Libération, tout en nuance, jamais dans l’outrance
Le 8 novembre, Libération a publié un article de Jean Viard – sociologue et
titré « Bonnet brun, bonnet rouge et blanc bonnet ». Une fois de plus, Libération a donné la parole à un simplificateur qui extrait quelques mots de leur contexte – ici : six ! – pour diffamer Jean-Luc Mélenchon en refusant d’entendre ses arguments.« Les appartenances de classe, de nation reculent. Il faut avoir la suffisance de Jean-Luc Mélenchon pour dire aux ouvriers licenciés qui manifestent à Quimper que «les esclaves manifestent avec leurs maîtres». Cette formule fait aussi mal que celle de Marine Le Pen faisant semblant de s’interroger sur la longueur de barbe d’otages fraîchement libérés. Nous avons besoin de solidarité, nous avons besoin de patrie, mais nous n’avons pas besoin de singer les années 30. Ni brun ni rouge. »
Pour avoir déjà fait du Mélenchon = Hitler, du Mélenchon = purificateur ethnique ou encore du Mélenchon « hanté par les pires crimes », Libération devrait plutôt s’appeler Simplification. Car si faire une métaphore à propos de travailleurs dépourvus de conscience de classe, c’est être « rouge » (traduction, au choix : stalinien, communiste ou nazi – tout ça, de toute façon, c’est du pareil au même pour les grands simplificateurs de Libération), alors plus aucune parole n’est possible. L’auteur préfèrerait peut-être que Jean-Luc Mélenchon caressât d’une langue de bois les abrutis dans le sens du poil ?
Des abrutis sans conscience de classe se sont comportés comme des esclaves fiers de servir leurs maîtres. Et c’est être hitlero-stalinien que de le dire. Jean Viard a un point commun avec ceux qu’il n’a même pas le courage de nommer – Hilter et Staline : eux aussi furent de grands simplificateurs. Monsieur le sociologue, qui fait bien son travail, sait pourtant qu’en France on peut avoir des conditions de travail indignes d’un être humain. Il sait que ces conditions de travail peuvent donc être comparées à l’esclavage, et qu’il y a beaucoup de suicides dans le secteur agroalimentaire, causés par ces conditions de travail. Monsieur le sociologue sait aussi ce qu’est une métaphore. Il sait que « nous n’avons pas besoin de singer les années 30 ». Certes, monsieur le sociologue, nous n’avons pas besoin de simplificateurs comme vous, il y a déjà trop de pondeurs de plantuismes en batterie.
Sur le même sujet, cette saillie de Romain Pasquier, lue dans un article d’arrêt sur images
(http://www.arretsurimages.net/articles/2013-11-19/Ecotaxe-et-desenclavement-breton-aux-racines-de-la-revolte-id6303, en accès libre aujourd’hui seulement) :
« Il n’y a bien que Mélenchon pour croire que la manifestation de Quimper était un complot ourdi par les patrons ». Spécialiste de la politique bretonne et directeur de chercheur au CNRS, Romain Pasquier s’est baladé parmi les manifestants. « Je ne dis pas que les patrons n’ont pas une stratégie. Et c’est vrai que la foule rassemblait un cocktail de revendications et des populations très diverses. Pourtant il se dégageait une vraie ferveur. Le mouvement était hétéroclite mais il tenait ensemble. En Bretagne, parfois, lors de moments fugaces, le territoire compte davantage que les clivages sociaux et politiques. Ce jour-là ce fut le cas ». Ce prof à l’institut d’étude politique de Rennes n’a pas porté le bonnet rouge. Lui aussi peine à définir ce mouvement mais il s’amuse de voir à quel point il joue sur le registre historique.
A classer dans la catégorie « Mélenchon, parano qui voit des complots partout. »
A mon avis, le fait que Mélenchon ne soit toujours pas psychiatrisé est un signe de parfaite santé mentale.