C’est très régulièrement que le journal Les Échos met un signe égal entre Front de gauche et Front national, entre Mélenchon et Le Pen. Aujourd’hui ce journal est allé plus loin. Voici ce qu’a écrit Jean-Marc Vittori, éditorialiste au journal Les Échos, dans son analyse « De la crise économique à l’extrémisme politique » de ce 17 décembre¹ :
« En Grèce, le parti d’extrême gauche Syriza a remporté 27 % des suffrages aux législatives de juin, et l’Aube dorée de l’extrême droite [Note de l’OPIAM – plus précisément : de l’extrême droite ouvertement nazie, qui a lu à la tribune du Parlement grec un extrait du célèbre livre de propagande antisémite Les Protocoles des sages de Sion²] 7 %. Dans d’autres pays où le mode de scrutin est ouvert, les partis non gouvernementaux prennent aussi une place croissante – 29 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle française de 2012 pour les deux extrêmes, le Front national de Marine Le Pen et le Front de gauche avec Jean-Luc Mélenchon. Ces partis peuvent-ils arriver au pouvoir si d’aventure l’économie restait plombée, ce qui paraît hélas le plus probable pour les années à venir ? »
Le fait de comparer la gauche grecque Syriza au parti nazi grec Aube dorée, et d’identifier le Front de gauche comme l’équivalent de Syriza – ce qu’il est en effet plus ou moins – est donc pire que l’habituel « Mélenchon = Le Pen ». Il s’agit bien ici, d’une volonté de mettre sur le même plan le Front de gauche et le nazisme.
Extraits des deux premiers articles de la Charte éthique du journal Les Échos :
« Dans l’exercice de leur métier, les journalistes s’interdisent de servir des intérêts particuliers ou ceux de groupes, syndicats ou partis politiques.
Les journalistes s’interdisent toute situation susceptible de créer un doute sur leur impartialité. […]
Les journalistes s’engagent à présenter les faits avec rigueur et honnêteté […]»
Notes :
1. Publié à la fois dans la rubrique « Analyse » et « Analyses de la rédaction »
2. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/726329-le-neo-nazisme-en-plein-essor-en-grece-l-ue-et-l-allemagne-en-partie-responsables.html
Source de l’article des Échos : http://www.lesechos.fr/opinions/analyses/0202447972915-de-la-crise-economique-a-l-extremisme-politique-521213.php
Bonjour,
Je suis l’auteur de l’article que vous incriminez (Lamia Barbot n’en est en rien responsable, son nom figure ici à cause d’un problème informatique). L’analyse que vous en faites me semble infondée. Le Front de gauche, comme Syriza, se situent à la gauche de la gauche de l’échiquier politique. Et le Front national comme Aube dorée se situent à la droite de la droite du même échiquier. Prenez le dictionnaire : localiser n’est pas comparer. Pas plus que mettre sur le même plan. Je ne mets aucunement le nazisme et le Front de gauche sur le même plan, implicitement ou explicitement.
Je comprends naturellement que la phrase rapprochant les deux extrêmes puisse vous choquer, même si beaucoup d’analystes politiques font la distinction entre les partis de gouvernement et les autres. Mais n’en vous déplaise, la réalité est bien que « les deux extrêmes » ont fait 29% des voix au premier tour de l’élection présidentielle française de 2012. N’en vous déplaise, je continuerai à présenter les faits avec rigueur et honnêteté, sans servir des intérêts particuliers, conformément à la charte de mon journal.
Je me permettrais de rajouter deux points, concernant d’autres mots. D’abord, je ne suis en rien responsable de l’appellation « Front de gauche », qui commence par le mot « Front » associé depuis trente ans à un parti de l’autre bord. Ensuite, votre réaction me fait penser à un terme que le dictionnaire définit ainsi : « méfiance, susceptibilité excessive, fausseté du jugement avec tendance aux interprétations engendrant des réactions d’agressivité ». Je laisse ce terme à votre sagacité.
Jean-Marc Vittori
1. Le mot « Front », associé depuis trente ans au Front national ? Et le Front populaire alors ?
2. « La réalité » ? Votre réalité, oui. Car c’est votre réalité, votre jugement, vos idées politiques qui vous font considérer les propositions du Front de gauche comme extrêmes. Vous ne dites pas en quoi elles sont « extrêmes ». C’est vous, qui êtes extrême, quand vous refusez d’en finir avec la pauvreté, avec les salaires ahurissants du patronat. C’est vous l’extrême, si vous ne jugez pas extrême qu’on puisse gagner 400, 500 fois le SMIC. C’est vous l’extrême, si vous pensez qu’il faut plus de croissance alors que la terre, elle, ne croit pas.
Votre excuse « localiser n’est pas comparer » est lâche. Assumez vos propos.
P.S. : je supprime le nom de l’autre journaliste.
1. Les mots, toujours les mots. Vous n’avez jamais fait d’analyse de texte? Depuis trente ans, le mot Front est associé à National. Auparavant, il a été associé au mot Populaire.Mais c’était avant. Demandez aujourd’hui à un échantillon de Français à quel côté politique ils associent le mot « Front » et vous devrez admette la réalité. Oui, la réalité… Sachez par ailleurs que le vocabulaire politique est rempli de mots qui sont passés de gauche à droite ou de droite à gauche.
2. Lutte contre la pauvreté, dénonciation des salaires fous, reconnaissance d’une terre limitée: lisez mes articles et mes livres avant de tempêter dans l’ignorance, vous verrez que ces thèmes y figurent régulièrement. .
3. Lâcheté: je parle à visage découvert tandis que vous êtes dans l’anonymat. C’est trop facile. Over.
1. Je parle dans l’anonymat mais je n’ai pas l’influence que vous avez dans la société.
2. Comme c’est mignon, vous êtes éditorialiste au journal Les Échos et vous luttez contre la pauvreté, vous dénoncez les salaires fous et êtes écologiste ? Quel grand écart ! Vous êtes souple ! Sans blague, vous seriez même carrément de gauche ? Vous avez voté pour Mélenchon ? Extrémiste !
Blague à part, le catéchisme du capitalisme saupoudré d’un supplément d’âme, non merci, gardez-le pour vos abrutis de lecteurs. Ce n’est pas la gauche. Vous êtes de droite, assumez vos idées. Allez, il y a encore une gauche robespierriste (= hitlérienne ou juste robespierro-hitlérienne ?) mais elle ne vous coupera pas la tête, n’ayez crainte. Mais craignez juste pour votre salaire si vous gagnez plus de 1000 euros par jour (de revenus). Extrême ? Il faudra qu’un jour vous le disiez, à la fin, ce que vous jugez « extrême ». Non ?
3. Nuance est mère du journalisme : depuis trente ans le mot Front est associé à National dans votre tête. Je jure sur l’honneur que pour ma part, il a toujours été associé d’abord au Front populaire. Jouer avec les mots vous permet d’avoir une excuse pour votre répugnante, abjecte propagande. À force de lire tous les jours dans les journaux cette analogie, les cons finissent par se dire qu’en effet « les deux fronts » sont la même chose, « antisystèmes tous les deux », comme disent vos confrères. Vous n’êtes que de méprisables, bas et lâches incultes.
@ Opiam Il faut comprendre leur point de vue. Il n’est pas méprisable mais très simple voire agressivement et volontairement simpliste. C’est l’idéologie conservatrice et réactionnaire, anti-gauche depuis le XIXe siècle que représente assez bien le travail journalistique de JM Vittori. D’ailleurs le démantèlement du droit du travail (assouplissement) et de la démocratie sociale acquise sur la pression sociale et politique radicale/révolutionnaire de gauche sur le développement de l’Etat-Providence, en crise selon eux, appelle des réformes et révolutions anti-sociales, appellées par eux le « progrès, changement ». Ce qui pose vraiment problème c’est le déni de « parti de gouvernement » que revendique le FDG par ces « journalistes », ce qui permet de le diaboliser à tort comme parti « tribunicien » comme le FN. @Mr Vittori, ce n’est pas la peine de manier une langue apparemment maîtrisée pour utiliser l’insulte à peine voilée de « paranoïa ». Non ce n’est pas de la parano, juste des faits, vérifiables quotidiennement. Je suis lecteur des Echos pr l’info éco de qualité, malgré les biais journalistiques évidents, assumés dans le milieu de l’info-com (pas de courage là d’être mainstream). En conclusion, le système médiatique en france connaît de sérieux dysfonctionnements, dont la tendance à mettre en parallèle FN et FDG dans l’intérêts des 2 partis au pouvoir est un exemple, toutefois il ne faudrait pas tomber dans la facilité de l’insulte ou de la qualification de facho à leur encontre, même si de leur coté ils ne se gênent pas pour mépriser ouvertement la gauche de gauche, blacklister les jeunes étudiants qui ont ces idées etc…. Soyons meilleurs qu’eux, et plus compétents, ça paiera plus que de séduire les rageux. Il n’y a qu’à voir le débat sur le CICE ou la gestion de Florange…..
Le problème est que les médias (et parfois même certains politiques) situent les partis dans l’espace et non dans l’idéologie. En effet, on dit du PS qu’il est à gauche, quand son idéologie est devenue au fil du temps, un parti centre-libéral.
Du coup, il ne leur reste plus qu’à simplifier en situant Mélenchon et plus largement le Front de Gauche, à l’extrême gauche en faisant un parallèle facile avec l’extrême droite. (Ah !! les deux s’appellent « Front », donc, ce sont les mêmes !! Ou bien il y a la droite et la gauche, donc les autres c’est les « extrêmes » c’est kif kif !!) Une bien belle manière de simplifier les choses !
-> Historiquement, ce n’est pas parce-que M. Vittori ne connaît que le Front populaire, qu’il a été le seul. Il y a eu aussi le mouvement « Résistance Front National » créé en 1940-1941 http://republicainedoncdegauche.over-blog.com/article-ne-pas-confondre-fn-et-front-national-de-la-resistance-pour-la-liberation-et-l-independance-de-la-fr-105065192.html
M. Vittori ne connaissant, depuis 30 ans, que le « Front national » de la famille Le Pen, l’histoire s’arrêterait donc à sa prescience !
-> Sémantiquement, la vision de M. Vittori, est à revoir, mais surtout à élargir :
– « Faire front », avoir de l’audace, faire face, résister…
– « Front », en politique : réunion de mouvements politiques, alliance, rassemblement
– « Aller au front » : aller sur une zone de combats. (L’antonyme étant « arrière »…rester à l’arrière)
– « De front » : parallèlement, simultanément…
Le métier de journaliste n’est plus ce qu’il était, « mais ça, c’était avant » !! (ça rappelle une pub!)
Aujourd’hui pour vendre on met des titres accrocheurs, ce qui est tout de même plus facile que d’approfondir des programmes, parce-que c’est bien de cela dont il s’agit..
Je ne vois pas en quoi le FdG est extrême, c’est un parti qui prône la démocratie et veut améliorer la République pour donner plus de pouvoir au peuple. Certaines mesures qu’il propose sont en effet urgentes et puissantes, mais en rien extrêmes. N’oubliez pas que ce n’est pas en engueulant tout le monde qu’on fera avancer les choses, le front de gauche sera élu ou ne sera pas. Alors débrouillez vous pour convaincre de façon intelligente et très amicale ce qui n’empêche pas une certaine véhémence.
Bien à vous