« Les apprentis sorciers », un article de Michel Soudais, journaliste à Politis (02/04/13) :
À en croire la confidence d’un élu PS publiée par Le Figaro, les socialistes espèrent qu’une montée du Front national les sauvera aux municipales. Aux fous !
Si cela avait été un poisson d’avril, il aurait été de mauvais goût. Ce n’en est pas un, et c’est grave. A la fin d’un article du Figaro sur les réactions à gauche après l’intervention de François Hollande sur France 2, on découvre cette confidence parfaitement cynique d’un élu PS :
« Je ne suis pas inquiet pour les municipales. Avec un Front national à 20 ou à 25 %, il y aura de nombreuses triangulaires. Nous pouvons espérer gagner des grandes villes, dont Marseille. Mais ce sera beaucoup plus difficile ensuite pour les élections européennes et les régionales. »
Bien entendu, l’auteur de ce propos est anonyme. Ce qui permet toutes les manipulations. Raison pour laquelle, la déontologie journalistique recommande de n’user de citations anonymes qu’avec parcimonie, par exemple quand celui qui parle est menacé dans son intégrité physique ou risque de perdre son travail. En l’espèce, ce n’est pas le cas. Il s’agit d’un élu, lequel est tenu à la publicité de ses prises de position, publicité nécessaire pour que les électeurs qui le mandatent pour les représenter puissent juger du bon accomplissement de cette fonction, ou non.
Profitant des facilités qu’offre Twitter, j’ai interrogé l’auteure de l’article sur ce point. Sans parvenir à obtenir d’elle l’identité de ce fin stratège, qui a requis l’anonymat pour cette confidence. Dommage. Mais l’anonyme n’est jamais courageux¹.
N’ayant aucune raison de mettre en doute l’honnêteté de ma consœur du Figaro, quand bien même je pense qu’elle a tort d’obéir ainsi à la demande d’un élu, je suis donc fondé à croire qu’il existe dans les rangs du parti solferinien quelques apprentis-sorciers assez fous pour imaginer conserver le pouvoir avec l’appui indirect de l’extrême droite. Cette stratégie éclaire en tout cas les propos d’un Jean-Christophe Cambadelis quand il reproche à Jean-Luc Mélenchon de « braconner » sur les terres de l’extrême droite, estimant cela « très dangereux ».
Dangereux pour le PS, qui a besoin d’un FN fort pour se maintenir à coups de « vote utile » ? C’est ce qu’il fallait comprendre.
Note :
1 Et les élus ne le sont pas plus que les commentateurs de blog. Pas besoin de vous faire un dessin…
Les histoires nous enseignent que les apprentis sorciers ont l’art de se planter…
Notre ponte socialiste anonyme se base sur un a priori simple : des listes FN à côté de listes UMP. Mmmouais.
Et si le FN et l’UMP font des listes communes ? Les relations entre FN et UMP sont cordiales au moins dans les départements méditerranéens (dont Marseille), les départements de la vallée du Rhône et l’Alsace. Il serait étonnant que ces gens ne s’allient pas ici ou là.