Mélenchon analyse sa diabolisation visuelle dans les médias

Jean-Luc Mélenchon a posté aujourd’hui un commentaire sur le blog L’Atelier des Icônes en réponse à l’excellente analyse d’André Gunthert sur sa diabolisation visuelle dans les médias, reprise ici très récemment. Voici son commentaire :

jean luc Mélenchon le 13 mai 2013 à 16:27

Bonjour,
Je me glisse parmi les commentateurs car ce post m’a été signalé. Je l’ai lu avec intérêt. Je complète la description des faits par un rapprochement iconographique supplémentaire. La série de photos en noir et blanc publiée en une est une re-dite de la série de photos bien connues d’Adolf Hitler devant un miroir pour étudier ses poses. Le choix du noir et blanc est en soi un message, évidemment, et il éclate aux yeux de l’observateur dans la plein page intérieure lorsqu’on me voit à peine distingué d’un fond noir total, les rides creusées, le visage lugubre. L’intention de nuire est parfaitement claire. Je n’ai aucun moyen de m’y opposer ni de la contredire. Je ne peux donc que prendre appui sur son énergie pour la retourner contre ses auteurs. Ma stratégie médiatique consiste à organiser ce retournement. Car si vous voulez bien considérer la situation, aucun argument rationnel n’est proposé contre moi. Ce n’est pas mon programme, mes thèses ou quoi que ce soit de semblable qui sont mis en cause, comme ce serait le cas dans une polémique politique normale. Ce sont mes manières, et parfois mon vocabulaire. Sur ce point il n’y a pas non plus de registre rationnel. Le cas du « balai » me semble significatif. Il s’en est dit dix fois pire dans le passé et dans le présent le plus actuel sans soulever aucune des indignations collectives dont je bénéficie. Pire : « Libération », « le Monde » puis même repris ironiquement par « le Canard Enchainé » m’ont attribué une expression que je n’ai jamais prononcée d’aucune manière, placée de surcroit entre guillemets : « purification éthique » (Libération), « purificateur éthique « Le Monde ». Ces comportements signalent davantage qu’un parti pris purement politique. Je vous laisse établir à quel inconscient de caste, évidemment refoulé, renvoie cette fixation. Pour l’histoire rappelons que « Le Monde » est le successeur du « Temps » journal dont il a longtemps gardé le caractère graphique du titre. Le « Temps » a été saisi à la libération pour avoir collaboré avec l’occupant nazi. « Libération » et un ancien journal Maoïste dont la une a publié un portrait en pleine page de Mao lui-même. Une interminable prise de distance avec un passé honteux explique peut-être l’acharnement contre ma vocation dictatoriale, façon de se battre la coulpe sur la poitrine d’un autre. Ce transfert peu couteux explique peut-être que tous les papiers à mon sujet se positionnent dans un registre qui vise à « révéler la face cachée » supposée de mon personnage produisant ainsi des « dévoilements psychologiques » consternant par leur contenu comme par leur répétition. Ainsi de cette page entière dans « le monde » pour faire de mon opposition à la politique de François Hollande une affaire de conflit de personne. Et encore cette fois ci dans « la revue » sur plusieurs pages. Au final, la dépolitisation de mon personnage remplit la fonction de désarmement intellectuel qui est la mission de ce type de production. On ne jugera pas mon programme mais ma personne. Ça tombe bien car chacun sait qu’il n’y a qu’une politique possible, qu’il n’y a pas d’alternative et que seuls des fous peuvent le nier. Ça tombe bien : Mélenchon est fou, comme le montre indiscutablement les photos. La dépolitisation du personnage va jusqu’au détail : les photos de une de la revue du Monde date d’il y a trois ans. On le vérifie à ce fait que je n’y ai pas la cravate rouge qui affiche mon engagement politique depuis bientôt deux ans…. Vue ainsi l’iconographie des dernières productions est en ligne avec ce « récit » de moi qui veut en rester à ce qui est antérieur au discours politique. Je finis en vous apprenant que tout cela n’est pas du tout original. Dans tous les pays d’Europe et du nouveau monde hispanophone, tous les porte-paroles de notre gauche, sans exception, sont traités de cette même façon, écrite et visuelle, comme nous en avons fait le constat à l’occasion d’une réunion commune. Hommes et femmes. Mais les femmes sont évidemment encore plus grossièrement insultées que les hommes, cela va de soi. Jean Luc Mélenchon
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Une réponse à Mélenchon analyse sa diabolisation visuelle dans les médias

  1. Yep dit :

    du tréfonds de mes petites connaissances, cette analyse me semble juste.
    Certes très orienté vers un certain freudisme, mais un des papas du marketing n’était-il pas double neveu de Freud. J’ai nommé, vous l’avais reconnu, Édward Bernays.
    ou comment manipuler la masse…
    il serait toujours bon et fort d’actualité de rappeler à cette masse comment on la manipule.
    Par exemple, comment profitant du mouvement des suffragettes aux États-Unis, le neveu de Sigmun a fait doubler la vente d’une marque de cigarettes bien connue…

    Depuis ce temps depuis ces théories que Goebbels lui-même à utiliser, ce marketing de propagande fautive et trompeuse a bien sûr fait d’énormes progrès au détriment du progrès de l’être humain.

  2. Euterpe dit :

    Oui, en effet, le principe consiste à dépolitiser les personnages politiques qui dérangent.
    Ce qui est troublant c’est de voir que la presse ne fait pas subir le même sort à Marine Le Pen mais joue sur deux tableaux : vendre Marine Le Pen pour une politicienne respectable et la vendre pour une facho quand il s’agit de diaboliser Mélenchon.
    Elle n’est associée au fascisme qu’en relation avec Mélenchon. Le reste du temps, elle est très bien traitée.
    Pourquoi ? Parce que Hollande n’ayant déjà plus aucune popularité, pour le maintenir au pouvoir, il faut qu’il se retrouve comme Chirac en 2002 en face de Le Pen aux prochaines élections. Pour cela, Marine Le Pen doit à la fois représenter une alternative possible au PS que les Francais.e.s rechercheraient et à la fois un parti fasciste inacceptable.
    Diaboliser Mélenchon qui,lui, ne doit en aucun cas se retrouver au 2e tour, est l’occasion de faire semblant de dénoncer incidemment le fascisme de MLP. Mais la/le seul(e) qui se fait réellement calomnier, c’est Mélenchon.
    MLP n’ai jamais calomniée.

    Conclusion : Goebbels peut aller se coucher, il est dépassé depuis longtemps.

  3. girard dit :

    Mélenchon dérange, sauf 180 000 citoyen(nne)s, lors d’une marche farouchement en faveur de l’humain d’abord et rageusement contre une fallacieuse austérité parfaitement défendue par Hollandréou. La VIème, vite.

    • 180 000 tu es un peu réducteur… Tu oublies ceux qui n’ont pu monter à Paris le 5 mai pour de multiples raisons. Je me plais à penser que nous sommes un peu plus, ne serait-ce que les 4 ou 5 millions de personnes qui ont voté FdG à la présidentielle.

  4. Claude Andrée dit :

    Merci pour le lien que tu m’a adressé sur le site L’Atelier des icônes de André Gunthert.
    Comme tu l’auras compris si tu as lu les commentaires je suis militante au Parti de Gauche à Paris.
    Salutations fraternelles.

  5. Claude Andrée dit :

    Et oui, c’est bien Jean-Luc Mélenchon qui a répondu.
    Je lui est signalé le billet de André Gunthert ce matin sur son blog.
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2013/05/11/apres-que-la-poussiere-soit-retombee/comment-page-3/#comment-200058

  6. dorzédéjà dit :

    Incroyable ! Mélenchon existe, on l’a rencontré ! Nous existons donc aussi !

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