Dans deux articles du 5 mai, le journaliste Matthieu Écoiffier a dénoncé « la stratégie usée de la victimisation médiatique »¹ de J.-L. Mélenchon et le renfilage de « son vieil habit de victime médiatique »². En conclusion du premier, le journaliste écrit que l’attitude de Mélenchon à l’égard du Libération est « inacceptable » :
« Que ce dernier [Mélenchon] demande à ses militants de nous surveiller
ou d’entraver notre traitement est inacceptable. »
Matthieu Écoiffier ne tolère pas que J.-L. Mélenchon critique les méthodes de son journal. Lilian Alemagna et Stéphane Bouchet-Petersen (voir Twitter) non plus. Ils ont raison : la moindre taquinerie assimilant Mélenchon à un purificateur ethnique, à Hitler, à Le Pen, à un antisémite, à l’ultra-violence, à Staline, aux pires crimes, et le voici qui s’indigne. Que cette plaisanterie soit faite par Libération ou par le Front National dans un faux tract (le grimant en Hitler devant Auschwitz…), tout est bon pour se plaindre. Comme le dit si bien Marine Le Pen : ce Mélenchon, quelle « chochotte »³ !
Chaque fois que Libération assimile Mélenchon à Hitler, Le Pen, Dieudonné, etc., ce n’est pas de la diffamation, ce n’est pas malhonnête ; non, ces attaques sont acceptables. Pourquoi Mélenchon proteste-t-il alors ?
L’assimilation à Le Pen : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable que l’assimilation permanente de Mélenchon à Le Pen ? Par exemple le 17 avril 2014 dans « L’Europarlement encadre le travail low-cost », de la journaliste Nathalie Dubois et dans « Qui va défendre l’Europe ? », d’Alain Duhamel ? Ou encore dans ces trois articles des 14 et 16 janvier 2012 : « C’est le sarkozysme qui est dégradé », « Intrusion », et « Après la perte du AAA Les gagnants de la mauvaise note » (pour les détails, voir « Mélenchon = Le Pen » dans la presse en janvier 2012 », OPIAM) ? Ou encore dans l’article « Une crise de société dans une République imparfaite » (11.04.2013) ?
L’assimilation à Hitler : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable que cet article d’Alain Duhamel du 10 mai 2013, intitulé « La résistible ascension de Jean-Luc Mélenchon » ? Ce titre fait référence à la pièce de théâtre de Brecht La résistible ascension d’Arturo Ui, écrite en 1941. Chaque personnage de la pièce évoque ou représente une personne réelle, et Arturo Ui est le substitut d’Hitler. « Résistible » signifie que l’ascension d’Hitler au pouvoir était résistible, c’est-à-dire : aurait pu être évitée. Il s’agit donc – le contenu de l’article, analysé dans « Mélenchon = Hitler » dans Libération (10/05/13), OPIAM, 16/05/13) » le confirme – d’un acceptable appel à empêcher l’ascension d’un nouveau Hitler : Mélenchon.
L’allusion visuelle à Hitler : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable que le très innocent, neutre et objectif procédé de la juxtaposition de photographies ? Comparons par exemple les illustrations de cinq articles de Libération parus le 20 avril 2012 à (soit moins de deux heures avant la fin de la campagne des élections présidentielles), le 6 février 2012, le 26 février 2012, le 11 mai 2012 et le 25 mai 2012, avec les célèbres clichés d’Hitler par Heinrich Hoffmann :
Ci-dessus, l’illustration de deux articles de Lilian Alemagna, parus dans Libération le 6 février (« Il faut frapper, frapper, frapper ») et le 25 mai 2012 (« Mélenchon, le rouge qui clashe« ). Libération a utilisé cette illustration aussi le 26 février 2012 dans « Mélenchon meilleur défenseur des ouvriers… devant Hollande » et le 11 mai 2012 dans « Mélenchon en route pour Hénin-Beaumont« .
Comparons les trois photos juxtaposées de Mélenchon avec les célèbres clichés juxtaposés d’Hitler. Comme l’explique l’historien André Gunthert dans son analyse iconographique « Mélenchon malpoli, Mélenchon nazi« , « la diabolisation par l’image fonctionne à la manière de l’allusion : comparaison elliptique suggérant un rapprochement avec les clichés des totalitarismes, elle omet le comparant, qui reste implicite et doit être restitué par le destinataire. […] L’attaque iconographique […] construit sur le mode de la médisance un document accusatoire qui s’appuie sur l’aspect physique et sur des jeux associatifs plus ou moins avoués. »
L’assimilation à Dieudonné : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable – et drôle – que cette chronique du 7 décembre 2013, titrée « Mélenchon… La grande illusion !« , dans laquelle l’humoriste Stéphane Guillon assimile J.-L. Mélenchon à l’antisémite Dieudonné ?
L’assimilation aux fascistes : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable que « Bonnet brun, bonnet rouge et blanc bonnet« , article de Jean Viard (08.11.2013) assimilant Mélenchon à Le Pen et aux fascistes des années 30 ?
L’assimilation aux « pires crimes » : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable que cet l’article de Marcela Iacub titré « Un normal pour un bien » (11.05.2013) où Mélenchon est accusé d’être « hanté » par « les pires crimes » ?
L’assimilation à un purificateur ethnique : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable que d’assimiler Mélenchon à un purificateur ethnique, par l’astuce du jeu de mots « Affaire Cahuzac : Mélenchon pour la « purification » éthique » (mot que Mélenchon n’a jamais prononcé, mais qui est pourtant entre guillemets – voici son propos : « Je veux faire la proposition que l’on manifeste […] pour que le peuple s’empare, par une Constituante, du grand coup de balai qu’il faut donner pour purifier cette atmosphère politique absolument insupportable. ») ?
Détourner les propos d’un soi-disant « ancien proche » : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable que d’avoir présenté le chercheur Christian Salmon comme un « ancien proche » de Mélenchon et d’avoir détourné ses propos, dans le but de le faire passer pour le contraire de ce qu’il est : favorable à Mélenchon, et ayant appelé à manifester avec lui pour la VIe République le 5 mai 2013 – ce à quoi Christian Salmon a répliqué dans « Abus de « Libération »… » le 7 avril 2013 ?
L’assimilation à l’ultra-violence : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable – et drôle – que d’associer Mélenchon à une histoire de violence extrême dans la rubrique cinéma de Libération (voir « beurre un autre jour », 29.11.2013) ?
La diabolisation visuelle et verbale : une méthode acceptable
Quoi de plus acceptable que cette Une de Libération titrée « Mélenchon, l’escalade » où l’on voit Mélenchon seul sur une tribune, assis dans l’ombre, sur fond rouge, coupé de l’assemblée et des autres orateurs ? Une pratique que goûtent un grand nombre de journalistes (à droite, un dossier du Nouvel Observateur) :
Quoi de plus acceptable aussi que cette illustration de Libération à l’intérieur de l’édition où Mélenchon fait de l’escalade ?
Écrire que l’administrateur de l’OPIAM « mérite un bourre-pif » : une méthode acceptable
Quand un citoyen a critiqué les menaces de plainte du journaliste de Libération Jean Quatremer contre l’OPIAM, le journaliste a répondu, le 9 avril 2013 sur Facebook que l’administrateur du blog « mérite un bourre-pif ».
Menacer une étudiante en journalisme de la « traquer jusqu’au fond des chiottes » : une méthode acceptable
Jean Quatremer, journaliste à Libération, écrivait sur Facebook le 24 avril 2013 à une étudiante en journalisme « Je vais vous traquer jusqu’au fond des chiottes ». Celle-ci avait osé critiquer l’attitude de ce journaliste vis-à-vis de plusieurs blogueurs (menaces de plainte – l’un d’eux a reçu un procès-verbal). Elle lui avait écrit aussi à propos de ses injures contre le journaliste Michel Soudais (Politis) et Henri Maler (Acrimed).
Un journaliste de Libération menace de saisir les avocats de son journal contre l’OPIAM pour un conflit privé : une méthode acceptable (dont Libération n’a pas fait une information)
Quoi de plus acceptable que ce commentaire de J. Quatremer au billet de l’OPIAM « Le journaliste J. Quatremer traite J.-L. Mélenchon d’antisémite » ?
« Bref, votre papier amendé reste toujours de la diffamation. Je vais saisir les avocats du journal afin que vous compreniez qu’on est responsable de ses publications. »
Il sera toujours inacceptable pour un journaleux d’être mis en face de son incompétence et de sa servilité. Mélenchon est pour lui un miroir cruel qui ne lui épargne rien.
Si on dit que Libération est bon à emballer du poisson, oh que c’est mal, que c’est affreux, que c’est abominable !
Mais si Libération écrit que ses lecteurs sont des salauds, xénophobes, racistes et que sais-je encore, là, ça va. Je n’ai plus jamais acheté un seul exemplaire de Libé depuis l’éditorial de July le lendemain du référendum sur le TCE.
Et ce n’est pas ce qu’écrit Libération ces derniers temps, au sujet de Mélenchon comme au sujet de tous ceux qui refusent le libéralisme, qui va me faire changer d’avis.
Jamais avec mes sous !
Même compliment que pour le Monde.C’est un vrai plaisir de voir ces deux journaux faire
naufrage.C’est nous qui faisons la paye de ces journaleux minables en faisant de la mauvaise dette…
Leurs pseudos rapprochements tenant lieu d’analyse, les journalistes ne font que relayer des propos entendus ça et là , en particulier dans des cercles du PS et de l’UMP. A force de recopier les dépêches, ils en viennent à copier également leurs petits cercles naturels de la pensée toute prête.
Que ce journalisme exsiste encore ? = Celà démontrerait la malfaisance de celles et ceux qui les financent encore = C’est plus que du délire = C’est de la malfaisance à l’état pur !
A R
Ne confondons pas les journalistes de base, les prolétaires de la pige, et l’oligarchie journalistique et politique de ce qui étaient autrefois de bons journaux, qui sont aujourd’hui devenus de pitoyables torchons de caniveau politique courant à la dérive et au déclin… Et qui ne récoltent aujourd’hui, comme journal, que la moisson lamentable qu’ils méritent…!
Ces gens qui le dénigrent ont-ils écouté les grands discours de M. Mélenchon ? J’en doute, car ils y auraient entendu la voix d’un homme intègre et de bon sens, plein d’humanisme et de poésie parfois, et qui nous veut efficaces socialement. Ce qui les empêche d’entendre, c’est bien sûr la peur qu’ils ont de perdre tout ce petit luxe qu’ils ont amassé par leurs bassesses. Alors, bassesses pour bassesses, ils s’enfoncent dans la calomnie et le déni commandité. Que font-ils, par contre, pour dénoncer les paradis fiscaux ? N’est-elle pas des milliards de fois plus gigantesque, cette fraude qui perdure toujours, que les colères de M. Mélenchon ?
Ce qui est quand même rassurant est de savoir que Libé est en train de crever faute de lectorat !