroles et des actes » » selon le journaliste d’Europe1 Thibaut Pézerat. D’abord, une photographie d’un Mélenchon qui a l’air ridicule plutôt qu’une où il sourit ou une ou il a un air neutre (ces possibilités existaient mais le journaliste neutre et objectif a préféré une photographie dégradante). Ensuite « ce qu’il fallait retenir » selon le journaliste c’était aussi les « petites phrases », le « running gag » et « un nouveau clash avec un journaliste ». Pas un mot sur les 19 propositions qu’a faites J.-L. Mélenchon au cours de l’émission. Voilà comment on dénonce le soi-disant « show » de J.-L. Mélenchon. En trafiquant, en manipulant, en mentant. Mais Mélenchon, il est méchant avec les journalistes :
2. Voici « ce qu’il faut retenir » de Mélenchon un dernier jour de campagne électorale présidentielle :
3. Une journaliste d’Europe1, en février 2012, a réduit une entrevue de J.-L. Mélenchon de 50 minutes chez France Inter au titre « Mélenchon vous « manipule » » (en faisant croire à ses lecteurs que J.-L. Mélenchon s’adressait à eux alors qu’il parlait aux journalistes qu’il avait en face de lui) :
4. Au Grand Journal d’Aphatie et Denisot, le même mois, le compte-rendu qui a été fait d’un discours d’1h30 de J.-L. Mélenchon – dont 20 minutes de critique détaillée et argumentée du programme de Mme Le Pen – a été : Mélenchon traite Le Pen de semi-démente. Ariane Massenet : « C’est un peu violent ». Olivier Pourriol : « C’est un peu agressif ». Jean-Michel Aphatie : « Semi-démente aussi, il y a pas mal de qualificatifs »… « Mais l’insulte… » ; « C’est vrai que c’est un peu choquant » ; « Marine Le Pen est bête ? ». (voir « Front (de gauche) contre Front (national) : Le Grand Journal referme le cercle de la raison », Acrimed,
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1. Voir à ce sujet « Tous pourris sauf Nous les Journalistes ! Vive Nous !« , OPIAM, 15/06/12.
2. « Mélenchon peut-il faire perdre Hollande ? », 7 avril 2012, Marianne.
La soumission servile, la langue de bois nihiliste, le conformisme médiatique, ce n’est pas le show. La volonté de réconcilier culture et politique, la dénonciation du TINA, le coup de pied dans la fourmilière de la novlangue, ça c’est le show. Vive le show.
Et, même lorsque des gens font oeuvre salutaire en mettant en question les manipulations et les bidonnages dans les médias, le seul exemple donné pour illustrer leur propos est… Jean-Luc Mélenchon bien sûr ! qui, en plus d’être très très méchant avec les journalistes, manipule et bidonne à chacune de ses apparitions, bien entendu. Exemple : cet interview des « indignés du PAF » (à partir de à 1:14:40′) : http://www.euradionantes.eu/blog/2013/12/10/18-12_l-europe-dans-tous-ses-tats ; ou encore cet article, à nouveau sur « les indignés du PAF » : http://www.webullition.info/medias/les-indignes-du-paf-nous-voyons-bien-que-les-gens-ne-croient-plus-aux-medias/ . Eh oui, les gens ne croient plus aux médias, mais ça aussi c’est #lafauteàMélenchon !!! 😉
Il va peut être un jour être utile de se poser la question de savoir de quel droit les journalistes dits d’information , que ce soit sur les chaines de télévision, les radios et les différents types de journaux se permettent a ce point de dévoyer l’information toujours suivant un mode de pensée formaté de préférence de gauche, de préférence en «langue de bois», de préférence en faveur des copinages intéressés et récurrents, et toujours contre ceux qui ont le front de dénoncer leurs compromissions. Prenons plusieurs exemples : Lorsqu’un journaliste (écrivain ou photographe), est malheureusement tué en accomplissant son devoir d’information, c’est un drame national relayé par tous les médias ; lorsque c’est un jeune militaire tué au combat pour défendre des valeurs de liberté, cela est traité en huit secondes aux journaux télévisés, la lettre ouverte du Général de Lambert a Monsieur Pujadas, (Tirésias : http://www.tiresias.info/2012/01/lettre-a-m-pujadas-journaliste-dinformation/ ) en est une remarquable illustration.