À la suite de son article du 29 septembre¹ – dans lequel elle avait, d’une part, inventé des divisions au sein du Front de gauche au moyen de six citations anonymes, et d’autre part traîné la Révolution française dans la boue –, la journaliste du Monde, Raphaëlle Besse Desmoulières, poursuit son œuvre, faite de mensonges et du vocabulaire de suspicion traditionnel de sa profession.
Mélenchon a longuement analysé ce vocabulaire², et plus largement, cette culture, cette religion dont la majorité des journalistes sont adeptes. Cette « civilisation des médias » est tantôt poujadiste, tantôt « seulement » anti-politique – c’est-à-dire à peine moins dangereuse.
Voici quelques extraits des inepties et des mensonges contenus dans son dernier article, « L’offensive de Mélenchon sur l’écologie » – suivis de leur déconstruction³ :
« On ne l’arrête plus. Défilé en tête des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) le 17 novembre, sortie d’un livre sur la dette écologique* samedi 1er décembre, longues interviews à Rue89 et à Libération cette semaine… Jean-Luc Mélenchon multiplie les sorties pour parler d’écologie. Avec en point d’orgue un discours, samedi, lors des « assises de l’écosocialisme » organisées par le Parti de gauche. « Le capitalisme vert est une illusion », a-t-il martelé tandis que l’écosocialisme, fondé sur le triptyque écologie, socialisme et République, lui, « n’est pas une utopie ».
« Ceux qui ne sont pas écologistes aujourd’hui sont des fainéants intellectuels », lâchait-il il y a quelques jours. »
Sans dire que Mélenchon est « vociférant-tonitruant-violent », le travail de la journaliste consiste à le suggérer au moyen de mots moins agressifs, mais plus nombreux, plus pervers. L’effet, recherché ou non, est de dresser, de conditionner le lecteur à une suspicion systématique qui n’est pas celle du sens critique, de l’indépendance d’esprit, de l’argumentation, des preuves, mais de la paranoïa et de la méfiance orientées exclusivement du côté de l’hostilité. Le nom de Mélenchon doit être assimilé, par routine, à quelque chose d’agité et de gesticulant.
Plus loin, dans une partie titrée « Escroquerie écologique », la journaliste écrit :
« Sa plus belle prise fut sans contexte l’arrivée en 2009 au Parti de gauche de Martine Billard, jusqu’alors députée écologiste, à qui il offre la co-présidence du parti. »
– Premier mensonge de la journaliste. Mélenchon n’a pas « offert » le poste à Martine Billard, elle a été élue.
– Deuxième mensonge : Mme Billard n’est pas un poisson que Mélenchon aurait pêché, elle est venue d’elle-même.
L’idée, en plus des mensonges, est qu’un poste est un cadeau. C’est d’ailleurs celle que se fait Manuel Valls. « On peut toujours rêver, c’est bientôt Noël », a-t-il dit le 29 novembre dans un entretien avec I-télé, à propos de l’éventualité que Mélenchon devienne Premier ministre. Plus loin, la journaliste écrit :
« L’écologie permet aussi à M. Mélenchon
de marquer sa différence avec les communistes ».
L’écologie n’est donc qu’un prétexte, comme le socialisme qui, après tout, « permet » à Mélenchon de marquer sa différence avec les capitalistes. Et la lance à incendie permet au pompier de marquer sa différence avec les incendiaires.
« Si les deux alliés sont d’accord pour interdire les gaz de schiste, le PCF soutient, contrairement au PG, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la poursuite du nucléaire. Sur ce point, la dissension avait été réglée dans le programme de l’ex-candidat à la présidentielle par un référendum. »
– Troisième mensonge : une majorité des communistes de la région est contre, le reste est pour. Quelques minutes suffisent à n’importe quel abruti non-journaliste pour le vérifier.
« Comme il l’explique à Libération, M. Mélenchon juge aujourd’hui que EELV représente « la préhistoire de l’écologie politique », contrairement au PG qui revendique une « avance sur le plan programmatique ». »
– Quatrième mensonge, qui consiste à faire dire précisément le contraire de ce qu’a dit Mélenchon en ôtant la phrase de son contexte, qui était :
« Les Verts sont les fondateurs (de l’écologie politique). Ils ont ouvert avec ténacité le chemin. Mon évolution témoigne de leurs succès. Mais ils sont la préhistoire de l’écologie politique. Désormais nous sommes en avance sur le plan programmatique ».
Comme toujours, Mélenchon reconnaît aux Verts le rôle de pionniers dans l’écologie politique. « Préhistoire » n’a pas ici un sens péjoratif, au contraire. Le « mais » signifie que les Verts sont le commencement, mais que tout reste à faire, mais que d’autres partis ont aussi des idées parfois plus radicales que celles d’EÉ-LV. Et c’est ce qu’il a répondu face à la même manipulation trois jours plus tard, finissant une fois de plus par l’autocritique de son passé politique et par dire les mérites des Verts. La journaliste le fait donc passer pour un sectaire et un ingrat. Sa « neutralité-objectivité-éthique » est ici flagrante ; elle aurait pu au minimum mentionner la première phrase. Mais non, la soif du « buzz », de « clash », de violence, l’extrémisme de sa profession l’ont emporté.
« Si ce dernier assure ne pas être« en concurrence » mais « en compétition » avec eux, il espère en sortir vainqueur. » […] « Je suis prêt à être premier ministre », répète à l’envi M. Mélenchon. »
Bref, que de promesses, mais au fond : tous pourris, tous menteurs, tous assoiffés de pouvoir…
Enfin, la journaliste choisit de conclure par l’habituelle affirmation – ici de Franois de Rugy et Pascal Durand – selon laquelle l’écologie n’est pour Mélenchon qu’un prétexte.
« Electoralement, il y a peu de passerelles », veut croire M. de Rugy qui juge que « l’écologie n’est qu’une part de marché » dans le discours du député européen. « Tant qu’il parlera d’écosocialisme, ce sera un supplément d’âme qu’il amène à une histoire qui est la sienne, celle du socialisme », abonde Pascal Durand, secrétaire national d’EELV. »
Le point de départ de cette pensée journalistique, c’est que toute parole est un mensonge. Sauf celle du journaliste bien entendu. Dans ce sens, comme grand nombre de psychanalystes, les journalistes sont un nouveau clergé. Ce sont eux qui savent ce que nous ne savons pas sur nous-mêmes, eux qui accusent, eux qui absolvent nos péchés. La force de cette pensée, c’est qu’elle flatte les bas instincts du peuple, du peuple qui répète paresseusement « tous pourris » et qui est heureux d’être caressé dans le sens du poil. Ces journalistes qui le caressent et le dressent ainsi du matin au soir sont des démagogues-populistes.
P.S. : il peut être intéressant d’aller voir le compte Twitter de la militante Raphaëlle Besse Desmoulières (qui est par ailleurs journaliste), pour constater les messages hostiles, venimeux contre le Front de gauche : @raphaellebd
On y constatera aussi qu’évidemment les journalistes les plus orduriers avec la gauche en général et avec Mélenchon en particulier se fréquentent tous les uns les autres : Tugdual Denis (L’Express), Lilian Alemagna (Libération), Ava Djamshidi (Le Parisien), Maël Thierry (Le Nouvel Insulteur), etc.
Notes :
1. « Jean-Luc Mélenchon, combien de divisions ? »
3. Passages surlignés par l’O.P.I.A.M.
c’est bien que tu dénonces ces pratiques du journalisme bien trop répandu.
Cet article est très juste. J’adhère complètement à la conclusion: » La force de cette pensée, c’est qu’elle flatte les bas instincts du peuple, du peuple qui répète paresseusement « tous pourris » et qui est heureux d’être caressé dans le sens du poil. Ces journalistes qui le caressent et le dressent ainsi du matin au soir sont des démagogues-populistes. » D’autant plus que c’est l’effet que je note chez mes proches. Quand je leur explique l’analyse et les solutions du PG, ils adhèrent. Quand je nomme le parti ou Jean-Luc Mélenchon, ils rejettent. Leur argument se résume à « aussi pourri que les autres ». Cela pose problème, l’argument « qu’ils s’en aillent tous », nous est retourné. Nous faisons partie du même paquet que ceux qui gouvernent, parce que nous voulons gouverner, bien qu’autrement. Mais seul les gouvernements des institutions publiques sont ainsi critiqués. Comme le relevait Serge Halimi dans un récent éditorial, les dirigeants des grandes entreprises quand ils manifestent une incompétence notoire ne discréditent pas l’ensemble de l’entreprise privé… Pointer la paresse des gens est juste. C’est parce qu’ils ne veulent pas s’engager, s’impliquer qu’ils sont bien contents qu’il y en ait d’autres qui s’en chargent, il est bien plus aisé de les critiquer ensuite, même si au bout du bout c’est plus de souffrance pour tous. Mais comment ne pas rentrer dans un moralisme accusateur? « engagez vous! engagez vous! » … Comment contrecarrer la paresse par de la motivation, mais aussi contrecarrer la peur provoquée par les exemples fait sur les militants cassés à cause de leur engagement?
Retenez-simplement cet adage :
« Tout homme qui dirige ou qui fait quelque chose, a, contre lui :
ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire,
et surtout la grande armée des gens beaucoup plus sévères, qui ne font rien.
Je suis d’accord avec l’adage dont parle Sauvat dans le commentaire précédent ! et je rajoute « la critique de Mélenchon est aisée mais son art est plus difficile ! ». ET VIVE LE FRONT DU PEUPLE, EN PASSANT PAR LE FRONT DE GAUCHE ! ».