« Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, en dépit de tout ce qui les sépare idéologiquement, ont des points communs. »
C’est la première phrase d’un article du blog de Jean Quatremer, journaliste à Libération, paru le 9 juin 2012. Le titre de l’article est « Mélenchon et Le Pen, deux courants d’air européens ». Jean Quatremer y liste les points communs suivants :
– Le Pen et Mélenchon s’affrontent dans des élections législatives
– « Ils sont tous deux députés européens »
– Tous deux, selon Quatremer, « pulvérisent les records d’absentéisme »¹
– Pour eux, « le Parlement est juste un moyen de disposer de moyens importants »
Examinons maintenant quels sont les points communs entre Quatremer et Le Pen.
1. Le Pen et Quatremer assimilent tous les deux Jean-Luc Mélenchon à un nazi :
Le lien que donne Jean Quatremer dans son tweet dirige vers une affiche du célèbre nazi belge Léon Degrelle, et Marine Le Pen a produit des tracts anonymes grimant Mélenchon en Hitler devant le camp d’extermination d’Auschwitz :
2. Le Pen et Quatremer sont tous les deux des fossoyeurs de l’Europe sociale. L’Europe libérale de Quatremer détruit autant l’Europe que l’Europe nationaliste de Le Pen. L’origine de l’idée européenne (Monnet, Schuman) se construit sur le mot d’ordre « plus jamais ça », plus jamais la guerre. Il s’agit d’une idée marxienne au départ : l’infrastructure détermine la superstructure. La Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) est créée pour empêcher une nouvelle guerre entre la France et l’Allemagne: c’est ainsi que le marché commun a commencé. On pensait alors que subvenir aux besoins fondamentaux, c’était supprimer les guerres. Dans L’Opéra de quat’sous, Brecht disait « D’abord la bouffe, ensuite la morale » (Erst kommt das Fressen, dann kommt die Moral).
L’Europe doit être une machine anti-guerre politico-militaire : le « doux commerce » de Montesquieu consistant à se faire la guerre par le commerce – ce qui est moins grave que par l’épée : voilà le vieux fond libéral. Suit la période keynésienne jusqu’aux années 1960-70. Puis le keynésianisme devient obsolète : il est incapable de juguler l’inflation.
Or, consciemment ou non, Quatremer confond ces deux Europes : l’une justifiée (anti-guerre) ; l’autre étant celle du retour du libéralisme, de la fin des services publics, du report de la date de départ à la retraite, de la baisse des salaires parce que le-monde-y-change-regardez-la-Chine-l’Inde-le-Brésil. L’Europe libérale chère à Quatremer conduit le continent et le monde entier au chaos. Comme celle de Le Pen, donc.
Maintenant amusons-nous à remplacer « Jean-Luc Mélenchon » par « Jean Quatremer ». Pour la première phrase, cela donne :
Marine Le Pen et Jean Quatremer, en dépit de tout ce qui les sépare idéologiquement, ont des points communs.
Et pour le titre, cela donne :
« Quatremer et Le Pen, deux courants d’air européens »
3. Et enfin un argument pertinent et infallible d’un commentateur qui s’est amusé à « faire son Quatremer en trois temps » :
– L’Express a titré un article de 2011 « Le prétoire, arme de dissuasion de Marine Le Pen« , qui multiplie les plaintes en diffamation.
– Or Jean Quatremer menace de procès certains contradicteurs qu’il considère comme des diffamateurs.
– Donc Jean Quatremer et Marine Le Pen, même combat.
Pouet.
***
Note :
1. Mélenchon a répondu de nombreuses fois à cette calomnie. Voir par exemple cette mise au point à la suite des mensonges de José Bové sur son activité de député européen :
« La jalousie rend fou«
quatremer va encore te menacer xd
Ce type est aux ordres, il ne faut surtout pas critiquer la social démocratie du gouvernement Hollande. Pour ce faire tous les moyens sont bons dédiaboliser Le Pen pour affaiblir la droite et diaboliser Mélenchon pour le décrédibiliser aux yeux du peuple de gauche. Au pied Quatremer au pied!
Demandez a Quatremer et a tous les journalistes de publier leurs ressources annuelles (sans magouille) et de se prêter a des enquêtes sur les comptes à l’étranger les concernant. Il va y avoir des surprises. Pourquoi les journalistes (quasi tous) sont contre JL Melenchon et le diabolisent ? Réponse : Parce que il a dit « au-dessus de 60.000€ par mois on prends tout » donc tous ces malfrats gagnent plus de 600.000 € par mois. Marine Lapen ne menace pas d’augmenter les impôts et de diminuer les salaires donc ces malfrats sont tous pour M Lapen et la poussent en avant car ils ont plus confiance en elle qu’en Sarko sur ce sujet ! C’est aussi simple que cela si on ne compte pas le fait qu’une grande partie son fachos et racistes !
Il manque à Quatremer cette qualité, certes rare: pouvoir se dire » suis-je bête ! » Comment ai-je pu mordre à ce point à l’hameçon libéral ! Investir libidinalement dans le marché auto-régulateur ! Pourquoi suis-je si mièvre comme mon copain Plantu, si intellectuellement nul comme mes copains Bové et Cohn-Bendit ? Allons ! Courage ! C’est moi le Monsieur Europe de Libé, donc de la gauche ! Je fonce sans jamais regarder en arrière !
« L’origine de l’idée européenne (Monnet, Schuman) se construit sur le mot d’ordre « plus jamais ça », plus jamais la guerre. Il s’agit d’une idée marxienne au départ : l’infrastructure détermine la superstructure. La Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) est créée pour empêcher une nouvelle guerre entre la France et l’Allemagne: c’est ainsi que le marché commun a commencé. On pensait alors que subvenir aux besoins fondamentaux, c’était supprimer les guerres. »
Ça c’est le beau conte de fées vendu (chèrement) aux peuples.
La CECA est la suite de la CIA (Cartel International de l’Acier, 1926, entre la France, l’Allemagne, la Sarre, la Belgique et le Luxembourg), dont les dirigeants ont bien profité de la Première Guerre Mondiale, puis des exportations vers l’Allemagne jusqu’en 1938 (sic) et à partir de 1940.
Le but n’est bien évidemment pas de supprimer les guerres, sinon le nazi Schuman en aurait été écarté ; mais de faire payer le charbon par le contribuable, mission du Schuman élu par l’argent du Comité des Forges (de Wendel en particulier).
« Le discours du 9 mai 1950 de Robert Schuman (homme-lige de Washington qui l’imposa comme son ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1952) succéda à des années de pressions américaines, relayées par l’ambassadeur de France à Washington, Henri Bonnet (1945-1955, devenu à sa retraite administrateur de nombre de majors pétrolières, américaines comprises) : Bonnet n’avait cessé de prôner, à Bidault aussi (prédécesseur de Schuman) l’intégration de l’Allemagne occidentale au projet « européen » des Etats-Unis, la renonciation à toute résistance, etc. Le 9 mai 1950, quand Schuman lança sa Communauté européenne du charbon et de l’acier, célébrée par les « milieux bien informés » comme la résurrection du cartel international de l’acier de 1926, on annonça à la population que règnerait la paix générale, grâce aux « hommes des Marches », Schuman, Adenauer, Gasperi (dont on enjoliva considérablement le passé fasciste ou nazi), que le Comité des Forges et ses marchands de canons étaient vaincus, que l’industrie lourde deviendrait pacifique, etc.
Or, le 10 mai,
1° Schuman devait aller à la conférence de Londres pour une des premières reunions de l’OTAN (organisation militaire du Pacte atlantique signé en avril 1949), où Washington (avec le soutien britannique) lui poserait officiellement la question de la reconstitution stricto sensu de l’armée allemande : pour utiliser « les nombreuses générations bien aguerries de la Wehrmacht » avait expliqué Bonnet le 19 mars 1949. Le tapage sur la CECA permit de différer cette étape officielle du réarmement de la RFA.
2° fut clairement posée, notamment par des réunions des hauts fonctionnaires, sur les fermetures imminentes des mines françaises (et belges) condamnées par la concurrence de la Ruhr, la vraie question économique : celle d’une intégration européenne économique, avec division internationale du travail. On a pour convaincre la population usé des mêmes arguments qu’en septembre 1931, où Laval intronisa André François-Poncet, homme du Comité des Forges, comme ambassadeur à Berlin et créa officiellement la collaboration économique (qui n’avait pas attendu cette circonstance). C’est la même collaboration qu’avant la guerre. Et là, les choses sont allées encore plus vite. »
Et ça, c’est un beau point commun entre JQ et les Le Pen.