Un titre neutre et objectif du journaliste Thibaut Pézerat

     Le 18 juin, le journaliste éthique et responsable Thibaut Pézerat publiait sur le site Internet d’Europe1 un article titré en énorme « Jean-Luc Mélenchon refuse la présence d’un journaliste de L’Express et fait annuler un déjeuner informel ». Pourtant, dès le premier paragraphe, le journaliste explique que ce n’est pas J.-L.. Mélenchon qui a « fait annuler » le « déjeuner informel avec des journalistes prévu le 14 juin dernier ». Il rapporte que J.-L. Mélenchon ne voulait pas de la présence de l’un d’entre eux, Benjamin Sportouch de L’Express. Puis il précise : « les autres journalistes invités ont, du coup, « par solidarité », annulé leur déjeuner avec le co-président du Parti de gauche ».

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Le journaliste Thibaut Pézerat tente donc de manipuler grammaticalement ses lecteurs en faisant croire que J.-L. Mélenchon a « fait annuler un déjeuner », ce qui laisse entendre que telle aurait été son intention, ou qu’il serait seul responsable de cette annulation. Or J.-L. Mélenchon était tout-à-fait disposé à déjeuner avec tous ces journalistes, sauf un : celui de L’Express, pour la raison que ce journal l’injurie et l’assimile à Hitler et Le Pen en permanence, et fait la promotion des idées du FN.

Beaucoup de citoyens ne lisent que les titres. À la lecture de celui-ci, dans le cerveau des plus manipulables s’allume inévitablement le néon « Mélenchon-méchant-avec-les-journalistes », « Mélenchon-anti-presse-donc-antidémocrate », etc. Il s’agit là encore de la technique efficace de diabolisation visuelle par la titraille, comme on en a vu de nombreux exemples récemment dans la série « Diabolisation visuelle de Mélenchon dans les médias« .

Quand verra-t-on dans L’Express et Europe1 un résumé – même très court – de la pensée de J.-L. Mélenchon et de la gauche sur la responsabilité et le rôle de la presse en démocratie ? Si l’on traduit en français la phrase « les autres journalistes invités ont, du coup, « par solidarité« , annulé leur déjeuner avec le co-président du Parti de gauche », cela donne :

« Les autres journalistes invités ont, du coup, « par corporatisme« , annulé leur déjeuner avec le co-président du Parti de gauche. »

En effet, aucun d’entre eux ne veut entendre les arguments de J.-L. Mélenchon, ni ce qu’il a à dire sur les médias. Il a pourtant dans son programme des dizaines de propositions, qu’il a présentées et détaillées des heures et des heures, depuis des années, au cours d’entretiens, de débats et de conférences. Mais le journaliste corporatiste est incapable d’autocritique ou de remise en cause de sa profession. Il n’est pas permis de critiquer pas un saint, de critiquer Dieu. Avant-hier encore, lors d’un débat chez Mediapart, le profond, profond, profond François de Rugy (coprésident du groupe EELV de l’Assemblée nationale) a dénoncé les critiques de Mélenchon à l’égard des médias :

« Ça me gêne, ça c’est une question qui me gêne, ce qui me gêne c’est que par exemple Mélenchon, ça ça me gêne, il a l’air d’avoir un problème avec les contre-pouvoirs, et notamment la presse. La façon dont il traite les journalistes… moi ça me pose un  problème. »¹

Pas touche pas aux vaches sacrées ! Ces messieurs veulent interdire la critique des médias, et se voudraient experts en démocratie ? Pourtant sans critique des médias il n’y a pas de démocratie possible. Mais cette critique simple et radicale reste inaudible ; le Journalisme a comblé le vide causé par la mort de Dieu, le Journaliste est un nouveau saint.

« le journaliste, maître de l’instant, a pris la place du grand génie, du guide établi pour toujours, de celui qui délivre de l’instant. »² (Nietzsche)
« Là où l’Église a disparu, là où les partis politiques ont été discrédités, là où l’action politique passe pour inefficace, il reste les prescripteurs de morale. Ceux qui disent ce qui est bien et ce qui est mal. Qui n’ont de comptes à rendre à personne, qu’il est impossible d’interpeller – parce que si on les interpelle, aussitôt la corporation se mobilise ; si on dénonce un comportement particulier, c’est une « agression personnelle » ; si on ne critique ni la personne, ni l’acte, mais le média, c’est le média qui réagit en temps que tel, bref : une caste d’intouchables, des vaches sacrées avec qui il est impossible de dialoguer, qui appliquent leurs propres normes, au mépris de ce qu’ils reprochent aux autres. »³ (Mélenchon)

***

1. Émission du 27/06/13 : « En direct de Mediapart : les élus face à la transparence de la vie politique« , Mediapart.

2. Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement, Première conférence, 1872.

3. Voir Jean-Luc Mélenchon invité au Centre de Formation des Journalistes -CFPJ. Sur la cléricature médiatique, voir aussi « Mélenchon et les médias » (1ère partie, à 10 min.)

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Une réponse à Un titre neutre et objectif du journaliste Thibaut Pézerat

  1. chani dit :

    Ca rentre tellement dans la tête des gens que Mélenchon est méchant avec les journalistes que DeRugy s’est permis de faire son kèke jeudi soir lors d’un débat sur @Mediapart !!!

  2. dorzédéjà dit :

    Je suis sûr que quand Mélenchon voyage en classe affaires avec des journalistes, il continue à être méchant avec eux.

  3. Jonathan L. dit :

    Houlà, ça va faire du bruit ça…M.Mélenchon (ou Jean-Luc, il a un prénom tout de même, c’est pas un ouragan ou une masse informe) fait de l’audience, et beaucoup! Donc qu’ils ne viennent pas pas essayer de nous faire croire qu’ils boudent un honneur jamais décelé! Ils ont surement péter un câble quand ils ont compris que leurs dirigeants d’entreprise ne les laisseraient pas faire joujou avec Le Méchant Rouge

  4. Alain Losco dit :

    Et pour qui se prennent ils ces médiacrates ? des intouchables ? ainsi ils ne seraient pas sujets à critiques ? ils sont donc blancs bleus ? qu’ils commencent donc par respecter leur code de déontologie si toutefois ils en ont un, ils veulent être respectés ? qu’ils commencent à respecter les autres.

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