Depuis quelques jours, Jean-Luc Mélenchon est victime d’un harcèlement médiatique fondé sur un banal incident. Voici la réponse d’Alexis Corbière aux journalistes qui sont à l’origine de cet emballement dont l’unique but est de dénigrer le candidat du Front de Gauche, suivie de la réponse de Jean-Luc Mélenchon lui-même, illustrée par une petite vidéo :
Billet d’Alexis Corbière :
« Vous connaissez l’émission hebdomadaire Dimanche + sur Canal + ? Oui, sans doute. Animée par la souriante Anne-Sophie Lapix, elle est diffusée, comme son nom l’indique, tous les dimanche à partir de 12h45. Généralement, je la regarde. Pas dimanche dernier toutefois, puisque je votais pour les sénatoriales. J’ai raté l’émission en direct, mais grâce à internet j’ai pu la (re)voir. J’en suis resté baba. Un des reportages diffusés au court de l’émission est un vrai cas d’école du coup tordu, un authentique modèle « collector ». Il faut le mettre sous cloche et le conserver, le ranger dans un magasin de farces et attrapes, juste après le rayon du coussin péteur et de la boule puante.
Je raconte. Cette édition du dimanche 25 septembre, dont l’invitée principale était Martine Aubry, fut l’occasion de façon directe, puis après de manière indirecte, d’une succession de provocations grossières contre le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon. Si j’en reparle trois jours après, c’est qu’il s’agit d’attaques tellement indignes qu’elles doivent être un sujet de réflexions collectives. La télé, et particulièrement des émissions de ce genre, étant le principal vecteur d’information pour nos concitoyens à la veille de grands rendez-vous électoraux, les problèmes ici posés ne sont pas secondaires. Ils touchent au cœur de notre vie démocratique. Tout est-il possible, de la part d’une équipe de reporteurs, sans doute fort mal payés et travaillant dans des conditions précaires, pour faire du buzz et vendre des images ? La précarité ne produit pas toujours de la révolte, mais, on l’a souvent vu par le passé, peut fabriquer de zélés exploités prêts à tout pour se faire remarquer par leurs patrons qui veulent de « l’incident » et du « scandale » à l’antenne pour faire monter l’audience. La question est donc : peut-on faire un spectacle commercial de tout, même avec la politique ? Ou, prise sur une autre angle, la question est aussi : la politique doit-elle être transformée en un théâtre grotesque où le seul but du reporter est de rechercher le détail insignifiant et d’attirer l’œil du spectateur en valorisant de faux incidents… Ce serait peut-être acceptable si le but avoué était l’humour. Mais dans le cas présent, le reportage se veut très sérieux. Il y a donc un problème.
Soyons clair. Je ne découvre rien et ne crie pas au complot. Sans doute Jean-Luc n’est pas le premier ni le seul à subir ce genre de coup bas. C’est un style général de l’émission. Pour autant, faudrait-il accepter de recevoir un seau d’excréments en plein visage devant des millions de gens, se taire et même se marrer de façon complice, de crainte que l’on vous montre du doigt comme le râleur, le type toujours en colère, le parano permanent, ou pire « celui qui veut une télé à ses ordres » bref un apprenti dictateur ? Donc, le piège est là. L’image est reine, chacun est sommé de l’accepter, car si tu réagis tu dégustes à nouveau. En réalité, celui qui menace vraiment n’est donc pas toujours celui qu’on croit.
Mais, dans le cas présent de l’émission de Dimanche + du 25 septembre, dans la mesure où je connais un peu le sujet, que j’étais présent lors de certains épisodes, trop de choses me sautent aux yeux pour que je me taise. A la moitié de l’émission, le téléspectateur a droit à un reportage de six minutes consacré à Jean-Luc Mélenchon. Nous sommes une semaine après la Fête de l’Humanité, le plus énorme succès populaire de la gauche française, toutes catégories confondues. Durant ces trois jours, l’osmose entre le candidat du Front de Gauche et tous les militants et gens présents fut totale. Tous les observateurs et les journalistes sur place peuvent en témoigner. Beaucoup m’en ont d’ailleurs fait la remarque. Ils en ont été positivement impressionnés. Alors que quelques mois auparavant un vote interne au PCF avait mis en concurrence plusieurs candidats avec Jean-Luc Mélenchon, dont notamment André Chassaigne, on pouvait s’attendre à ce que quelques soutiens déçus des deux autres candidats soient assez froids avec le candidat commun. Et bien non. Ce ne fut pas le cas. André est à présent un des soutiens les plus actifs de Jean-Luc. Ceux qui misaient sur autre chose avaient oublié le sérieux de tous les communistes, leur haute valeur humaine et militante. Maintenant qu’il est désigné candidat par un vote démocratique, il est devenu le candidat de tous. Et l’accueil des militants du PCF qui constituent la part majeure de l’organisation de cette Fête fut pendant trois jours toujours positif. J’ai personnellement pu le constater chaque fois que j’ai accompagné Jean-Luc.
Ce n’est pourtant pas cet angle de vue que l’équipe de Dimanche + a choisi pour construire son affaire. Durant six minutes, ce reportage partisan cherche à expliquer qu’il existe un mécontentement, une rancœur, un doute parmi les communistes et même au-delà. Manque de bol pour les reporteurs de Canal +, aucun évènement réel dans les travées de la Fête n’a illustré ce parti pris. Qu’importe à leurs yeux. Ils ont donc fait le choix d’en inventer à partir de rien, ou presque. Le reportage montre Jean-Luc en train de serrer des dizaines de mains puis de discuter fraternellement avec des militants socialistes venus à la Fête de l’Humanité. Commentaire du reportage : « si Jean-Luc Mélenchon a un bon contact avec des militants socialistes, avec les militants communistes, c’est une autre histoire ». Ah bon ? Pour étayer cette thèse curieuse et inattendue, on voit une militante communiste qui rappelle amicalement dans un rire partagé avec Jean-Luc que ce dernier a le soutien des communistes et qu’il ne doit pas l’oublier, ce qui est une vérité implacable. On ne comprend pas bien en quoi cela illustre la prétendue « autre histoire » annoncée par la voix off. Pire, on annonce ensuite quelque chose de « plus frontal » avec les communistes. De quoi s’agit-il ? Lorsque Martine Aubry est accueillie sur le stand du Front de Gauche, elle arrive au milieu d’une cohue inouïe de caméras et de journalistes qui bouscule totalement tous les plans d’organisation prévus. En conséquence, cette dernière après avoir salué Jean-Luc ne souhaite plus s’exprimer. On voit un homme inconnu qui se glisse derrière Jean-Luc, surgit et le prend à partie en lui reprochant que Martine Aubry n’ait pas voulu un débat. Commentaire de la voix off : « un militant communiste le somme de s’expliquer sur la présence de Martine Aubry ». Tout cela est absurde. En quoi, le silence d’Aubry est la responsabilité de Jean-Luc ? Pourquoi cet individu ne va pas s’en étonner auprès de Martine Aubry elle même, mais agresse verbalement Jean-Luc ? Mystère. Plus étonnant, que fait-il à cet endroit là si particulier ? Il apparaît subitement sur l’estrade au milieu des différents dirigeants nationaux du Front de Gauche qui s’apprêtent à répondre à la presse, alors qu’il n’a rien à y faire. Poliment, alors que des journalistes attendent que Jean-Luc réponde à leurs questions, ce dernier demande à cet homme qui lui est inconnu, et qui se prétend communiste, de descendre de l’estrade tel que doivent le faire tous ceux qui ne doivent pas s’y trouver. Cette estrade est nécessaire pour que la presse puisse travailler dans de bonnes conditions et « faire des images ». Ce n’est pas un lieu public où chacun peut venir interpeller et bousculer les différentes personnes qui doivent s’y trouver officiellement. Si l’homme est un militant, il doit comprendre cette règle élémentaire de discipline. Mais, le bonhomme se rebelle et fait aussitôt un scandale public.
Avec gourmandise, c’est cela qui est montré avec force détail dans le reportage. Cet incident est censé démontrer, telle que la voix off l’annonçait préalablement, qu’« avec les communistes, c’est autre chose ». Cet inconnu incarne à lui seul la supposée « résistance » des communistes contre Jean-Luc Mélenchon, montré comme complice de relations troubles et annonciatrices d’accords futurs, bien sûr honteux et inavoués, avec des responsables socialistes. Cette fable est proprement absurde. Un tel commentaire ne peut qu’être le fruit que d’une ignorance élevée. Chaque année, depuis des décennies, lors de chaque Fête de l’Humanité, tous les principaux responsables socialistes s’y rendent, car ils sont systématiquement invités par le Secrétaire national du PCF. Ce fut encore le cas cette année, puisque Pierre Laurent est venu personnellement accueillir Martine Aubry.
Alors en quoi ce comportement grossier et agressif de la part d’un inconnu en direction de Jean-Luc est-il une information digne d’intérêt pour une chaîne nationale qui se veut sérieuse ? Il ne s’agit là que d’une anecdote insignifiante du quotidien de la vie militante d’une Fête où plusieurs centaines de milliers de personnes sont venues. Ce type est un butor agressif posant des questions curieuses (par exemple, il dit à propos d’Aubry « on ne sait pas ce qu’elle est venue faire à la Fête de l’Humanité », mais comme je l’ai indiqué plus haut, c’est pourtant d’une grande banalité) et je suis étonné de constater combien Jean-Luc reste calme dans une telle situation. Qui dit que cet homme n’était pas là pour le bousculer ? Si incident il y a, c’est plutôt Jean-Luc la victime et non l’inverse. Mais, ce n’est pas ainsi que les choses sont présentées. C’est un choix qui n’a rien d’innocent. Le reste du reportage est du même tonneau. Tout est fait pour démontrer que Mélenchon est un homme qui suscite des interrogations même parmi ses proches. Qu’importe ce qu’il dit lui-même. Pour Dimanche +, le procès d’intention sert manifestement de méthode de recherche. Pour convaincre encore le téléspectateur, qu’il y a sans doute anguille sous roche, on va chercher pour conclure l’expertise conjointe de Malek Boutih et Delphine Batho sur le parvis de Solférino, qui ne disposent d’aucune information particulière, n’ont rien à dire de précis, si ce n’est qu’il ne seraient pas choqués de voir Mélenchon ministre. Quel scoop de leur part !
Mais, le plus sidérant est à venir. Aussitôt le reportage diffusé, une dépêche AFP est publiée. Elle raconte par le menu le prétendu incident. Son titre : « Quand Jean-Luc Mélenchon somme un militant communiste de dégager ! ». Emboîtant le pas, Jean-Michel Aphatie twitte la dépêche AFP, cherchant à lâcher la meute de tous ceux qui portent Jean-Luc dans leur coeur, mais cela ne marchera pas. Ce n’est pas faute d’insister et la dépêche AFP sera même actualisée quatre fois dans la journée et chaque fois publiée à nouveau. Quatre fois ! C’est exceptionnel. Généralement, un tel traitement est digne d’une catastrophe nationale où les dépêches sont réactualisées pour faire connaître le nombre de victimes.
Voilà donc à quel niveau d’attaque certains sont tombés. Qui est ce militant communiste qui a droit a tant d’attention de la part de Canal + et de l’AFP ? Je l’ignore. Il est un inconnu pour toute la direction du PCF. Personne ne l’a jamais vu. En regardant les images avec quelques amis, j’ai observé qu’il porte à la boutonnière de son blouson un badge rond en vente au stand du groupe La Riposte. Cette petite organisation est un regroupement d’une poignée de militants autour d’un petit journal nommé La Riposte très opposé publiquement au Front de Gauche et à Jean-Luc Mélenchon en particulier. Ce groupe publie d’ailleurs sur leur site ces derniers jours, une sévère « Critique du programme partagé du Front de Gauche ». Il lui reproche notamment, de ne pas être assez anticapitaliste, ou, regrettant comme le propose notre programme, que « si la France sortait de l’OTAN, cela ne suffirait pas » puisque notre pays continuerait à mener sa politique impérialiste. CQFD. Il regrette aussi que nous ne dénoncions pas « la charte hypocrite de l’ONU ». Etc. Pour eux, la candidature Mélenchon est une erreur car « elle relègue le PCF à l’arrière plan de la campagne électorale ». Je laisse le lecteur découvrir leur prose si il le désire. Mais, tout n’est pas sombre pour La Riposte. Ils sont heureux, car lors de la Fête de l’humanité, ils affirment avoir vendu en trois jours 257 exemplaires (!) de leur journal. C’est dire leur audience de masse. Cela peut changer toutefois. Grâce à Dimanche +, leurs ventes vont peut-être encore augmenter. Existerait-il une alliance entre les reporters de Mme Anne-Sophie Lapix et le groupe La Riposte ? Qui sait ? Politiquement, c’est une évidence. Voilà un scoop. Que fait l’AFP ? Vite une dépêche…
Plus sérieusement, je précise enfin, que la responsable de ce beau reportage si pertinent, en lien avec l’équipe de communication de notre campagne, a eu droit a un entretien, seule avec son équipe, de plus de 15 minutes avec Jean-Luc Mélenchon durant la Fête. Durant cet entretien, ce dernier lui a expliqué dans le détail ce que nous entendions par notre « offre publique de débat faite à toute la gauche » lancée lors du meeting de Grenoble à la fin de notre Remue-Méninges, que la journaliste de son propre aveu n’avait pas bien compris. C’était d’ailleurs cela qui était officiellement le sujet de son reportage. C’est ainsi qu’elle l’a présenté à notre équipe de communication. A l’arrivée, il ne restera plus rien pour le téléspectateur de cette explication, pourtant voulue avec insistance.
Le journalisme est un métier exigeant et ingrat. La grande majorité de ceux que je connais sont des femmes et des hommes de valeur, passionnés par la chose publique. J’ai pour eux le plus grand respect. Il ne peut exister de société démocratique sans liberté de la presse, sans liberté de critique et d’investigation. Les scandales révélés récemment sur les relations avec de l’argent sale de l’entourage de Nicolas Sarkozy n’auraient pu exister sans cela.
Mais, faire progresser l’esprit critique de nos concitoyens sur ce qu’on leur montre à voir dans des émissions à prétention politique est aussi une tâche indispensable pour rendre réelle la liberté de conscience. Entre reportage racoleur et journalisme, il y a une distance, s’en prendre à l’un n’est pas critiquer l’autre. Qui peut le nier ? Un travail d’éducation populaire sur une critique lucide et argumentée de certains médias doit être au cœur de la campagne qui commence…
En plus de la démocratie, le métier de journaliste a aussi tout à y gagner. »
Extrait du billet de Jean-Luc Mélenchon publié sur son blog le 28 septembre :
« Un mot, contraint et forcé par la campagne de harcèlement dont je fais l’objet à propos d’un micro incident à la Fête de l’Humanité. Comme d’habitude en de telle circonstance, un habile montage bien rabâché me contraint à des heures perdues à expliquer et démentir auprès de l’habituel lot de crédules ou d’inquiets qui viennent se faire rassurer en aggravant la propagation des fausses nouvelles. Sans oublier ceux qui protestent parce que je perds mon temps à répondre à ce qu’ils considèrent comme des vétilles. Gâchis de temps et d’énergie car encore une fois il s’agit juste d’une mise en scène, rien de plus. Je fais descendre de la tribune où elle n’avait rien à faire une personne qui y était montée en dépit des consignes et dans l’incroyable tension qui régnait sur place à l’occasion de la visite de Martine Aubry sur le stand du Front de Gauche. J’observe avec effarement le mécanisme de cette nouvelle production de « l’information-spectacle ». D’abord un court extrait de quelques secondes, hors contexte, tiré de mes trois jours de présence à la Fête de l’Huma. Il est présenté huit jours après les faits, sans possibilité de répondre, par des gens qui n’en ont pas parlé autrement que pour s’en moquer. Puis, la question étant sans doute d’importance décisive, l’AFP en fait une dépêche. Ce n’est déjà pas banal. Le journaliste qui se trouve là, n’a sans doute rien à faire et il prend donc le temps de décrypter tous les échanges de la scène. A moins qu’on lui ait procuré le texte avant, ce que je lui souhaite car le son n’était pas très bon. Ce qui est encore moins banal c’est que cinq « mises à jour » seront diffusées dans l’après-midi ! Cela veut dire que cette information a été rediffusée à cinq reprises à tous les abonnés de l’agence. Cela s’appelle « faire monter la mayonnaise ». Aussitôt des sites internet embrayent. Pas tant que ça, quand même ! Et le lundi certains organes de presse papier reprennent. Pas tous, loin de là, car il existe des journaux, dans le pays, qui n’avalent pas tout rond les potages qu’on leur sert à la chaîne. Une mention spéciale pour le journal « Le Progrès » dont j’ai été l’humble pigiste il y a bien des années. Il affirme que j’ai expulsé « manu militari » l’impétrant. D’une main militaire ! Rien que ça ! Puis arrive l’inépuisable Jean-Michel Aphatie dans le wagon de tête des lyncheurs. A croire que cette histoire est taillée sur mesure pour lui. En effet pour une raison très ancienne, cet homme n’en finit plus de régler un compte avec moi. Déjà deux papiers sur son blog consacré à un but de pur dénigrement personnel. Voici sa thèse : certains pourraient croire que ma violence verbale était réservée aux journalistes, mais non elle l’est à l’égard de tout le monde. Je suis donc un violent. Dans une campagne électorale, et je suis en campagne depuis trois ans, c’est un parti pris militant contre moi. Est-ce une relation normale entre un journaliste et un homme politique que cet acharnement personnel ? Je ne le crois pas. Mais il se donne l’apparence d’un point de vue personnel sans implication politique. Je préfère répondre par l’humour. Je lui propose d’autres sujets de « reportages » qui feront la démonstration de mon incroyable violence verbale : quand je plante un clou et que je me tape sur le doigt, quand mon ordinateur me plante un texte mijoté pendant des heures. Ah oui, il y a aussi le moment où ma stupide machine à café me sert un breuvage tellement brûlant que la tasse me tombe des mains. Et quand la lumière de la cave s’éteint alors que je suis en train de ranger d’ineptes cartons mous et mal scotchés. Et ainsi de suite. Avec moi, Aphatie n’a pas fini de faire des « mises à jour » de sa brillante démonstration. En effet, je suis un être humain.
Au cas de ce jour-là, voici la situation. Martine Aubry est en train de sortir du stand du Front de Gauche. Dehors des gens crient contre elle. Nous sommes tous très mal à l’aise car notre intention politique en l’invitant n’était pas qu’elle soit mal traitée. Certains d’entre nous sont sous le choc. Car auparavant la bousculade des photographes et des caméramen avait atteint des sommets. Pour ma part aussi je n’avais jamais vécu ça. Des gens se piétinent et avancent en masse confuse de coups de coude et de caméras. Le service d’ordre, militant et bénévole, qui assure ma sûreté est enfoncé, la tribune est envahie par les professionnels, des gens se frappent et se bousculent, quantités de perches nous sont placées sous le nez. Impossible de parler tellement dans les cris et les vociférations. Tout cela, les médiacrâtes bronzés et parfumés, qui ne gagnent pas leur pain dans cette bousculade et qui n’ont pas été sur le moindre terrain depuis des années ne s’y intéressent pas. Comment a-t-on pu en arriver là ? Ces malheureux gagnent leur vie de cette façon ! Là, leur façon de suivre l’événement rend l’événement impossible ! Ce paradoxe me semble spectaculaire.
Voyons aussi du côté des personnages que vise cette activité. Nous. Martine Aubry est très affectée, François Lamy saute après les perches à micros comme après des mouches. Martine, elle-même, arrache un bonnet de micro. La ligne de camarades qui se trouve derrière moi recule vers le mur et tâche de faire bonne figure. Tout ce que nous avions prévu de faire tombe à l’eau. Impossible de contenir la situation. On décide d’en rester là. Martine repart. Nous avons la rage de voir ce gâchis humain et politique. Nous sommes restés de sang-froid pendant toute la scène. Survient dans mon dos quelqu’un qui veut prendre la parole. Qui est-ce ? Pas de badge, pas d’insigne que je discerne. Ami ou ennemi ? Je ne comprends pas ce qu’il dit. Va-t-il prendre la parole ? Pour dire quoi ? Compte-t-il s’en prendre à moi ? Dire du mal de la visite de Martine Aubry ? Je ne sais pas. Le service d’ordre hésite. J’assume ma responsabilité. Je donne une consigne.
J’ai bien dit une consigne. Un militant politique peut le comprendre dans ce contexte si tendu, c’est pourquoi j’ai évoqué cette qualité à ce moment à la personne qui se trouvait là. Je ne veux pas d’une prise de parole sauvage qui sera ensuite le plat qu’est venu chercher, à la commande, la caméra qui va filmer cette scène. Voilà. Ceux qui préféreraient que j’aie parlé autrement ne tiennent pas compte de l’ambiance qui régnait ni de la nécessité qu’une volonté impérieuse s’affirme pour que la situation soit de nouveau maîtrisée. Je suis naturellement désolé du style pour la personne concernée. Ceux qui ont dominé une telle situation sans hausser le ton ont toute mon admiration. Que quelques bonnes âmes n’aiment pas ce style montre à quel point ils n’ont plus aucun contact avec la réalité. L’appel à la discipline militante fait jaser. Le mot fait peur ? Pourquoi ? Ma propre vie est faite d’une discipline constante. Permanente. Du matin au soir. Notamment pendant cette Fête de l’Humanité. Mon emploi du temps, mes discours, mes textes, mes allées et venues, tout est décidé collectivement, planifié et soumis à cette discipline, heure par heure. J’y obéis de mon plein gré parce que je suis un militant et un responsable politique qui ne veut pas gâcher la peine que se donnent les dizaines de personnes que l’action engage. Deux provocateurs armés d’une caméra et un chroniqueur mal dans sa peau n’y changeront rien.
La suite m’est connue. D’un passage en boucle à l’autre la scène est raccourcie, de plus en plus hors contexte. Et puis un jour, comme avec le sketch du « petit journaliste », longtemps après, on découvre que quelqu’un avait filmé davantage, sous un autre angle et plus longuement. Et alors la manipulation éclate au grand jour. Mais c’est trop tard. Le mal est fait. Dans mon cas il s’agit d’un véritable harcèlement. Certains s’y livrent faute de sujet du jour, d’aucuns parce que cela les amuse, d’autres enfin parce qu’ils ont des comptes à régler, personnels ou politiques. Dans tous les cas ceux qui me demandent des marques de respect pour les autres ne m’en accordent guère ni comme personne ni comme homme politique.
Ici l’hypocrisie du beau monde est extrême. Toutes les trois semaines, entre deux billets insultants sur son blog, Jean-Michel Aphatie, tout miel tout sucre et dans un tutoiement de connivence appelle mon secrétariat pour me proposer de venir à son émission du matin. Il me fait aussi passer des messages par des connaissances communes. Il suggère dans son blog que je le boycotte. Mon emploi du temps n’a pas rendu possible pour moi de répondre à ce qui s’apparente davantage à une convocation qu’à une invitation. Ses harcèlements actuels participent d’une vindicte obsessionnelle qui ne me flatte d’aucune façon et même paraît très inquiétante. Jean-Michel Aphatie, changez de disque, allez détester ailleurs ! »
Formidable
Le gentil Mélenchon victime … de quoi… de qui… au fait ? Victime de son caractère ? bah non ! un infâme provocateur lui a posé une question abracadabrantesque : « Je voudrais savoir s’il y a un débat ou si c’est juste pour la télé? Il y avait Martine, elle ne s’est pas exprimée et on ne sait pas ce qu’elle est venue faire à la Fête de l’Humanité. » Une provocation que l’on n’ose qualifier. Mélenchon avec le sang-froid légendaire qui le caractérise, lui intime de dégager (« Bon, redescends , s’il te plaît. Dehors! »), mais le provocateur rétorque : « Non, pourquoi je redescendrais ‘ » . Mélenchon aura alors cette réplique sublime : « Si tu es un militant, tu es discipliné! »
Avez-vous lu l’article ? Je sais, il est long, mais tout de même ! Savez-vous que ce militant est monté, comme par hasard, sur l’estrade destinée à la conférence de presse, passant la sécurité, pour, comme par hasard, interpeller Mélenchon devant les caméras et les micros, et lui poser, comme par hasard, une question provocante ? Si vraiment ce monsieur souhaitait poser cette question à Mélenchon (qui est par ailleurs une question très étrange venant d’un militant du FG, qui devrait normalement savoir que Mélenchon demande depuis des mois un débat à gauche, et qu’il l’a redit haut et fort lors du Remue-Méninges), pourquoi n’a-t-il pas attendu, comme tous les autres militants et sympathisants, qu’il ne soit pas occupé, qui plus est par une conférence de presse, sur une estrade ? Ça sent le coup monté de communistes identitaires, mais ce n’est que mon avis.
Salut l’ami 🙂 Je t’avais créé un compte twitter, pour que quelqu’un d’autre ne le squatte. Peux-tu me contacter pour que je puisse te donner les clés du compte? Le compte twitter est @opiam2012 .
Bientôt le lancement d’un site de GAUCHE, je vais avoir besoin de toi et de ta participation 🙂 Je t’en avais parlé sur youtube (avec le pseudo Arpeggione2), le projet est presque prêt 😉