Surenchère et rhétorique outrancière de deux journalistes
Une « chronique » du journaliste Jean-Michel Bretonnier a paru le 12 mai 2013 dans La Voix du Nord : « Que cherche Jean-Luc Mélenchon ? »¹. Le 4 mai, le journaliste Jean-Pierre Bédéï publiait dans La Dépêche du Midi « À gauche, que cherche vraiment Mélenchon ? »²… Quel étrange mimétisme ! Mais ce n’est pas le premier. Déjà, le 30 avril, le journaliste Denis Daumin (La Nouvelle République) publiait « Jean-Luc Mélenchon combien de divisions ? »³, et le 29 et 30 septembre 2012, Lilian Alemagna (Libération) et Raphaëlle Besse Desmoulières (Le Monde) publiaient « Mélenchon, combien de divisions ? » et « Jean-Luc Mélenchon, combien de divisions ? » :
Extraits des articles de J.-M. Bretonnier et J.-P. Bédéï :
« La surenchère de Jean-Luc Mélenchon dans la dénonciation politique et le lyrisme social n’affecte pas d’un iota la popularité de Marine Le Pen. Le tribun peut déployer des trésors oratoires, le césar montrer ses muscles, il ne parvient pas à arracher l’électorat ouvrier à l’envoûtement des sirènes lepénistes. Ses appels à la révolution inquiètent dans les milieux populaires, quand le doucereux et insidieux discours du Front national, contre l’immigration et la mondialisation, les rassurerait. En revanche, la rhétorique outrancière de Jean-Luc Mélenchon ne reste pas sans effets sur l’électorat de gauche, dont il radicalise progressivement une partie. Sans doute pas assez pour permettre au Front de gauche de gouverner un jour, mais suffisamment pour empêcher un candidat modéré de gagner demain. Il faudra bien que Jean-Luc Mélenchon se demande un jour ce qu’il veut vraiment et à quoi sert le Parti de gauche. Vibrer et faire vibrer, c’est bien, dénoncer, c’est facile, mais la finalité d’un engagement politique, c’est de gouverner, et gouverner, c’est composer avec une réalité et partager le pouvoir. Ses partenaires communistes du Front de gauche voudront, à l’approche des municipales, lui rappeler qu’à la fin, il faut s’entendre avec le Parti socialiste. Si les dégâts ne sont pas trop lourds. »
Lire le programme et étudier les idées d’un parti politique au lieu de s’arrêter aux apparences, vérifier ce que fait le PS au gouvernement et confronter cette réalité à l’histoire de la gauche, réfléchir, bref, travailler, cela ne fait apparemment pas partie du métier de cette personne, en tout cas pas quand il s’agit d’enquêter sur la gauche. Serait-il en réalité un militant, davantage qu’un journaliste ?
***
Toujours le même vocabulaire, et les mêmes sous-entendus d’ambition personnelle comme unique but :
Mr Mélenchon, je suis sûr qu’au fond de vous, vous êtes raisonnable. Bien sûr, la droite est haïssable. Mais l’extrême-droite, vous en conviendrez, est l’ ennemi principal. Or la loi de 72 pénalisant l’incitation à la haine raciale établit une asymétrie fondamentale entre la droite et la gauche. Pourquoi ne pas supprimer cette asymétrie en proposant une loi contre l’incitation à la haine de classe, ou une loi anti marxiste ? Merci, je connais votre aptitude à …
La haine de classe, je ne connais pas. Mais la lutte des classes, ça je connais bien. Warren Buffet, l’une des toutes premières fortunes mondiales, l’a dit sans détour : » La lutte des classes existe, et c’est notre classe qui est en train de la gagner ». Tu peux aussi aller lire les propos de nos richissimes français, qui disent la même chose avec leurs propres mots, dans de nombreux livres des Pinçon-Charlot, ce couple de sociologues qui a consacré des années à l’étude de la grande bourgeoisie.
Merci aux Pinçon- Charlot de s’être sali les mains pour mes beaux yeux. La sociologie sert parfois à quelque chose.