La Révolution traînée dans la boue par des journalistes (3)

Qu’est-ce qui est en jeu, entre le camp qui défend la Révolution française, et celui qui crache dessus en disant qu’elle est un pré-nazisme, qu’elle est un génocide qui a engendré plus tard la Shoah ? Ce qui est en jeu, c’est la banalisation des génocides, la haine des valeurs républicaines, et surtout – puisque ces derniers mettent un signe égal entre communisme, stalinisme et nazisme – « une tentative de modifier radicalement la perspective historique afin de déplacer en bloc l’Allemagne nazie du côté des victimes » (Enzo Traverso).
En effet, la thèse présentée dans le documentaire de France3, par ceux qui parlent de « génocide vendéen » et disent que les armées républicaines « préfiguraient les einzatsgruppen nazis », c’est que finalement ces « comparaisons visent à expliquer tant la guerre nazie qu’Auschwitz comme une guerre et comme un génocide préventifs, découlant d’un régime menacé d’anéantissement [par le stalinisme] » (Enzo Traverso).
Il faut mesurer la gravité de ces propos d’extrême droite banalisés par des journalistes sur une chaîne publique.
Et il faut absolument prendre deux petits quarts d’heure pour lire cet article d’Enzo Traverso afin de comprendre d’où parlent ceux qui traînent 1789 dans la boue et dans quel but ils veulent en faire un génocide : « De l’anticommunisme. L’histoire du XXe siècle relue par Nolte, Furet et Courtois ». Extrait :

« À l’intérieur d’un tel dispositif argumentatif, tout comparatisme prend inévitablement une saveur apologétique. Dans son livre, Nolte fait un usage très large et assez peu rigoureux du concept de génocide. Il reconnaît bien le statut particulier des « génocides de Hitler », ce qui ne l’empêche pas d’utiliser cette catégorie pour l’ensemble des violences de la Seconde Guerre mondiale. Il attribue ainsi une intention « ouvertement génocidaire » à Churchill, en citant certains passages d’une lettre à lord Beaverbrook de juillet 1940, où il est question des moyens à employer dans la guerre contre l’Allemagne nazie ; il définit la déportation des « peuples punis » pratiquée en URSS pendant la guerre comme des « massacres ethniques à titre préventif et répressif » ; il qualifie enfin de « guerre d’extermination quasi exclusive » la guerre menée par les Alliés anglo-américains contre l’Allemagne, tout en caractérisant comme un « assassinat ethnique » l’expulsion des populations allemandes installées à l’est de la ligne Oder-Neisse. Or, le problème posé par ces comparaisons ne tient pas seulement au fait qu’elles tendent à effacer toute distinction entre un génocide — l’extermination planifiée d’un groupe humain — et le déplacement forcé d’une population, aussi autoritaire, totalitaire, inhumain et condamnable soit-il, ou encore entre un génocide et des crimes de guerre (catégorie dans laquelle on pourrait insérer les bombardements de la population civile allemande entre 1942 et 1945) ; le problème tient au fait que, dans le dispositif argumentatif de Nolte, ces comparaisons visent à expliquer tant la guerre nazie que Auschwitz comme une guerre et comme un génocide préventifs, découlant d’un régime menacé d’anéantissement [par le stalinisme]. On se souvient de la critique d’Habermas, qui avait présenté la thèse de Nolte comme « une manière de liquider les dommages » (ein Art Schadenabwicklung), grâce à laquelle l’historien conservateur évacuait tout ce que Auschwitz doit à l’histoire allemande et européenne, pour l’annexer, quoique de façon indirecte, aux crimes du communisme. Saul Friedländer a saisi dans la thèse de Nolte une tentative de modifier radicalement la perspective historique afin de déplacer en bloc l’Allemagne nazie du côté des victimes. »

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Une réponse à La Révolution traînée dans la boue par des journalistes (3)

  1. jeanbete dit :

    Bonjour! Je viens de tomber sur l’image de JLM dans l’édition n°8 RUE89 ,ou l’on voit JLM en couverture de ce magazine comme « meilleur ennemi de Hollande » .Le gros problème ,c’est limage du « flingue » qui se trouve au dessus et de son texte … SCANDALEUX !!!!

  2. ZapPow dit :

    Pas de quoi flipper. Le Canard aurait appelé ça un « apparentement terrible », éventuellement, mais ce n’est même pas sûr, tant il est évident qu’il ne s’agit pas du même sujet, et que l’arme est sans rapport avec Mélenchon.

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